Page images
PDF
EPUB

n'a jamais été à Troie, que Ménélas l'ait trouvée en Egypte après la prise de cette ville, elle peut bien aussi n'avoir jamais su faire de tapisserie; peut-être la peinture était-elle absolument inconnue de son temps dans Argos et dans tout le Péloponèse; peut-être l'étaitelle de même dans Troie. Homère aura prêté aux femmes troyennes l'industrie des femmes ioniennes. Quoi qu'il en soit, on ne peut douter que la peinture ne fût connue, au moins dans quelques endroits de la Grèce, du temps de ce poète qui vivait, suivant la chronique de Paros, 907 ans avant notre ère. On ne sait donc à quelle époque placer Hygiêmon et Dinias, qui ne savaient peindre encore que d'une seule couleur, et Charmade, qui trouva l'art encore si grossier, qu'il inventa le premier, celui de faire connaître la différence des sexes dans les ouvrages de peinture. On ne sait trop ce que Pline veut dire quand il parle d'un Eumarus qui imita toutes sortes de figures. Veut-il faire entendre que ce peintre représenta des figures de tout âge, de tout sexe, et dans toutes sortes de positions, ou qu'il ne se contenta pas de faire des figures humaines, mais qu'il représenta aussi des animaux? Quoi qu'il en soit, il nous apprend que cet Eumarus fut imité par Cimon. Ce fut Cimon qui, le premier, varia le mouvement des têtes, les faisant regarder en haut, en bas, de côté; il marqua les articulations des membres, il exprima les veines, il fit sentir les plis et les sinuosités des draperies. Si c'est à lui qu'on doit toutes ces inventions, qu'était donc la peinture lorsqu'on ne savait encore rien de tout cela?

La peinture encaustique, ou peinture par l'entremise de la cire et du feu, est de l'invention d'un artiste dont le nom est incertain. Quelques-uns en font honneur à Aristide, et supposent que cet art fut ensuite consommé par Praxitèle. Mais, du temps de Pline encore, on connaissait des peintures encaustiques plus anciennes, et notamment de la façon de Polygnote, de Nicanor et d'Archélaùs de Parium; on lisait encore à Egine une inscription qui portait: Lysippe composait ce tableau encaustique. Inscription qui donnait à ce genre de peinture une plus haute antiquité. Pausias, de Sicyone, le cultiva le

premier avec succès; Pamphile, qui eut Apelles pour élève, fit. non-seulement des peintures encaustiques, mais encore tint école de cet art. Il est certain que les anciens connurent deux sortes de peinture encaustique; l'une, plate, à la cire diversement colorée; l'autre, sans cire et à la couleur, mais incrustée dans des sillons faits à l'ivoire. avec le cestre ou poinçon; et qu'à ces deux manières, succéda une troisième peinture encaustique, qui fut celle du pinceau trempé dans des cires colorées et fondues au feu. Cette troisième peinture encaustique fut affectée aux vaisseaux, parce qu'elle résiste au soleil, à l'eau salée, et aux bourrasques des vents. Elle était encore en usage, du temps de Boëce. On avait commencé par peindre en couleurs sèches en joignant des morceaux de bois de différentes couleurs ; c'est ce que nous appelons marquetterie : en rapprochant des pierres diversement colorées; c'est la mosaïque : en se servant de l'aiguille pour attacher sur un fond des substances fibreuses, telles que le coton, la laine, la soie; c'est ce que nous nommons broderie en employant et distribuant ces mêmes substances à l'aide de la navette; c'est ce que l'on appelle travailler en étoffes. Bien des peuples n'ont employé que quelques-unes de ces manières de peindre, et l'on peut soupçonner qu'en général, elles ont précédé la peinture au pinceau. Nous croyons que les anciens étaient plus avancés que nous dans la recherche des matières colorantes. Nous n'en voulons d'autres preuves que les fragmens de leurs peintures, considérés seulement sous le rapport matériel, et qui ont conservé depuis deux mille ans les teintes les plus vives, les nuances les plus délicates et les plus fugitives; tandis que tous nos tableaux sans exception, et particulièrement les tableaux peints à l'huile, et qui ne remontent qu'à quelques centaines d'années, ont perdu presque tout leur éclat; et remarquons bien que c'est depuis que la chimie a fait de si grands progrès, et à mesure que la manutention de la peinture s'est perfectionnée, que cet effet déplorable se fait sentir davantage; les tableaux tout-à-fait modernes sont ceux dont la couleur change le plus rapidement; et, si nous remontons vers l'époque de la renaissance

de l'art, nous voyons avec étonnement que de mauvais tableaux faits! aux XIIe et XIIIe siècles, par des Grecs réfugiés en Italie, ou par leurs élèves, ont conservé un coloris frais et brillant. Si nos profondes et réelles connaissances en chimie ne nous avaient pas rendu d'autre service, les arts n'auraient certainement pas à s'en féliciter. La plupart des couleurs employées par les peintres anciens nous sont connues; nous pourrions en citer par leur nom jusqu'à vingt-huit, d'après Pline, qui peut être une autorité comme naturaliste, Vitruve et même Properce, Plaute, etc. Parmi ces couleurs il y en a plusieurs dont nous avons perdu la composition, malgré les recherches de nos chimistes.

[blocks in formation]
[ocr errors]
[blocks in formation]

COLORES NOBILIORES.

Albus.

Flavus.
Ruber.

Purpureus.

Viridis.

Cæruleus.

Niger.

Ces couleurs étaient elles-mêmes subdivisées en une quantité considérable de nuances. En voici quelques-unes. Nous les donnons en latin parce que plusieurs ne pourraient être exprimées en français sans perdre de leur signification.

[blocks in formation]
[blocks in formation]
« PreviousContinue »