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d'entre eux, à l'effet de fixer la clôture de la chasse au 1er janvier, en raison de la rareté du gibier.

Nous ne tiendrions pas la mesure proposée pour bien efficace. Ce n'est point l'exercice de la chasse qui cause outre mesure la destruction du gibier quand il se fait dans la mesure des règlements, c'est le braconnage. Le meilleur moyen de prévenir ses effets destructeurs ne serait-il pas d'interdire et de réprimer le colportage, la vente et la détention de toute pièce de gibier qui porterait les traces d'une provenance suspecte, telles que, par exemple, celle des collets au cou des lièvres et des chevreuils?

La chasse fut de tout temps un plaisir royal, et il n'y a pas une seule des dynasties qui ont gouverné la France qui n'ait tenu cet art en grand honneur, Pépin le Bref dut à la renommée qu'il s'était faite en chassant plus peut-être qu'à sa naissance l'honneur d'être élu roi et de devenir le chef de la race des Carlovingiens; Charlemagne entretint des équipages nombreux; Charles VIII peupla la France de rennes et de léopards; Charles IX, tout seul et sans chien, força un cerf; Catherine de Médicis maniait habilement l'arquebuse; François Ier fut surnommé par du Frouilloux le Père de la vénerie; Henri IV préluda aux fatigues et aux exploits de la guerre par des exercices cynégitiques: il chassait l'ours dans les Pyrénées, et l'on cite une de ces chasses périlleuses où deux de ses pages et six de ses gardes perdirent la vie. Louis XIV, en envoyant Philippe V sur le trône d'Espagne, lui recommandait de se livrer à la chasse, en disant qu'il n'y avait pas de distraction plus innocente.

S. M. Napoléon III, en établissant le prestige monarchique et en formant une cour, devait naturellement rétablir la vénerie; aussi, les chasses ont-elles figuré noblement dans les fêtes qu'il vient de donner, cet automne, au château de Compiègne.

Elles ont débuté, dès la première semaine qui a suivi l'arrivée de Leurs Majestés, par une chasse à courre.

Le rendez-vous était fixé au carrefour du Fort-Poirier. Lorsque, à deux heures de l'après-midi, l'Empereur y est arrivé, en compagnie de l'Impératrice et de la princesse Mathilde, il a trouvé une foule considérable de cavaliers et de voitures qui stationnaient depuis le matin. Le temps était magnifique. Un dix-cors a été immédiatement attaqué aux étangs. L'animal entraîna d'abord la chasse, commandée par M. le prince de la Moskowa, dans la direction des côtes de Sainte-Périne; puis, il revint au lancé, où il se fit battre durant plusieurs heures. Les cors sonnaient le bien-aller, les cavaliers redoublaient d'ardeur, la meute, accrue des relais, serrait de près le cerf quand celui-ci, assez heureusemeut inspiré pour la conservation de sa vie, traversa l'Aisne aux environs de Francport et alla se perdre daus la forêt de l'Aigue. L'arrivée de la nuit vint s'opposer à ce qu'on l'y suivît. Les curieux qui s'étaient assemblés en grand nombre dans la cour du palais, se réjouissant à l'avance du bean spectacle de la curée aux flambeaux, furent donc obligés, à grand regret, de remettre à une autre occasion le plaisir qu'ils se promettaient.

:

Deux jours après a eu lieu une chasse à tir dans le parc réservé. On distinguait au nombre des tireurs S. A. le prince Murat, S. E. l'ambassadeur d'Espagne, le prince de la Moskowa, le marquis de Toulongeon et M. Clary. Dans l'après-midi, l'impératrice, accompagnée de quelques dames, est venue rejoindre la chasse. Neuf cent soixante-seize pièces ont été tuées.

Nous ne citerons point toutes les chasses qui suivirent. Nous nous bornerons à

rendre compte de celle du 29 novombre, qui a certainement été la plus belle et la plus heureuse de la saison.

LL. MM. Empereur et l'Impératrice sont montés à cheval au carrefour du Puitsdu-Roi et ont assisté à l'attaque avec tous leurs invités, au milieu desquels la foule regardait avec curiosité les traits énergiques et le costume pittoresque des chefs algériens, dont les magnifiques chevaux arabes étaient richement harnachés à la manière orientale.

Après trois quarts d'heure d'une chasse parfaitement menée, et dont la plupart des curieux, venus pour voir ce spectacle, ont pu suivre toutes les phases diverses, le cerf a été porté bas près du Puits-du-Roi, au carrefour de l'Embrassade, où on a fait à la meute la curée chaude.

La curée froide a eu lieu le soir, à neuf heures, dans la cour d'honneur du palais, et les chefs arabes assistaient avec l'empereur, l'impératrice et le prince impérial à ce dernier épisode cynégétique de la journée, pour lequel les porteurs de flambeaux et les employés de la vénerie, tous au grand complet, et les cheveux poudrés à blanc, avaient revêtu leurs costumes de gala.

Comme d'habitude, les grilles du palais avaient été ouvertes au public.

Une médaille d'or de 500 francs est offerte par le Comité central de la Sologne, à celui qui lui fournira, en 1863, le meilleur mémoire sur les procédés du boisement à préférer en Sologne, les essences qui doivent y étre employées soit isolément, soit simultanément.

Ceci est un nouveau témoignage du progrès que font partout les idées du reboisement.

Voici les résultats d'une grande chasse à tir qui a eu lieu, le 20 novembre, sur les propriétés de M. de Tartigny, près de Breteuil. Vingt tireurs, parmi lesquels on a cité M. de Plancy et M. de Corberon, députés de l'Oise, M. Léon Chevreau, préfet de l'Oise, et M. Cornuau, préfet de la Somme, ont tué cent trente-quatre lièvres, deux cent-soixante lapins, trente perdreaux, trois bécasses, deux renards et une sarcelle, en tout quatre cent vingt pièces.

Le samedi suivant, M. de Corberon a reçu les mêmes chasseurs à son château de Saint-Maurice, près de Beauvais, et on a tué cette fois deux cent vingt-quatre pièces de gibier.

Le Nemrod de l'Atlas, Jules Gérard, après s'être vainement attaché à quelques projets de colonisation en Algérie, où l'ivraie étouffe trop souvent, hélas! le bon grain de l'initiative privée, a secoué, dans son légitime dépit, la poussière nationale de ses sandales et pris le bâton de pèlerin, pour aller prêcher, en Angleterre, une croisade sui generis en faveur de l'Afrique centrale. Ses conférences ont beaucoup de succès, et cela ne nous étonne pas, car personne n'est mieux doué que notre intrépide compatriote pour parler de la terre africaine, que ses nombreux voyages l'ont mis à même de connaître et où la renommée de ses chasses l'a posé en héros et lui ouvrira certainement tous les douars dans ses futures explorations. Son projet est de fonder une colonie indépendante dans la contrée montagneuse où le Niger a, jusqu'à ce jour, caché ses sources aux yeux des explorateurs européens.

Nous lui souhaitons cordialement une complète réussite. Il nous plairait d'entendre dire un jour qu'il se développe, dans un pays réputé mystérieux, inabor

dable et sauvage, un royaume prospère, fondé par un colon incompris des possessions françaises. Jules Gérard s'est déjà, en quelque sorte, taillé un blason par ses exploits cynégétiques. Il pourrait presque, sans susciter de protestation, porter un lion d'or, sur champ d'azur. Nous voudrions lui voir timbrer cet écu d'une couronne royale.

Et pourquoi non ? Il va partir avec assez de ressources pour acheter un territoire et d'assez bons compagnons pour le défendre. L'empire romain a commencé avec moins que cela. SIMBALD.

A NOS ABONNÉS.

L'année qui finit avec cette livraison est la vingt et unième de l'existence des Annales forestières.

Ce recueil a été fondé en 1842 et patronné par des agents forestiers parvenus aujourd'hui aux grades élevés de l'administration des forêts. Les Annales forestières ont eu, dès leur début, de grandes luttes à soutenir et de pénibles difficultés à surmonter. Nos lecteurs connaissent l'historique de ces faits, nous n'avons donc pas à nous y arrêter.

La situation était devenue difficile en 1855, époque où la direction actuelle, ne reculant pas devant une lourde charge, entreprit de relever le seul recueil forestier qui existât, et qui avait rendu de si incontestables services. Cette direction, composée des mêmes éléments que les précédentes, fit un nouvel appel aux agents, aux propriétaires, aux maîtres de forges, aux marchands de bois, à tous ceux, en un mot, que les intérêts forestiers concernent.

Notre appel a été favorablement accueilli à l'étranger comme en France, et, depuis 1855, nous continuons à soutenir avec dévouement l'œuvre de nos devanciers. Nous avons jusqu'ici conservé les sympathies que notre indépendance avait acquises, et notre persévérant dévouement nous en a conquis de nouvelles. La Société forestière, reconnaissante de nos efforts, nous apporte son concours; aussi la période commencée en 1862 s'ouvre-t-elle sous de favorables, auspices.

Pour reconnaître ces témoignages de sympathie qui nous flattent, nous voulons montrer que toujours le même désintéressement préside à nos actes; nous offrons gratuitement, et à titre de prime, aux abonnés nouveaux qui s'inscriront pour 1863, le premier volume de cette période nouvelle commencée en 1862. Nous leur offrons également, à prix très

réduit, la collection de la IVe série des Annales forestières et métallurgiques qui, commencée par nous en 1855, se continue jusqu'à l'année 1861. Cette collection est la seule de laquelle nous puissions disposer, puisque l'ancienne Société des Annales forestières a conservé les collections antérieures.

L'importance de cette IVe série, qui nous appartient, est de sept volumes d'Annales et deux volumes du Bulletin administratif et judiciaire; ensemble neuf volumes grand in-8°, qui seront envoyés au prix de 35 francs, rendus franco, à ceux qui en feront la demande en joignant au montant de leur abonnement ce prix en un bon sur la poste, ou toute autre valeur sur Paris.

Voués à la défense des intérêts forestiers, nous voulons populariser toutes les questions qui les concernent; nous voulons éclairer la propriété privée, la guider au besoin, lui venir en aide toujours.

MM. les abonnés recevront, gratuitement et franco, l'Annuaire forestier de 1863, qui paraîtra prochainement.

Décembre 1862.

ERRATA.

:

Page 45, ligne 7, au lieu de chauffage n° 2, 25 stères, lisez chauffage n° 2, 20 stères.

Page 45, ligne 16, au lieu de administrations anciennes, lisez signalés plus haut.

pour obvier aux inconvénients signalés par les pour obvier aux inconvénients que nous avons

Page 70, ligne 58, après les mots dix-sept, ajoutez ceux-ci : dans le cours de l'année 1861.

Même page, ligne 39, après ces mots: par l'exposant lui-même, ajoutez: antérieurement à cette année.

Page 257, ligne 13, après les mots : représente un travail: fort, lisez fait.

FIN DU PREMIEr volume de la NOUVELLE PÉRIODE. (21° ANNÉE.)

TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES

CONTENUES DANS LE PREMIER VOLUME DE LA NOUVELLE PÉRIODE.

(21 ANNÉE.)

A

Abonnés (A nos), p. 192, 369 et 377.- Acajou (Emploi de l') pour la construction des navires. p. 287.-Accroissement annuel des arbres, p. 270. Accroissement

225.

(De l') des futaies de chêne dans les taillis sous futaies, par un membre de la Société forestière, p. 97, 132, 193, 289. -Adjudications de bois dans les forêts de l'Etat, p. 246 et 274; - des forêts de Bizy et de Vernon, p. 244. Administrateurs de la direction générale des forêts. MM. Urguet de Saint-Ouen et Dubouays de la Bégassière, p. 223. — Admission dans le corps forestier en Russie, p. 286. - Agents forestiers (Du chauffage des), par M. X. de Forestel, p. 40. Alep (Pin d'). Exploitation, p. 287.Algerie, Concession de forêts en Algerie, p. 222, 256 et 371.- Concessionnaires (Réunion des), p. 319. - Etat actuel de l'Algérie : eaux, forêts, arboriculture, par M. Al. de R..., p. 213. Exploitation des forêts de chêne-liege en Algerie, par M. Simbald, p. 170, 197, Nouveau cahier des charges relatif à cette exploitation, p. 157. Exploitation de pins d'Alep et de chêneszeen, p. 287. Produits forestiers de l'Algérie à l'Exposition universelle de 1862, par M. Simbald, p. 69, 114. — Lettre de M. de Cherrier, inspecteur des forêts, faisant fonction de conservateur à Alger à cette occasion, p. 151. - Richesses mineralogigues de l'Algérie, par M. Simbald, p. 334.- Amérique. Les forêts américaines, p. 276. — Animaux utiles (Acclimatation et domestication des), par M. d'Arbois de Jubainville, garde général des forêts, p. 139. — Anvers (Augmentation de l'importation du bois a), p. 286. — Arbre (L'), réponse à M. Mathieu, à l'occasion de son article bibliographique intitulé: l'Arbre, par M. Edouard Morren, p. 141. Assurances contre l'incendie pour les forêts de chêne-liége, par M. A.-L. de R..., p. 309. Avancement, p. 370.

B

Baudrillart, nommé conservateur des forêts à Epinal, p. 285.- Bibliographie.— Clavé. Etudes sur l'économie forestière,

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par M. d'Arbois de Jubainville, p. 180. Crescence (Pierre de). Etude au point de vue forestier de l'ouvrage intitulé: Des prouffits champêtres et ruraux, par M. X..., p. 53.-Estienne (Charles). Etude au point de vue forestier de l'ouvrage intitulé: Agriculture et Maison rustique, par M. X..., p. 251, 277. Forêt (La), par A. Rossmaesfler, publié à Leipzig, P. 192. Bois des colonies françaises à I'Exposition universelle de 1862, par M. Simbald, p. 301. · Bois de la Nouvelle-Calédonie à l'Exposition de 1862, par M. Simbald, p. 117. Bois de la Guyane française à l'Exposition universelle de 1862, p. 220. Bois (Commerce des) et sciage dans les Etats-Unis, p. 49. Bois (Les) en Italie, par M. Bersezio, p. 352. Bois (Commerce des), nécessité d'une circulaire ministérielle qui fixe les dimensions, p. 32. Bois. Suppression dans la construction des voies ferrees, p. 373. Bois: procédé pour le durcir et le rendre incombustible, p. 374. Bois (Pourriture des) et moyen de la prévenir, p. 62. Bourses créées à l'Ecole forestière de Nancy. Décret qui les institue, p. 223. Bûcheron (Le Lion et le), p. 189. Bulletin forestier, par M. D..., janvier 1862, p. 25; mars, p. 82; avril, p. 119; mai, p. 146; juin, p. 176; juillet, p. 209; août, p. 242; septembre, p. 271; octobre, p. 310; décembre, p. 359.

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Campêche (Propriété désinfectante du bois de), p. 228. Canaries (Essences foresChasse. tières aux), p. 266 et 345. Effet excessif des fatigues de la chasse, p. 95. Fait de chasse, p. 189. Chasses impériales de Compiègne, p. 375. Chasse particulière, p. 376. Mesures ayant pour objet la conservation du gibier, p.374. Chauffage (Du) des agents forestiers par M. X. de Forestel, P. 40. Erratum commis dans cet article, p. 128. Chênes. Dommage causé aux jeunes chênes par le cusculio argentaíus et mollis, p. 192. Chênes-liege. Concessions en Algérie, p. 222, 255 et 371. Concessionnaires (Réunion des), p. 318. Cahier des charges pour l'exploitation en Algérie, p. 157. Exploitation en Algérie par M. Simbald, p. 170,

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