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CHAPITRE XI.

L'impôt dans les provinces.

Les impôts différaient en chaque province '; mais communément on trouvait réunis un impôt sur les personnes (tributum) et un impôt sur les biens (vectigal). Ce dernier impôt, payable en argent dans quelques pays, était le plus souvent payable en nature : c'était d'ordinaire le dixième des grains, le cinquième des fruits 2.

'Cic., in Ver., III (IV) 6.-Inter Siciliam ceterasque provincias, in agrorum vectigalium ratione, hoc interest, quod ceteris aut impositum est vectigal certum, quod stipendiarium dicitur, ut Hispanis et plerisque Pœnorum, quasi victoriæ præmium ac pœna belli; aut censoria locatio constituta est, ut Asiæ lege Sempronia; Siciliæ civitates sic in amicitiam fidemque recepimus, ut eodem jure essent quo fuissent; eadem conditione populo romano parerent qua suis antea paruissent.

Perpauca Siciliæ civitates sunt bello a majoribus nostris sub· actæ ; quarum ager cum esset publicus P. Romani factus, tamen illis est redditus. Is ager (la redevance de ce champ) a censoribus locari solet. Foederatæ civitates duæ sunt, quarum decumæ venire non soleant, Mamertina et Taurominitana; quinque præterea sine fœdere, immunes civitates ac liberæ, Centuripina, Halesina, Segestana, Halicyensis, Panormitana; præterea omnis ager Siciliæ civitatum decumanus est.

'Hyg., de Limit. const. (Goes., p. 198). Agri autem vectigales inultas habent constitutiones. In quibusdam provinciis fructus partem constitutam præstant : alii quintas, alii septimas; nunc

Les exactions des publicains étaient si vexatoires que César changea le paiement des dimes de l'Asie en un abonnement fixe. La province respira quand elle leva ses dimes elle-même. La dureté de l'impôt est souvent moins dans la tité que dans la perception '.

quo

Ajoutez à ces deux impôts les péages des ports, des mines, des salines;-l'entretien des flottes, et souvent la construction et l'équipement de navires entiers ;-----les quartiers d'hiver ;---l'entretien des postes, des magasins militaires ; — les corvées publiques 2; les fournitures à faire au préteur, soit en nature, soit par équivalent en argent, équivalent fixé par lui seul, d'après son avare estimation; - les transports à la charge des provinciaux, cause perpétuelle de vexations". -Ajoutez l'argent, les fournitures d'habits,

de chevaux, les objets de curiosité pour les jeux de l'édile; -des charges municipales fort lourdes

multi pecuniam (Hygin. écrivait sous l'Empire), et hoc per soli æstimationem. Certa enim pretia agris constituta sunt, ut in Pannonia arvi primi, arvi secundi, (partis) sylvæ glandiferæ, sylvæ vulgaris pascuæ. His omnibus agris vectigal ad modum ubertatis per singula jugera constitutum.

'App., Guer. civ., V, 4. Dio Cassius, XLII, 6.

"Aurel. Vict., in Vespas.

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› Frumentum in cellam. Cic., Verr., III, 8.

'Frumentum æstimatum. Cic., in Verr., II, 1, 38.-Asconius

in Cic. Livius, XLIII, 2.

* Tacite, Agric., c. 19.

- Cie., in Verr., III, 82, 84.

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et qui n'étaient point compensées par la liberté d'administration. Ajoutez enfin les impôts fonciers extraordinaires, l'aurum coronarium et les indignes pilleries des préteurs et de leur suite, et vous n'aurez encore qu'une bien faible idée de cet épuisement incessant des provinces au profit des plaisirs de Rome et de l'avarice des publicains.

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« Non peculatus ærario factus, neque per vim so» ciis ereptæ pecuniæ, quæ quanquam gravia sunt, » tamen consuetudine pro nihilo habentur2 ». Qu'ajouterai-je à ces paroles de Salluste?

CHAPITRE XII.

De la révolution impériale.

La révolution qui établit le gouvernement impérial consomma la réunion de tous les pouvoirs dans les mains d'un seul homme. Autorité des diverses magistratures de la république, autorité du sénat, caractère sacré et véto des tribuns, puissance législative et souveraine du peuple; toutes ces forces, d'autant plus absolues

Il faut lire les Ferrines et la lettre de Cicéron à Quintus son frère (1, 7). C'est là que sont les renseignemens les plus curieux sur l'état des provinces sous la république.

Salluste, Jug., c. 36.

qu'elles étaient destinées à s'équilibrer entre elles par une mutuelle indépendance, se concentrérent en la personne des empereurs, et du premier coup les poussèrent au comble de l'absolu pouvoir.

La résistance ne pouvait venir des classes moyennes décimées par la longueur des guerres civiles, la plebe voulait du pain, les riches du repos: le monde entier donna les mains au despotisme'.

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CHAPITRE XIII.

L'Italie et les provinces sous l'Empire.

Le despotisme impérial devait être jaloux des prééminences de l'Italie. Ces priviléges de la propriété quiritaire, cette exemption d'impôt direct, cette organisation municipale surtout, sentaient toujours la liberté romaine. On fit de l'Italie une province.

Auguste avait commencé la révolution en remettant à la curie l'élection des magistrats faite jusqu'alors dans la libre assemblée de tous les citoyens. Ce fut encore lui qui attaqua le pre

'Tacile, Ann., I, 2.
* Suétone, Aug., c. 46.

Dio Cassius, lib. LIII.

mier les franchises de la propriété romaine par deux lourds impôts, le vingtième des successions et le centième des adjudications 2, qui frappaient la propriété dans ses transmissions les plus ordinaires.

Cette révolution, commencée par Auguste, Adrien la consacra dans l'ordre politique quand it remit l'administration de l'Italie à quatre consulaires; Caracalla l'acheva dans un but de fiscalité quand, pour étendre aux provinces l'impôt du vingtième et les impôts indirects dont on avait surchargé l'Italie, il communiqua à toutes les provinces le droit de cité romaine, jadis refusé aux rois,vain honneur maintenant et qui n'avait plus de valeur que pour le fisc.

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On se garda bien d'étendre aux provinces cette exemption de l'impôt foncier, dernier yestige d'une grandeur passée que l'Italie conserva

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'Dio Cassius, LV, 25; LVI, 28. Pline, Paneg., 37, 40: Vicesima reperta est, tributum tolerabile et facile heredibus dumtaxat extraneis, domesticis grave.

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Suetone, Caligula, 16.

Spartian., in Hadriano. Marc-Aurèle remplaça ces consulaires par des juridici (une même fonction sous un nom moins important). Julius-Capitol., in Marc. Aurélien confia l'Italie tout entière, comme une province, au gouvernement de Tetricus, qui eut le titre de correcteur. Treb. Pollio, in Tetric.

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4 Dio Cassius, LXXVII, 9. Λόγῳ μεν τιμῶν, ἔργῳ δὲ ὅπως πλείω αὐτῷ και εκ τοῦ τοιούτου προσῇ, διὰ τὸ τοὺς ξένους τὰ πολλὰ αὐτῶν μὴ συντελεῖν. « En pa roles, il les honorait, en fait, il voulait s'enrichir, les étrangers pour la plupart ne payant pas ces impôts.»

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