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rival d'Aristide et de Nicomaque dans ce genre de peinture. Athénée le met au nombre des artistes que les anciens appelaient Pornographes.

PAUSON OU PASSON vivait à-peu-près dans le même temps que Polygnote. Celui-ci fit les hommes meilleurs qu'ils ne sont, dit Aristote; Pauson les fit pires et Dionysius tels qu'ils sont en effet ; ce qui semble signifier que Polygnote releva la nature humaine par un caractère idéal; que Pauson ne représenta qu'une nature ignoble et pauvre; et que Dionysius se contenta d'imiter la nature telle qu'elle se présente ordinairement. OElien rapporte qu'on chargea Pauson de représenter un cheval qui se roulait par terre; que le peintre fit un cheval courant, et que celui à qui était destiné l'ouvrage étant mécontent de ce qu'on n'avait pas rendu sa pensée : «Il n'y a qu'à renverser le tableau, lui répondit Pauson, et ce sera un cheval qui se roule.» Si l'on admettait ce conte, il faudrait supposer qu'alors les peintres ne représentaient pas encore les ombres portées, et qu'ils ne faisaient voir aucune différence entre le ciel et le terrain. Cette supposition serait absurde, puisque les tableaux de Polygnote, estimés d'Aristote, l'étaient encore dans le cinquième siècle de notre ère. C'est vainement qu'on objecterait que les tableaux de Pauson étaient inférieurs à ceux de Polygnote. Aristote n'eût pas daigné en faire mention, s'ils eussent été absolument mauvais pour leur temps, et le nom de Pauson aurait été oublié au temps d'OElien.

PERSÉE, élève d'Apelles, serait tombé dans l'oubli, si ce grand peintre ne lui avait pas adressé les écrits qu'il avait composés sur son art. On ne saurait trop regretter que le temps ait détruit tous les livres écrits par des artistes grecs. Il ne se trouva personne qui daignât les transcrire, quand les arts furent tombés dans le mépris chez les Grecs devenus barbares. Persée fut contemporain d'Aristide, l'élève d'Aristide le Thébain. Il laissa deux fils, Nicéros et Ariston. Les élèves de Persée furent Antorides et Euphranor.

PHALERION peignit la Sylla de la fable.

PHASIS fut un peintre de quelque réputation; on lit dans l'Anthologie grecque une épigramme dont une de ses peintures a fourni le sujet.

PHIDIAS, regardé comme le plus habile des sculpteurs de l'antiquité, cultivait aussi la peinture avec succès. Il florissait du temps de Périclès, vers 445 ans avant notre ère. Il peignit à Athènes ce même Périclès, surnommé l'Olympien, comme l'entendent quelques interprètes, ou plutôt Jupiter Olympien,comme l'entend M. Heyne, qui ne croit pas que, pour nommer Périclès, on ait employé le mot Olympius, sans rien ajouter qui le désignât plus particulièrement. Phidias était d'Athènes ; il reçut des leçons d'Eladas et d'Hippius, et parut dans un temps favorable aux arts; Périclès le distingua particulièrement, et le fit l'ordonnateur et l'arbitre de ses grandes entreprises. On peut conjecturer de ce que les auteurs ont écrit de Phidias, que le siècle d'Alexandre compta des artistes qui surent donner plus de grâce à leurs ouvrages, mais qu'aucun n'atteignit à ce caractère de grandeur qu'il savait donner à ses compositions. Toute l'antiquité se plut à célébrer son Jupiter Olympien. Il disait lui-même que l'idée de ce chef-d'oeuvre lui avait été inspirée par ces vers d'Homère qui représentent le maître des Dieux ébranlant l'Olympe d'un mouvement de ses noirs sourcils. On trouve dans Pausanias la description de cette statue que M. Quatremère de Quincy a rétablie d'une manière fort ingénieuse, d'après cette même description. Cette tentative, dont aucun artiste n'avait eu l'idée avant M. Quatremère, pour aucun des chefs-d'oeuvre de l'antiquité qui ne nous sont connus que par ce que nous en disent les auteurs, est un véritable tour de force. La statue de Minerve, dans le Parthenon, à Athènes, était au nombre des ouvrages célèbres de Phidias, Cette statue était d'or et d'ivoire. S'il est vrai, comme dit Pausanias, qu'une Victoire, haute de quatre coudées, était sur sa poitrine, l'ouvrage devait être dans son ensemble d'une grandeur colossale, Phidias fit une autre Minerve en bronze qui fut aussi d'une

très-haute proportion, puisque les voyageurs apercevaient de Sunium le cimier de son casque et le fer de sa lance. La Vénus Uranie, exécutée en marbre de Paros, qui était dans le temple de cette déesse, près du temple de Vulcain, la Pallas-Lemnia, ainsi nommée parce qu'elle fut dédiée aux habitans de Lemnos, étaient regardées comme des monumens dignes des divinités qu'ils représentaient. Dans le temple de Némésis, près de Marathon, Phidias avait fait en marbre de Paros la statue de cette divinité vengeresse. Ce marbre, qui servit à consacrer la défaite des Perses, avait été apporté par eux pour élever un monument de leur victoire. A Mégare, dans le temple de Jupiter Olympien, était la statue de ce dieu que Théocosmus de Mégare et Phidias avaient commencée ensemble et n'avaient pas terminée. Phidias avait fait pour les habitans de l'Elide deux statues; l'une représentait Jupiter, et l'autre un jeune homme ceint d'une bandelette; pour la citadelle d'Elis, une statue de Minerve en or et en ivoire; pour les Platéens, une autre statue de la même déesse. On voyait à Delphes un grand nombre de ses ouvrages. Il réussissait à faire le portrait avec beaucoup de ressemblance. On admirait ceux qu'il avait placés dans les bas-reliefs dont il ornait ses statues. La main qui dessinait les figures colossales de Jupiter et de Pallas s'amusait à donner au marbre la forme d'un poisson, d'une cigale, d'une mouche; et les délassemens d'un habile homme étaient encore célébrés plusieurs siècles après sa mort. Phidias eut contre luì et les ennemis de son génie, et les ennemis de Périclès qui persécutèrent le protecteur dans la personne du protégé. Ils l'accusèrent d'avoir soustrait une partie de l'or qui était entré dans la statue de Minerve; mais, par le conseil de Périclès, il l'avait appliqué de manière qu'on pouvait le détacher, et il lui fut aisé de confondre ses accusateurs. Cependant on assure qu'il finit ses jours en prison. On lit dans une déclamation de Sénéque, que les Eléens n'obtinrent des Athéniens la permission d'appeler chez eux Phidias pour faire le Jupiter Olympien qu'à condition qu'ils leur rendraient ou cet artiste lui-même, ou cent talens: mais que, l'ouvrage fait, ils

l'accusèrent d'avoir soustrait une partie de l'or qu'ils lui avaient confié, lui coupèrent les mains et le renvoyèrent aux Athéniens ainsi mutilé. Ce conte n'est qu'une narration falsifiée du traitement que lui firent éprouver ses concitoyens eux-mêmes. On voyait à Rome, du temps de Pline, une Vénus en marbre, que l'on regardait comme un ouvrage de Phidias.

PHILISQUE représenta l'atelier d'un peintre, avec un petit garçon qui souffle le feu.

PHILOCLÈS, d'Egypte, était regardé par quelques-uns comme l'inventeur de la peinture linéaire, ou le dessin au simple trait, relevé de quelques hachures.

PHILOKHARÈS OU PHILOTERUS fut un peintre très-habile, dont les ouvrages méritèrent d'être mis à côté des meilleurs tableaux de Nicias. Jules César avait fait placer, dans la salle du sénat, un tableau de Philokharès, qu'on ne pouvait voir sans admiration : il représentait un jeune homme dans l'âge de la puberté, qui ressemblait parfaitement à son père, sauf l'intervalle des âges. Un aigle planant dans les airs, et tenant un serpent dans ses serres, se voyait au-dessus du tableau, et était l'emblême qui attestait que ce chef-d'œuvre était l'ouvrage de Philokharès. On a cité avec des éloges plus grands encore un autre tableau où le même artiste avait représenté ses deux fils, Glaucion etAristippe, dont les portraits faisaient l'admiration du peuple et du sénat romain, quoique ces jeunes gens n'eussent mérité par eux-mêmes aucune sorte de célébrité. Il est probable que Philokharès n'était qu'une qualification flatteuse donnée par l'admiration générale à Philoterus qui était le véritable nom de l'artiste. Au moins cet aigle chasseur, qui se voyait au-dessus du tableau, le fait présumer. Il est vraisemblable que cet aigle était l'emblême de l'artiste, auteur du tableau, dont le nom signifie ami de la chasse.

PHILOPINAX devint amoureux d'un tableau qu'il avait fait, comme Pygmalion devint amoureux de sa statue; et ce fut, sans doute,

cette passion qui lui fit donner le surnom par lequel seul il nous est connu. Aristénète parle de Philoponax dans sa dixième lettre.

PHILOXÈNES, d'Erétrie, élève de Nicomaque, se distingua par de grandes compositions. On remarquait surtout son combat d'Alexandre contre Darius, tableau qui se soutenait à côté des meilleurs ouvrages de l'art. Il imita la promptitude de son maître ; il inventa même des moyens de travailler encore plus vîte que Nicomaque, et dans la suite on se piqua d'être encore plus expéditif. Philoxènes devint un peintre du premier ordre, et sur qui nul artiste ne mérite de remporter la palme. Il avait peint un tableau lascif, où l'on voyait trois Silènes en débauche de table.

· PHITHODICUS avait acquis de la réputation; c'était un peintre distingué, mais qu'aucun de ses ouvrages n'a placé au premier rang. PHRYLUS est mis au nombre des artistes grecs qui ont cultivé la peinture avec succès dans la XCe olympiade.

PISANUS fut un peintre et un ciseleur très-habile: pour mieux faire connaître son mérite dans ces deux genres, il prenait dans ses ouvrages ciselés le titre de peintre, et dans ses tableaux le titre de ciseleur. On lit sur une médaille en bronze de l'empereur Jean Paléologue: Ouvrage du peintre Pisanus.

PITHAGORAS, de Paros, avait peint les Grâces. Ce tableau était conservé, dit Pausanias, dans le palais d'Attale, à Pergame.

PLACIDIANUS paraît avoir été un mauvais peintre au siècle d'Auguste; Horace le tourne en ridicule dans sa septième satire.

PLISTHOENÈTES, frère de Phidias, fut lui-même un artiste d'un grand renom; Plutarque en parle dans son ouvrage, qui a pour tître: Si les Athéniens furent plus célèbres par la gloire que par la paix.

POLÉMON, d'Alexandrie, est du nombre des peintres du troisième rang que Pline cite avec éloge. Diogène Laërce prétend qu'il avait écrit sur la peinture,

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