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`Si Votre Majesté daigne approuver ces propositions, je la prierai de vouloir bien signer le projet de décret ci-joint.

Je suis, etc.

Le ministre d'Etat,

A. WALEWSKI.

DÉCRET.

NAPOLÉON,

Par la grace de Dieu et la volonté nationale, Empereur des Français,
A tous présents et à venir, SALUT :

Sur le rapport de notre ministre d'Etat ;

Vu les lois des 14 floréal an X et 25 avril 1829 sur la pêche fluviale;

Vu le décret du 23 décembre 1810, portant que la surveillance et la mise en ferme de la pêche dans les canaux seront exercées par l'administration des ponts et chaussées;

Vu notre décret du 8 mai 1861, qui décide que la police, le curage et l'amélioration des cours d'eau non navigables ni flottables sont placés exclusivement dans les attributions de notre ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics; Vu l'arrêté des consuls du 13 messidor an IX, les décrets du 12 juillet 1808 et du 14 décembre 1810, relatifs à l'ensemencement et à la fixation des dunes du littoral maritime;

Vu les avis de nos ministres des finances et de l'agriculture, du commerce et des travaux publics;

Considérant qu'il importe, dans l'intérêt public, d'établir l'unité de direction dans les services qui se rattachent d'une part au régime des eaux, de l'autre au régime forestier,

Avons décrété et décrétons ce qui suit:

ART. 1er. La surveillance, la police et l'exploitation de la pêche dans les fleuves, rivières et canaux navigables et flottables non compris dans les limites de la pêche maritime, ainsi que la surveillance et la police dans les canaux, rivières, ruisseaux et cours d'eau quelconques non navigables ni flottables, sont placées dans les attributions de notre ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics, et confiées à l'administration des ponts et chaussées.

ART. 2. Les travaux de fixation, d'entretien, de conservation et d'exploitation des dunes sur le littoral maritime sont placés dans les attributions de notre ministre des finances et confiés à l'administration des forêts.

ART. 3.

Les dispositions énoncées aux deux articles précédents recevront leur exécution à partir du 1er juillet 1862.

ART. 4.

Nos ministres d'Etat, des finances et de l'agriculture, du commerce et des travaux publics sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret, qui sera inséré au Bulletin des lois.

Fait à Paris, le 29 avril 1862.

Par l'Empereur :

Le ministre d'Etat,

A. WALEWSKI.

Signé: NAPOLEON.

DE L'ACCROISSEMENT DES FUTAIES DE CHÊNE

DANS LES TAILLIS (1).

(Suite.)

II

Circonstances principales auxquelles doivent être attribuées les variations dans l'accroissement des futaies de chêne.

Au moment de l'exploitation d'une réserve de chêne de cent cinquante ans, par exemple, lorsqu'il s'agit de savoir quelle est la qualité de son bois, le cube qu'il donne, l'usage auquel il est propre et le prix que l'on en pourra retirer, les conditions autres que celles du sol et de l'exposition qui peuvent avoir exercé une influence sur son accroissement, ont, pour la plupart, disparu depuis longtemps; la tradition n'a pu en conserver le souvenir, et il ne reste ordinairement à proximité de l'arbre rien de ce qui pourrait renseigner à ce sujet.

Dans un taillis exploité à la révolution de trente ans, un chêne de cent cinquante ans a été réservé quatre fois. Antérieurement au premier choix que l'on en a fait, il était de même âge que le taillis au milieu duquel il s'est développé. Se trouvait-il alors dans une clairière, dans un fourré de bois durs, ou bien a-t-il crû au milieu d'un peuplement de bois tendres, de tremble, par exemple ? Lorsqu'il a été réservé comme baliveau, était-il rapproché de réserves plus âgées? Quelle a été sur lui l'influence de ces réserves, qui peuvent avoir disparu depuis un temps plus ou moins long sans laisser trace de leur existence?

Il peut paraître superflu d'énumérer un plus grand nombre des causes disparues sans qu'il soit actuellement possible d'en constater la nature, et qui peuvent avoir exercé une influence incontestable sur les réserves parvenues au terme d'exploitabilité.

Si l'on désire s'éclairer sur cette question, dont nous pensons avoir, dans un précédent article, démontré suffisamment l'importance, c'est par induction qu'il faut procéder. Nous chercherons d'abord à établir quels sont les caractères des réserves qui prennent un bon accroissement;

(1) Voir le numéro des. Annales forestières du mois d'avril 1862, p. 97.

ensuite nous essayerons de préciser quelles sont les influences qui peuvent favoriser ou retarder cet accroissement.

Lorsque l'on examine attentivement les chênes de grandes dimensions que l'on exploite de temps à autre dans les coupes de taillis, et qui deviennent de plus en plus rares, on reconnaît qu'ils présentent des caractères remarquables, soit que l'on s'attache à considérer leur aspect extérieur lorsqu'ils sont encore sur pied, soit que l'on étudie la section de leur tronc lorsqu'ils viennent d'être abattus.

Le port de ces arbres est généralement régulier. Examiné dans ces détails, on reconnaît que la partie de la tige propre au service, appelée fût, est verticale ou seulement légèrement infléchie; qu'à l'extrémité supérieure du fût, ou tronc, la tête de l'arbre se dessine nettement par des branches fortes et un peu redressées, au-dessous desquelles il ne s'en trouve pas de plus petites. Le branchage est vigoureux, régulièrement et presque symétriquement disposé autour d'un axe vertical qui est souvent formé par le fût et son prolongement jusqu'à la cime, et qui, dans le cas où la tige s'infléchit, comprend la cime et le tronc. Cette disposition du branchage, considérée dans son ensemble, répartit également la force de la végétation autour de l'arbre et assure assez bien l'équilibre de la séve que l'on obtient artificiellement par la taille.

La section de la souche montre des veines larges et indiquant une croissance rapide, régulièrement soutenue depuis la jeunesse et pendant la plus grande partie de l'existence des arbres.

Ces arbres sont généralement beaucoup moins âgés qu'on le croit à les voir. Ils sont parvenus jeunes à de fortes dimensions; ce n'est que plus tard que leur accroissement s'est ralenti et qu'il a fini par ne plus être accusé que par des veines minces.

La veine annuelle du chêne présente ordinairement deux zones distinctes l'une extérieure et de consistance cornée, l'autre intérieure et qui est poreuse (1).

Tant que l'arbre prend un fort accroissement, la proportion de la zone cornée domine dans la veine annuelle. A mesure que l'accroissement diminue, la zone cornée perd de son importance et finit par ne plus se distinguer de la zone poreuse que par une couche mince, et qui n'est plus que la moindre partie de la veine annuelle.

Les beaux chênes sont doués d'une grande longévité. Ils restent longtemps sains, et, quand leur accroissement n'est plus accusé que par des

(1) La zone intérieure doit son aspect poreux aux vaisseaux gros et nombreux dont elle est formée. Ces vaisseaux diminuent quelquefois insensiblement dans la zone cornée; quelquefois ils s'arrêtent brusquement à cette zone qui correspond à l'accroissement de l'été,

couches minces et presque entièrement poreuses, quand leur bois finit par s'échauffer, lorsqu'ils se piquent et deviennent caverneux, ils sont encore longtemps avant de perdre l'apparence d'une végétation vigoureuse.

Les arbres qui, avec l'âge, ne parviennent pas à acquérir de fortes dimensions sont les plus nombreux. On remarque que leur port est généralement défectueux, qu'ils ont plus de branches d'un côté que de l'autre, que la tête de l'arbre ne se dessine pas nettement, que les branches ont moins de vigueur que celles des beaux arbres, qu'elles sont souvent horizontales et quelquefois fléchissent à leur extrémité; qu'elles se produisent souvent au-dessous de la bifurcation et même le long du fût, jusqu'à une faible hauteur au-dessus du sol.

La section de leur souche indique un accroissement lent souvent dès le début, irrégulier et inégal pendant la durée de leur existence.

On distingue plusieurs espèces de chênes propres à être réservés pour croître en futaie. Les beaux arbres, dans certaines forêts, appartiennent de préférence à certaines espèces. Les différences qui ont été précédemment établies sont surtout saillantes dans les espèces auxquelles appartiennent le plus habituellement les beaux arbres.

Il semble à priori que les qualités du bois doivent être plus grandes lorsqu'il provient de beaux arbres que lorsqu'on le tire de sujets médiocres. C'est aussi ce que la pratique vient confirmer. La résistance du chêne, sa force, sa durée et son élasticité concordent généralement avec l'absence de nœuds, la régularité de la croissance, la forte proportion et la netteté de la zone cornée dans la veine annuelle.

Les défauts, tels que la roulure, la quadramure, la lunure, la gelivure et autres, tiennent à des causes qu'il est difficile de pénétrer; mais il semble également que ces causes mystérieuses doivent avoir moins d'action sur un sujet vigoureux que l'on aura eu soin de placer et de maintenir dans les conditions de végétation que l'on aura reconnues pour être les plus favorables à l'accroissement du chêne. C'est aussi ce que la pratique paraît devoir confirmer, car les beaux arbres, ceux qui présentent les caractères que nous avons indiqués, sont en général les moins sujets aux défauts des bois.

Il n'y a donc pas à craindre qu'en améliorant le traitement des futaies de chêne élevées sur les taillis, qu'en augmentant l'accroissement qu'elles prennent avec le traitement actuellement suivi, l'on vienne à nuire à la qualité du bois. Tout au contraire, il y a probabilité sérieuse pour qu'aux avantages que nous pensons avoir fait suffisamment entrevoir dans la première partie de cette étude vienne encore s'ajouter une augmentation dans la qualité des produits que l'on obtiendra.

Après avoir indiqué dans ce qui précède les caractères d'une bonne

végétation du chêne dans les futaies sur taillis, caractères qui se réșument dans la vigueur du branchage et dans sa disposition régulière autour de l'axe végétal de l'arbre, il nous reste à rechercher quelles sont les influences qui peuvent empêcher ces sortes de futaies d'avoir ces caractères qu'elles s'efforcent naturellement d'acquérir. Nous pensons que ces influences dépendent surtout du mode actuel de traitement des taillis composés.

Nous exposons dans ce qui suit les observations qui nous ont déterminé à penser ainsi. Elles sont de deux sortes, savoir; celles qui se rattachent à l'accroissement dans le taillis du hrin qui doit servir au recrutement de la réserve, et celles qui se rattachent à l'accroissement de la futaie depuis le moment où elle a été réservée pour la première fois jusqu'à l'époque de son exploitation.

Nous avons indiqué précédemment le principe actuel de la formation de la réserve dans les taillis de chêne qui consiste à réserver parmi les sujets de l'âge du taillis un certain nombre de baliveaux et parmi les réserves de la coupe précédente un certain nombre de modernes et d'anciens. Les usages varient beaucoup, tant sur le nombre des baliveaux à réserver que sur celui des futaies plus anciennes. Nous avons vu des taillis appartenant aux particuliers où l'on ne réserve que trepte à qua rante baliveaux, et d'autres où l'on en réserve de cinq à six cents par hectare. Il y a également des différences considérables dans la manière d'établir la réserve en futaies de deux révolutions et plus. Nous ne nous proposons pas d'apprécier ces diverses pratiques; ce que nous voulons en ce moment, c'est seulement examiner les conditions d'accroissement qu'elles font à cette futaie de différents àges ainsi confondus dans la réserye.

On peut considérer comme une réserve ordinaire celle qui consiste en cinquante à soixante baliveaux de l'age de la coupe ayec quarante à cinquante futaies de deux révolutions et plus à l'hectare.

Dans une coupe récemment exploitée, où l'on a fait la réserve ordinaire et même une réserve un peu moindre, si l'on se place en un point quelconque pris à l'intérieur, et que l'on examine attentivement les réserves qui sont à portée de la vue, on découvre presque toujours un nombre assez considérable de baliveaux qui sont gênés, ou sur le point de l'être, par des réserves plus anciennes, ou qui sont trop rapprochées de celles-ci pour qu'il leur soit possible de prendre de leur côté un développement régulier du branchage, condition essentielle d'une bonne végétation. D'autres baliveaux, qui sont assez éloignés des vieilles réserves, sont quelquefois par petits groupes de deux ou trois et se nuisent les uns aux autres par l'empêchement qu'ils mettent réciproquement au développement régulier de leur branchage.

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