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portation de bois d'œuvre et de construction de toute espèce dépasse 25 millions de francs. Les bois de marine sont presque tous conduits à Trieste, à Fiume et à Venise, et ils y sont l'objet d'un commerce de plus en plus considérable. On dit que le chêne de provenance autrichienne atteint des dimensions et offre des qualités supérieures à celles de tous. les autres chênes. A l'Exposition universelle de Paris il y avait une rondelle de chêne provenant d'un sujet crû en Autriche et âgé de soixantequatre ans, qui avait 91 centimètres de diamètre. Cet échantillon excita l'admiration de tous les constructeurs et de tous les ingénieurs.

Les résineux que l'on exploite dans les forêts d'Autriche offrent également des qualités remarquables et sont justement estimés.

La valeur des bois de toute espèce employés dans les chantiers maritimes de cette contrée ne dépasse pas 3 millions de francs. Quant à l'entretien des vaisseaux et navires, il n'occasionne, en bois, qu'une dépense d'une centaine de mille francs.

Le gouvernement autrichien s'efforce de prendre toutes les mesures. nécessaires pour assurer la conservation et la bonne exploitation de ses vastes forêts, source de la richesse nationale, et il serait fort à désirer qu'un aussi bon exemple fût suivi par la Grande-Bretagne, à l'égard de ses forêts coloniales, et particulièrement dans celles de l'Amérique du Nord, où l'on taille sans aucun souci de l'avenir, la hache et le feu détruisant de vastes espaces boisés.

On s'est demandé souvent si, au lieu de recourir de plus en plus à l'importation pour assurer l'approvisionnement de nos arsenaux maritimes, il ne vaudrait pas mieux chercher à augmenter la production ligneuse sur le sol de la vieille Angleterre. Tel n'est pas notre avis. Nous sommes, au contraire, intimement convaincu que nous avons un plus grand avantage à faire pousser des épis ou des plantes fourragères là où il en vient aujourd'hui, que des arbres forestiers, et à aller faire notre provision de bois dans nos colonies ou à l'étranger. Le compte est simple. Voyons, en effet, ce qui se passe dans nos forêts domaniales. La dépense annuelle qu'elles occasionnent pour leur entretien, leur surveillance et leur mise en état, s'élève annuellement à 1,525,000 francs, et la valeur des produits que l'on en retire varie de 1,400,000 francs à 1,500,000 francs; de telle sorte que voilà une propriété de 40,000 hectares dont le produit net est d'environ 100,000 francs, c'est-à-dire moins de 3 francs par hectare (1)!

(Extrait du Farmer's magazine.)

(1) Si ces chiffres sont exacts, il faut conveuir que les forêts royales de l'Angleterre sont bien mal administrées. En France, le revenu annuel de l'hectare est de 28 à 30 francs pour les forêts domaniales.

(Note de la Rédaction.)

ADMISSION D'ÉLÈVES EXTERNES A L'ÉCOLE FORESTIÈRE.

Le Moniteur a publié dans son numéro du 12 novembre dernier un avis ainsi conçu :

« Ministère des finances.

<«< Admission d'élèves externes libres à l'Ecole impériale forestière de Nancy.

« Le gouvernement a reçu et accueilli à diverses époques un assez grand nombre de demandes formées, soit par des nationaux, soit par des étrangers, et ayant pour objet de faire admettre des jeunes gens à suivre, en qualité d'élèves externes, les cours de l'Ecole impériale forestière établie à Nancy.

« La même faveur a été sollicitée tout récemment par des Conseils généraux et par des Sociétés d'agriculture, dans l'intérêt des propriétaires de bois et des jeunes gens se destinant à la gestion des forêts particulières.

« Le gouvernement ne peut que favoriser cette tendance utile au développement de l'une des branches importantes de la richesse publique, puisque en France les cinq huitièmes des bois appartiennent à des particuliers. D'un autre côté, le gouvernement n'a jamais hésité à faire profiter les nations voisines des progrès qui s'accomplissent en France.

«< En conséquence, voulant généraliser une mesure qui n'avait été jusqu'à présent qu'une faveur, le ministre des finances a décidé que vingt à vingt-cinq places d'auditeurs libres seraient mises, dans les amphithéâtres de l'Ecole impériale forestière de Nancy, à la disposition des Français ou étrangers qui en feront la demande.

« Ces demandes devront être adressées chaque année, avant le 1er septembre, au directeur général des forêts, qui statuera sur la suite à y donner d'après le nombre des places disponibles et d'après les garanties présentées par les postulants.

« La durée de l'enseignement de l'Ecole est de deux ans. Il comprend la sylviculture, l'aménagement, l'histoire naturelle, le droit forestier, les éléments du droit administratif, la mécanique, la topographie et la construction des routes, usines et maisons forestières. »

Comme la plupart des écoles spéciales du gouvernement, l'Ecole forestière a admis à diverses époques des auditeurs libres à prendre part à l'enseignement donné aux élèves destinés au service de l'Etat. Depuis la

fondation de l'Ecole, environ cinquante admissions de cette nature ont été autorisées en faveur de nationaux ou d'étrangers. Cette année encore, un surnuméraire des forêts de la Liste civile, un officier portugais et trois lieutenants du corps des forestiers russes, assistent aux cours de l'Ecole de Nancy.

Mais les autorisations dont il s'agit n'ont jamais eu d'autre caractère que celui d'une faveur et ne pouvaient être invoquées comme un titre par les personnes désirant obtenir le même avantage.

Depuis longtemps plusieurs Conseils généraux, et notamment celui de la Meurthe, réclamaient contre cet état de choses dont la précarité ne permettait pas aux jeunes gens se destinant à la gestion des forêts particulières de compter sur la possibilité d'acquérir les connaissances néces

saires.

Quelques appréciations appuyées sur des chiffres feront ressortir l'importance de l'intérêt auquel la nouvelle mesure a donné satisfaction.

On évalue la contenance des forêts en France à 8,500,000 hectares, dont 5,500,000 appartiennent aux particuliers.

Ce dernier chiffre se répartit de la manière suivante, savoir:

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Ces forêts sont en général dans un état peu prospère résultant des exploitations vicieuses ou abusives auxquelles elles sont soumises. Les connaissances forestières sont fort peu répandues, et on peut dire que la presque totalité des forêts des particuliers est traitée sans aucun souci des notions de la sylviculture et de l'aménagement. D'après des évaluations méritant quelque confiance (1), le chiffre de la production annuelle des forêts particulières s'élève à peine à 3 st. 75 par hectare. Dans les forêts soumises au régime forestier, le produit annuel moyen serait, savoir:

Pour les futaies résineuses, de.......

feuillues, de........ Pour les taillis sous futaie, de.......

simples, de.......

5,92 par hectare.
5,20
5

3,79

(1) Eugène Chevandier, Considérations générales sur la culture forestière en France, note lue à l'Académie des sciences et insérée dans les Annales forestières, année 1847, p. 210.

NOVEMBRE 1861.4 SERIE. - T. VII.

T. VII.-26

Si l'on applique ces chiffres aux contenances suivant lesquelles se répartissent les forêts dont il s'agit, on obtient les résultats suivants :

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Totaux... 3,059,000 hectares.. 15,600,000

La production moyenne des forêts soumises au régime forestier serait donc, par hectare, d'environ 5 stères, susceptibles d'être portés à 8 stères au moins sous l'influence d'une culture rationnelle appliquée avec persévérance et surtout de la conversion progressive des taillis en futaie.

En admettant que sur 5,500,000 hectares de forêts particulières, 2 millions seulement fussent susceptibles d'être traités à peu près regulièrement et amenés progressivement à un rendement égal au produit moyen actuel des forêts soumises au régime forestier, il résulterait de cette amélioration un accroissement total de 2,500,000 stères qui, à 5 francs par stère, formeraient une somme de 12 millions de francs, correspondant à un capital, à 3 pour 100, de 396 millions.

On voit d'après ces évaluations, qui peuvent être considérées comme très-modérées, quelle importance pour le développement de la richesse publique s'attache à la vulgarisation des connaissances forestières.

Les soins de toute nature qn'exigent la culture et l'exploitation des forêts permettent de fixer à 8,000 hectares environ la contenance boisée à confier à un gérant. 2 millions d'hectares exigeraient donc 250 gérants, qui se renouvelleraient annuellement par vingt-cinquièmes ou par trentièmes et donneraient lieu conséquemment à un recrutement continu de huit à dix par an.

Si l'on ajoute à ce nombre les étrangers en nombre égal appartenant soit aux administrations publiques, soit au personnel des propriétaires de bois, on peut évaluer à quinze ou vingt par an le nombre des élèves externes qui viendront, dans un avenir plus ou moins prochain, demander à notre Ecole forestière les connaissances spéciales qui y sont enseignées avec une supériorité incontestée.

La mesure récemment prise répondait donc à un besoin urgent, et on peut attendre avec confiance les résultats avantageux qu'elle est appelée à produire.

Lorsque l'avis publié par le Moniteur aura amené à l'Ecole forestière le nombre d'auditeurs libres qui, d'après les prévisions, demanderont à fréquenter les amphithéâtres, l'administration forestière jugera sans doute

à propos de soumettre l'admission des élèves externes à une réglementation analogue à celle qu'ont adoptée diverses écoles du gouvernement, et notamment l'Ecole des ponts et chaussées. G. S.

BULLETIN FORESTIER.

Les affaires de bois ont été fort importantes en 1861, la consommatron a été grande; nous en trouvons la preuve dans le mouvement des ports, dans le chiffre des arrivages et des enlèvements.

En dehors de ce mouvement pour la navigation, les chemins de fer ont apporté à la consommation une large part dans le contingent annuel, et cependant il reste en disponible sous toutes les formes beaucoup plus de bois que nous n'en trouvions depuis quelques années.

La consommation locale n'a pas éprouvé de temps d'arrêt sensible. Les chemins de fer ont pris leur part de bois pour l'entretien des anciennes voies, comme pour la construction des voies nouvelles. Leur immense matériel, qu'il faut entretenir en l'accroissant sans cesse, ne se construit et ne se répare qu'en employant d'autant plus de bois qu'il faut choisir les pièces convenables et leur faire subir beaucoup de déchet. Comment donc se trouve-t-il sur les ports une augmentation aussi grande en réserve pour les besoins à venir?

En mettant sous les yeux de nos lecteurs le tableau de ces différences, nous en avons cherché les causes, et nous n'avons pu trouver de cause raisonnable que dans les coupes extraordinaires faites depuis quelques années, et déterminées par de hauts prix, qui ont fait anticiper sur l'avenir. Restreindre le nombre des réserves, défricher des forêts, abattre des futaies; et, en fin de compte, dépasser pour un moment des besoins dépassant eux-mêmes tout ce qu'on avait jamais vu de mémoire de forestier.

Les bois de particuliers ont seuls fait les frais de cet excédant de production et de disponible. Tout ce qui est soumis au régime forestier agit heureusement en sens contraire et en bonne administration. On laisse là pour l'avenir des ressources qui remplaceront ce que les particuliers moins prévoyants prennent par anticipation.

Cet accroissement du disponible, que nous voyons grossir depuis quel que temps, nous avait fait craindre un refroidissement dans les affaires, d'où résulte comme première conséquence la crainte de voir mal vendues les coupes à exploiter. Il nous paraissait même tout simple qu'il restât quelques coupes invendues. Le commerce, moins timoré que nous, s'est empressé de s'assurer les exploitations à faire. Les bois sont vendus; il n'en restera pas sur pied; les ventes ont été faites à la grande satisfac

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