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faveur sur les cours de 1860. Mais ce bois, à cause des difficultés d'extraction résultant de la déclivité du terrain sur lequel il croît, n'a pas de cours saisissable en forêt. Les mêmes bois, vendus sur le port 40 ou 50 francs le mètre cube, sont achetés sur pied, ici 15 francs, et là 30 francs, selon les difficultés d'abordage et la distance à parcourir.

L'augmentation dépasse quelquefois 10 pour 100 sur les hêtres; elle atteint jusqu'au double quand les forêts sont à portée d'un chemin de fer et que les bois sont propres à la pénétration.

Les charpentes et les sciages en chêne de 1860 n'en sont pas moins quelque peu en souffrance sur les ports. L'Yonne a donné depuis deux ou trois mois de grandes quantités de charpentes petites et mal faites qui encombrent le marché et pèsent sur les cours. On vend de ces bois dans Paris, à 70 francs le mètre cube, et les bois de qualité, souffrant de la concurrence, sont un peu délaissés, parce qu'on ne peut les vendre audessous de 80 francs.

Quelques marchés faits pendant les adjudications ont établi les cours de 60 francs sur la Marne et la Seine pour les bois ordinaires, et 75 francs pour les gros bois.

Des bois à brûler ont été vendus 105 francs à Epernay et 125 francs à Clamecy.

La baisse excessive des eaux empêche les flottages et arrête les transactions. On ne tient pas à acheter une marchandise qu'on n'est pas sûr de pouvoir amener à la consommation.

TABLEAU COMPARÉ DE L'ENTRÉE A PARIS

DELBET.

des bois, des combustibles, des FERS ET DES Fontes.

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(1) Ces 50.868 stères de bois, multipliés par 400 kil., poids du stère de bois dur, représentent 20,347,200 kil., dont la puissance calorifique égale celle de 10,173,600 kil. de houille.

(2) Ces 26,224 stères de bois, multipliés par 300 kil., poids du stère de bois blanc, représentent 7,867,200 kil., dont la puissance calorifique égale celle de 3,933,600 kil. de houille.

EMPLOI

DE FAUSSES EMPREINTES DANS DES COUPES DE BOIS.

AFFAIRE DES FRÈRES ROCH.

Charles Roch, dont nous avons annoncé la condamnation avant-hier, à sept années de réclusion, était accusé d'avoir, depuis moins de dix ans, dans l'arrondissement d'Epinal, frauduleusement fait usage dans les coupes de bois dont il était adjudicataire, d'un marteau de l'État servant aux marques forestières, et qu'il avait contrefait, en l'appliquant sur un certain nombre d'arbres réservés, dans le but de se les approprier. L'accusation lui reprochait en outre de s'être, durant la même période et aux mêmes lieux, rendu complice de l'usage fraudulensement fait par Jean Roch, son frère, ou par toute autre personne, du même marteau contrefait, servant aux marques forestières dans les coupes exploitées par lui et ses deux frères ; c'est pour avoir, par dons, promesses, machinations ou artifices coupables, provoqué cette action, soit pour en avoir avec connaissance, aidé ou assisté l'auteur ou les auteurs dans les faits qui l'ont préparée, facilitée ou consommée, soit pour avoir recélé les arbres ainsi obtenus, par cet usage frauduleux.

Charles Roch semblait avoir pour complices Etienne-Nicolas Pernot, Nicolas Jacquel, François Chalon, François Poirot et Etienne Lecomte, cinq bûcherons que nous avons vus sur le banc des assises et que le jury vient de rendre à la liberté.

Voici les faits: Le 25 avril dernier, le brigadier-forestier Pierre, en visitant la coupe du Noir Rein, forêt domaniale de la Mairie de Rambervillers, au cantonnement de Rambervillers, adjugée au sieur Roch, de cette ville, s'arrêta près d'un sapin, qu'un bûcheron, le sieur Chalon, commençait à abattre. Il remarqua que l'empreinte du marteau de l'État existant sur la racine était fraiche, comme si elle avait été couverte d'une mousse enlevée quelques instants auparavant; près du tronc de l'arbre, il vit une plaque de mousse qui semblait nouvellement détachée. Le brigadier interpella le bûcheron, qui lui parut embarrassé et ne put lui donner qu'une explication inadmissible. L'arbre ne portait pas au corps la seconde empreinte du marteau, que l'on appose, lors du martelage, à la fois au corps et à la racine de l'arbre. Sa situation, sa nature, démontraient, au surplus, que, dans cette coupe, il aurait dû être réservé et non marqué en délivrance. Le brigadier se borna à défendre au bûcheron d'en achever l'abatage, avant qu'il n'en eût référé à ses chefs.

Poussant ensuite plus loin ses investigations, il reconnut que trois autres arbres non abattus portaient également à la racine, et non au corps, des empreintes du marteau de l'État, soigneusement couvertes de mousse. Les blanchis paraissaient, comme ceux du premier arbre, plus récents que ceux de la majeure partie des autres arbres de la coupe. Il constata également la fraîcheur des blanchis sur des souches d'arbres abattus, près des racines desquels il existait des plaques de mousse ayant servi à les cacher. Tout indiquait, dès lors, que les marques apposées sur ces blanchis étaient des contrefaçons du marteau de l'État. Ces découvertes amenèrent le brigadier Pierre à visiter d'autres coupes adjugées au sieur Roch; là encore il

remarqua sur plusieurs arbres l'existence d'empreintes, dont l'aspect des blanchis lui fit suspecter l'authenticité.

Le 28 avril 1861, l'inspecteur et le sous-inspecteur des forêts de Rambervillers sc transportèrent dans les coupes signalées; et, après le plus sérieux examen d'une partie des souches désignées par le brigadier, constatèrent que les empreintes n'étaient que des contrefaçons de celles des marteaux de l'Etat. Leur circonférence était d'un rayon plus grand que celui des empreintes du marteau de l'Etat; la forme, la courbure des chiffres, des lettres, des pointes, présentaient des différences sensibles. A ces éléments de conviction, s'ajoutait ce fait que, sur les blanchis des souches vives de la coupe dite du Fincieux, exercice de 1860, portant des empreintes légales, il existait des bourrelets produits par la séve du printemps qui avait suivi l'époque de la marque; tandis que les empreintes fausses n'avaient pas ce signe, précisement parce qu'ells avaient été faites après l'adjudication, c'est-à-dire après le 15 décembre 1860, lorsque le mouvement de la séve était arrêté.

Les soupçons se portèrent immédiatement sur les adjudicataires des coupes, les frères Roch, de Rambervillers, associés pour leur exploitation et la vente de leurs produits.

Le 1er mai, le juge d'instruction, le procureur impérial et l'un de ses substituts (1), le juge de paix, les agents et employés forestiers, se transportèrent à Jeanménil, dans la maison de Jean Roch, celui des frères qui s'occupait plus spécialement de l'exploitation, et dans la coupe de sapins en exploitation du Noir-Rein. La recherche, au domicile de Roch, des instruments ayant pu servir à la contrefaçon des marques forestières ne fit pas découvrir le faux poinçon, mais un burin en acier, long de treize centimètres, et une hachette.

Les blanchis portant les fausses marques étaient d'une date plus récente que ceux des empreintes vraies; ils n'avaient point de bourrelet, et la résine qui les recouvrait en partie n'était pas due au suintement séveux qui s'échappe de l'écorce et de l'aubier, mais avait été visiblement coulée sur l'empreinte.

Là ne s'arrêtèrent pas les constatations faites dans la coupe du Noir-Rein. On y trouva un cinquième sapin debout, de deux mètres vingt centimètres de circonférence, à la racine duquel était un blanchis, sur lequel le brigadier forestier avait vu l'empreinte du marteau de l'État, empreinte qu'on avait fait disparaître du 24 au 28 avril dernier, parce qu'on s'était probablement aperçu que cette marque avait été examinée par quelque garde ou agent forestier; cet arbre ne portait pas au corps de seconde empreinte, mais le léger coup de hache, marque de reconnaissance. Il existait, enfin, dans la même coupe, cinq souches portant cinq empreintes fausses; près de deux souches restaient encore les arbres abattus, dont aucun ne portait au corps l'empreinte que l'administration a coutume d'y apposer.

Toutes ces fausses empreintes furent immédiatement levées et saisies. Délégué par le juge d'instruction, le juge de paix, le même jour, se transportait dans la coupe de Chaudrupt, exercices 1860 et 1859; là, dans la coupe de 1860, il constatait encore deux empreintes fausses, qui se trouvaient de tous côtés entourées de souches portant des marques vieilles et, dans celle de 1859, une autre empreinte également fausse.

Le lendemain 2 mai, neuf empreintes fausses étaient saisies, dans la coupe de

(1) M. Charles Mathieu, à la sagacité de qui on doit la découverte des signes qui servaient aux adjudicataires à reconnaître les arbres portant de fausses empreintes. Ces signes consistaient en une légère entaille simulant la trace que laissent sur l'écorce les crampons des ébrancheurs. (Note de la rédaction.)

Fincieux, exercice 1860, par la justice, qui, afin de contrôler l'opération par une irrécusable preuve, procédait, à l'aide des agents forestiers, et en présence de Roch, au récolement de la coupe. Le nombre des sapins, marqués et vendus par l'administration forestière, était, aux termes du cahier de vente, de 272 sapins et 2 hètres. On retrouva les deux hètres encore sur pied, et l'on constata l'abatage de 280 sapins, nombre excédant de 8 celui de 272 vendus. A la vérité, une souche manquait pour donner le chiffre de 9 des marques saisies, mais cette souche avait été sans doute extraite au moment de l'abatage, ou bien on avait dû extraire ou cacher par une pierre ou de la mousse celle d'une perche de sapin marquée en délivrance. Le même jour, le juge de paix saisissait, dans diverses coupes environnantes, dix-neuf marques fausses; on prit soin de saisir, dans ces coupes, des empreintes vraies comme pièces de comparaison.

Jean Roch, associé à ses frères, avail, pendant deux ou trois ans,fait exploiter à peu près seul les coupes dans lesquelles se trouvaient toutes ces fausses marques. Présent à toutes les opérations de la justice, aussi intelligent qu'habile, il comprit bientôt l'impossibilité d'en discuter l'exactitude et d'en dissimuler la portée, Mis en état d'arrestation, il convint, dans son premier interrogatoire, qu'il ne pouvait expliquer ces marques, à moins de les attribuer à un acte de malveillance, et soutint néanmoins qu'il ignorait l'existence des marques fausses.

Il était évident que l'association Roch avait procédé sur une vaste échelle; que, depuis nombre d'années, les frères Roch, aidés de leurs bûcherons, avaient marqué et s'étaient approprié, dans chaque coupe, beaucoup d'arbres, en prenant soin d'en proportionner le nombre à l'étendue des coupes et au chiffre des arbres vendus. Sans doute, à mesure que les coupes étaient plus anciennes, les recherches et les constatations devenaient plus difficiles; les souches avaient pourri et un grand nombre avaient été extraites. Toutefois, des procès-verbaux successifs des 3, 14 et 20 mai, un rapport des 6, 7 et 11 mai, un procès-verbal du 4 juin, donnaient encore pour résultat général la saisie de cent-quinze empreintes fausses.

L'expertise atramentaire constata la fausseté des marques et le moyen dont on avait fait usage pour les imprimer sur les blanchis. Ainsi qu'on l'avait pressenti au début de l'instruction, la netteté des empreintes, leur parallélisme établissaient que les marques étaient faites, non pas à l'aide d'un marteau, mais avec un poinçon posé d'aplomb sur les blanchis et sur l'extrémité duquel un coup était porté, afin d'imprimer l'empreinte.

Interrogé le 17 juin, Jean Roch faisait les aveux les plus complets. Il convint avoir fait les fausses empreintes à l'aide d'un faux poinçon, fabriqué par lui dix-huit ou vingt années auparavant, et dont il avait fait, depuis cette époque, un usage constant. Charles Roch, son frère, a-t-il ajouté, s'en était servi quelquefois, surtout depuis deux ans; il en avait du reste certainement connu l'usage, et les bois provenant de ces fraudes étaient vendus pour le compte de la société. Pierre Roch, son autre frère, n'était allé que rarement dans les coupes; il est à remarquer que ce dernier est tombé dans une sorte d'idiotisme sénile. Quant aux ouvriers employés depuis dix à douze ans comme bûcherons et charpentiers, Jean Roch déclara qu'ils connaissaient l'existence du poinçon, qu'ils en avaient vu faire usage, et avaient fait plusieurs fois le guet pendant que lui ou son frère apposaient les fausses empreintes sur les arbres. François Poirot et Etienne Lecomte, notamment, l'avaient accompagné dans les coupes de Sapiémont, Clairegoutte et Fincieux; Nicolas Jacquel et Etienne Pernot, dans celle du Noir- Rein.

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⚫ Charles Roch, interrogé le même jour, a décliné complétement la responsabilité que

les aveux de son frère faisaient peser sur lui et soutenu être complétement étranger aux fausses empreintes, qu'il attribue à la malveillance.

Le lendemain, Jean Roch donnait la plus irrécusable preuve de la vérité de ses déclarations conduit à la Colline-des-Eaux, à la Basse-Revouillot, il faisait remettre, par Etienne Pernot, la hachette qui servait à faire les blanchis. Ce dernier, conduisant alors les magistrats à environ 500 mètres de son habitation, à 50 mètres du chemin, leur montrait une roche sous laquelle était cachée la hachette; puis soulevant la mousse au pied d'un sapin, il prenait le poinçon en fer que Jean Roch y avait placé. Ce poinçon, d'une circonférence d'environ cinq centimètres, se termine par une tête en forme de sceau, sur laquelle est gravée en relief une imitation du marteau de l'État, portant les numéros 9 et 1 et les lettres A. F.

Les aveux de Jean Roch semblaient avoir amené le calme dans sa conscience agitée, quand, le 20 juin, il se suicida. Après sa dernière confession, en pleine possession de sa connaissance, il renouvela au juge et au magistrat du parquet, d'une voix nette et ferme, et ses aveux et ses affirmations.

Les experts, appelés à examiner le poinçon saisi, ont déclaré que c'était bien l'instrument qui avait servi à faire les empreintes fausses. C'était l'œuvre d'un ouvrier habile.

Nonobstant cette preuve accablante, Charles Roch a persisté dans ses dénégations, prétendant que les déclarations de son frère étaient dictées par la haine qu'il avait contre lui. Toutefois, ces déclarations sont corroborées par celles des témoins, trop nombreux pour laisser à Charles Roch aucune possibilité d'échapper aux preuves qui l'accablent.

L'un d'eux, notamment, le sieur Breton, a vu, il y a quatre ou cinq ans, Charles Roch près d'une souche avec l'accusé Chalon; il a entendu le bruit d'un instrument tranchant, à l'aide duquel on faisait un blanchis; et, après le départ de Roch et de Chalon, s'étant dirigé sur la souche, a remarqué le blanchis et la marque toute nouvelle. De retour chez lui, il a raconté le fait à sa femme.

M. Ernst, inspecteur des forêts, dans une déposition qui nous fait toucher du doigt tous les actes frauduleux, et qui donne ainsi à la Cour la mesure de son intelligence, énumère les précautions prises par les frères Roch pour dissimuler leurs manœuvres coupables aux préposés et aux agents de l'administration.

Dans les coupes de peu d'étendue, dit M. Ernst, on ne prenait que 1 ou 2 arbres sur 100, tandis que dans les coupes plus importantes, celles de 40 ou de 50 hectares, on en marquait jusqu'à 30. On comprend combien il devait être difficile de découvrir ces fraudes, pratiquées au moyen d'un poinçon dont les empreintes sont presque parfaites, quand les accusés ne prenaient guère qu'un arbre par hectare.

<< Mais les précautions prises par les frères Roch ne se bornaient pas là. Une hachette spéciale servait à faire au pied des arbres indûment marqués un blanchis qu'on recouvrait soigneusement d'une plaque de mousse adhérente au sol. Sur le blanchis, on appliquait une préparation composée de telle sorte qu'elle prenait, en très-peu de temps, une apparence d'ancienneté tout à fait en rapport avec le blanchis des arbres réellement abandonnés à l'exploitation. Pour empêcher l'humidité de trop profondément altérer l'empreinte du faux marteau, une ételle recourbée lui formait arc-boutant sur la mousse.

« Les arbres ainsi marqués, on s'abstenait de les frapper au tronc. La fraude eût été très-facilement découverte; mais, dans l'opération qui a pour objet de préparer l'abatage, les coups de hache précédant le trait de scie étaient portés plus haut, et

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