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» si elle prend la quenouille, qu'elle soit esclave » elle-même 1. » La loi des Wisigoths, celle des Bourguignons et celle des Lombards n'ont pas moins de dureté 2.

D'autres coutumes germaines, telles que la loi salique, par exemple, sont moins féroces; mais si elles font grace de la vie, elles condamnent à l'esclavage la personne libre qui s'unit à un esclave. En formariage le pire emporte le bon*; ce vieux proverbe féodal est vrai dès les premiers temps de l'établissement des Barbares.

* Lex Ripuar., tít. 58, § 18.

V. LL. Visig., III, 1, 1, 2, 2, 89. Si mulier ingenua servo suo vel proprio liberto se in adulterio commiscuerit, aut forsitan eum maritum habere voluerit, et ex hoc manifesta probatione convincitur, occidatur. Ita ut adulter et adultera aute judicium publice fustigentur et ignibus concrementur. Cum autem per reatum tam turpis admissi, quicumque judex, in quacumque regni nostri provincia constitutus agnoverit dominam servo suo, sive patronam liberto fuisse conjunctam, eos separare non differat, ita ut bona ejusdem mulieris, aut si sunt de alio viro, idonei filii evidenter obtineant, aut propinquis ejus legali successione proficiant. Quod si usque ad tertium gradum defecerint heredes, tunc omnia fiscus usurpet; ex tali enim consortio filios procreatos constitui non oportet heredes. Illa ergo, seu virgo sive vidua fuerit, pœnam excipiat superius comprehensam. Quod si ad altaria sancta confugerit, donetur a rege, cui jussum fuerit, perenniter servitura. Lex Burg., XXXV, 2, 3.—Rotharis L. 222.

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Lex Sal., tit. 14, 7 et 11. Ivo Carnot., Epist. 221 et 242.
Bignon, sur Marculf, 11, 29. —Grimm, D. R. A., p. 326.

↑ Tritst du meine henne, so wirst du mein hahn, dit l'adage allemand. V. aussi Rotharis L. 223.

Néanmoins telle fut la prépondérance que prirent les vassalités que les fiscalini, les plus infimes de la domesticité royale, eurent dès Charlema-gne le privilége de s'unir à des personnes libres, sans que la condition de ces personnes en souffrit ainsi le voulait l'honneur du roi.

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De liberis hominibus qui uxores fiscalinas regias, et de feminis liberis qui homines similiter fiscalinos regios accipiunt, ut non de hereditate parentum, vel de causa sua quærenda, nec de testimonio pro hac re abjiciantur, sed talis etiam nobis in hac causa honor servetur, qualis et antecessoribus nostris regibus vel imperatoribus servatus esse cognoscitur'.

Cette faveur dont les capitulaires entouraient le mariage des personnes libres et des fiscalins. avait un but tout égoïste, l'augmentation des serfs royaux; car en de telles unions, l'enfant ne' suivait même pas la condition de la mère, comme le décidaient les lois romaines pour le concubinat. A moins de stipulations intervenues, avant le mariage, entre le maître et la personne libre qui s'unissait à l'esclave, l'enfant était de la pire

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Cap., lib. III, c. 16.

Marculf, Form., II, 29. Charta de agnatione si servus ingenuam trahit. Igitur ego in Dei nomine ille, illa femina. Omnibus non habetur incognitum qualiter servus meus nomine ille te, absque parentum vel tua voluntate, rapto, scelere in conjugium sociavit, et ob hoc vitæ periculum incurrere potuerat ; sed

condition. Fils d'un litus et d'une personne libre, c'était un litus; fils d'un litus et d'un esclave, il était serf1.

venientes et mediantes amicis vel bonis hominibus convenit inter vos, ut si aliqua procreatio filiorum orta fuerit inter vos in integra ingenuitate permaneant, Et si voluntaria 'serrum accipit, dicis: Omnibus non habetur incognitum qualiter servo meo nomine illo voluntaria secuta es et accepisti maritum. Sed dum te ipsa et agnatione tua (tes enfans) in mea inclinare potueram servitio, sed propter nomen Domini et remissionem peccatorum meorum propterea, præsentem epistolam in te mihi complacuit scribere, ut si aliqua procreatio filiorum aut filiarum inter vos orta fuerit, penitus nec tos nec heredes nostri, nec quislibet persona ullo unquam tempore in servitio inclinare non debeamus, sed in integra ingenuitate, tanquam si ab utrisque parentibus ingenuis fuissent procreati vel nati omni tempore vitæ suæ permaneant, peculiare concesso quodcumque laborare potuerint, et sul integra ingenuitate superterra nostra aut filiorum nostrorum absque ullo prejudicio de statu ingenuitatis eorum commanere debeant, et reditus terræ ut mos est, pro ingenuis, annis singulis desolvant, et semper in integra ingenuitate permaneant tam ipsi quam et posteritas illorum. Si quis vero, etc.— Guérard, Polypl., p. 376. Ego Willelmus abbas Santi-Petri. -Notifico hominem nomine Durandum, qui cum prius liber esset; quia quandam nostram ancillam, nomine Dudam, accepit uxorem, vinculo servitutis apud nos est obligatus, pristinæ libertati eum cum tota procreatione infantium restituisse, an 1108.

' Rotharis L. 206. Si quis aldiæ alienæ, id est quæ de libera matre nata est, violentiam fecerit, componat solidos XL.-For` mulæ regni Italici, ad 1. 205. Cancianî, II, p. 468, c. 1. Ann. Bened., H, 705. — Irminonis Polyptichum, p. 143. Martinus servus et uxor ejus ancilla: isti sunt eorum infantes : Ragambolda filia eorum est ancilla; Faregans, Wieleneus, Winevoldus sunt lidi, quoniam de colona sunt nati. Ibid., p. 124. Adalbertus mumboratus (recommandé) quoruni uxor et infantes,

Par un progrès insensible, les fiscalins s'élevèrent presque au niveau des hommes libres; leur condition même était en certains points plus douce. Néanmoins, il y avait toujours entre eux et les propriétaires d'alleux une différence essentielle et qui caractérise au plus haut point la liberté ; je veux parler du droit de disposer de leurs tenures et du droit de s'administrer par euxmêmes, conséquence naturelle de la libre propriété. Ce dernier pas se fit par la grande révolution communale des onzième et douzième siècle. Dans cette révolution, les fiscalins jouèrent le principal rôle. La plupart des villes nouvelles qui s'élevèrent à côté des antiques cités, où s'éveillait aussi la liberté, n'étaient, ainsi que ce nom de ville l'indique, que d'anciennes métairies fiscales à qui le roi ou le seigneur concédait des franchises longtemps désirées. C'est sur ce terrain que nous retrouverons les fiscalini.

onines sunt Saneti-Germani. Ibid., p. 80. Frulbertus colonus el uxor ejus coloná nomine Ulberta. Isti sunt eorum infantes Ulberga, Dømleverga, Frotcárius; Frudoldus, Frosbertus. Isti tres sunt lidi quoniam de lida matre sunt nati. Ibid., p. 272. Amalgisus colonus homo Sancti-Germani, habet filium I lidum de alia femina de fisco dominico.-Grimm, D. R. A., p. 324.-Das kind følget der aergern hand, dit l'adage allemand. · Burchardi Wormat. Lex famil., § 16: Jus erit si fisgilinus (fiscalinus) homo dagewardam (serve) accepit, ut filii qui inde nascantur, secundum pejorem manum vivant, similiter si dagewardus fisgilinam mulierem accepit. - Eichorn, R. G., § 5. Sachsen spiegel, III, 73.

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CHAPITRE VIII.

Des colons, coloni, homines votivi, oblati, monborati, commendati, capitales.

Je suis fort embarrassé de déterminer exactement la condition des colons, hommes libres ou descendans d'hommes libres qui se sont soumis au servage en acceptant une part du sol. Cette difficulté tient à la nature même du sujet. L'uniformité dans la condition des citoyens est une notion qui ne peut appartenir qu'à une époque où la société est organisée; mais lors de la conquête tout était confus, et comme dans le chaos. Quant à l'époque féodale, l'idée favorite des esprits éclairés, c'était celle d'une grande hiérarchie dont les degrés se multipliaient à l'infini, chaque individu ayant en quelque sorte un rang distinct et une condition particulière dans cette immense échelle'; il ne pouvait donc être question ni d'uniformité dans les conditions, ni d'égalité civile. L'égalité est une idée toute nouvelle; c'est la pensée du siècle; c'est la gloire du code. Pourquoi faut-il que sur ce point nos lois

Miroir de Saxe, liv. 1, art. 1.

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