Page images
PDF
EPUB

gnote, est honorablement mentionné par Pline, qui le fait vivre dans la XC olympiade, et par Quintilien qui le met sur le même rang que Polygnote. Ses tableaux ont un autre mérite que celui de l'antiquité; ces premiers essais, ces premières ébauches de l'art ont conservé, dit-il, dans l'estime des connaisseurs, le même rang que les ouvrages plus achevés qui sont venus après eux.

AGLAOPHON, de Thasos, eut la gloire de former par ses leçons le célèbre Polygnote. Alcibiade, revenu d'Olympie à Athènes, exposa en public deux tableaux d'Aglaophon dans l'un, le peintre l'avait représenté couronné par Pythias et Olympias; dans l'autre, il était sur les genoux de Némée assise; les traits de sa figure étaient plus fins et plus délicats que ceux d'une femme. Plutarque, dans la vie d'Alcibiade, attribue ce second tableau à Aristophon; Athénée dit au contraire qu'il est d'Aglaophon; Grégoire de Naziance met cet artiste au rang des peintres les plus distingués.

ALCIMAQUE peignit l'athlète Dioxippe, qui fut vainqueur sans poussière et à toutes sortes de luttes, aux olympiques, et vainqueur également à toutes sortes de combats, mais avec poussière aux jeux Néméens. Pour bien comprendre ces mots, il faut se rappeler que vaincre de prime abord et sans exciter de poussière, ainsi que nous l'apprend Elien, était la suprême gloire de ces jeux. Athénée parle quelque part de ce Dioxippe.

ALCISTHÈNE avait peint un danseur; il est mis par Pline au nombre des peintres du troisième ordre qui avaient acquis une juste réputation.

AMPHION fut un peintre très-habile; Apelles se reconnaissait inférieur à lui pour l'ordonnance. Amphion florissait dans la CVIII olympiade.

AMULIUS Vivait sous Néron. La gravité de ce peintre, qui ne quittait pas même la toge pour travailler, peut faire croire qu'il n'était pas d'une condition commune. La même décence qu'il observait sur sa personne, se remarquait dans ses ouvrages : C'était un peintre à-la-fois

sévère et brillant. Je ne sais pourquoi Pline l'appelle peintre de sujets communs, humilis rei pictor, lorsqu'entre ses ouvrages, il fait mention d'une Minerve qui regardait le spectateur de quelque côté qu'on l'examinât Ce n'est point sans doute un sujet humble et commun que la représentation de la plus sage, la plus imposante, et l'une des plus belles des déesses. Amulius ne donnait chaque jour que quelques heures à la peinture. On voyait peu de ses tableaux, parce que, occupé constamment par Néron, la maison dorée de ce prince fut la prison du talent de l'artiste. Isaac Vossius veut que ce peintre se soit appelé Fabullus, et que ce soit par erreur que dans quelques manuscrits de Pline on ait écrit Amulius.

ANAXANDER, peintre du troisième rang, cité par Pline, comme ayant eu de la réputation.

ANAXANDRA était fille du peintre Néalcès. On ne sait rien de plus sur cette femme artiste.Didyme et Clément d'Alexandrie n'en parlent qu'en passant.

ANDRÉAS, peintre du bas empire, cité par Cedrenus.

ANDROBIUS peignit Scyllis coupant les ancres des câbles de la flotte des Perses. Ce Scyllis était un excellent plongeur, dont il est fait mention dans Pausanias et dans Strabon, et qu'Apollonidas a loué dans une épigramme qu'on lit dans l'anthologie grecque.

ANDROCIDES, de Cyzique, était contemporain de Zeuxis; il se fit une réputation dans ce que nous appelons peinture de genre. On parlait avec éloge des monstres marins qu'il avait peints autour de Sylla. Il y a tout lieu de soupçonner que l'art avait fait encore de bien faibles progrès dans la couleur et dans ce maniement du pinceau et qu'Androcydes ne méritait pas la réputation qu'il a obtenue ; car ce sont ces deux parties de l'art qui donnent de la valeur au genre qu'il exerçait. Un autre peintre du même nom, peignit, à Thèbes, un tableau de bataille qu'il fut obligé d'abandonner, sansle finir, lors de la révolte des Thébains contre Sparte. Ce tableau fut ensuite consacré dans un temple par le conseil de Ménéclyde, orateur, ennemi

de Pélopidas, qu'il croyait humilier par-là; car la victoire que le peintre avait représentée avait été remportée par un autre général.

ANTIDOTE, disciple d'Euphranor, et, selon Pline, de Cydias, vivait dans la CIVe olympiade, 364 ans avant J.-C. Ce peintre paraît avoir eu plus d'exactitude que de fécondité. Sa couleur était sévère. Il avait peint, à Athènes, un guerrier qui se servait de son bouclier pour combattre, un lutteur et un joueur de flute. Les Grecs louaient ce dernier tableau comme une des meilleurs productions de l'art; mais ils regardaient comme un titre plus glorieux encore pour Antidote, d'avoir été le maître de Nicias d'Athènes.

ANTIGONE, mentionné par Pline, avait cultivé la peinture,

ANTIPHILE, né en Egypte, avait travaillé en grand et en petit. On cite de lui des sujets qui, s'ils étaient traités d'une manière conforme à sa réputation, exigeaient de la beauté, tels que son Hésione, sa Minerve, son Bacchus ; d'autres, qui demandaient de l'expression, tels que Hippolyte saisi d'effroi à la vue du taureau envoyé contre lui. Il avait peint une figure ridicule qu'il appelait en riant gryllos, le pourceau : c'est de là que les anciens ont nommé grylles les peintures comiques que les modernes appellent bambochades. Pline, livre XXXV, chap. 10, Théon le sophiste et Varron placent cet artiste dans la première classe, ce qui a engagé Falconet à faire un autre Antiphile de celui que Pline, chap. 11, a nommé entre les peintres qui ont approché des plus grands maîtres: mais on peut supposer à Pline une distraction dont Falconet ne devait pas le croire incapable. Comme Antiphile approchait beaucoup des plus grands maîtres par le talent, Pline l'aura placé avec eux; et, dans un autre chapitre, songeant qu'il leur était cependant inférieur, il aura pu le mettre dans la seconde classe, et oublier de rectifier ce qu'il avait déjà écrit. Ce qui ferait présumer que l'Antiphile des deux chapitres est un même homme, c'est que celui que Pline a placé dans la première classe était d'Egypte, et que celui qu'il range ensuite dans la seconde, a peint Ptolémée, roi d'Egypte, chassant; d'où l'on peut

conclure qu'il est encore le même que le peintre Antiphile dont parle Lucien, qui était attaché au roi Ptolémée, et qui, jaloux d'Apelles, osa l'accuser d'être entré dans une conspiration: calomnie qui aurait coûté la vie au peintre chéri d'Alexandre, s'il n'avait été justifié par la déposition des conjurés. On distinguait entre les ouvrages du second, ou du seul Antiphile, un très-beau Satyre couvert d'une peau de panthère, et un jeune homme soufflant un feu qui éclairait en même temps sa bouche et l'appartement. Il avait peint Alexandre et Philippe avec une Minerve; ce tableau, ainsi que celui d'Hésione, était à Rome, dans l'école publique qui faisait partie des portiques qu'Auguste avait fait construire sous le nom de sa sœur Octavie. On voyait pareillement de lui, dans le portique de Philippe, un Bacchus, un Alexandre enfant; et, dans le portique de Pompée, un Cadmus et une Europe. Antiphile s'était formé sous Ctésidème.

ANTISTIUS LABEO avait été préteur et même proconsul de la province narbonnaise. Il se faisait gloire des petits tableaux qu'il peignait mais ce talent, dont il tirait vanité, et qui paraît n'avoir été que très-médiocre, ne lui attirait que des risées et du mépris. Il mourut fort âgé sous Vespasien.

ANTOBULE fut élève d'Olympias. Le maître et le disciple ne sont connus que par leur nom que Pline nous a conservé. ANTONIN reçut des leçons de peinture de Diognète. Julius Capitolinus rapporte que cet empereur employait ses loisirs à peindre.

ANTORIDES est mis au nombre des meilleurs élèves d'Aristide, de Thèbes. Un autre peintre de ce nom avait été élève de Persée.

APATURIUS peignit des projets d'édifices. Vitruve donne la description d'un de ses ouvrages qu'il censure avec raison.

APELLES, né à Ephèse, mais originaire de Colophon, était fils de Pythius et frère de Ctésiochus. De tous les peintres de l'antiquité ce fut celui qui jouit de la plus grande célébrité. Pline et Ovide lui donnent pour patrie l'île de Cos. Par les livres qu'il écrivit sur

son art, et qu'il adressa à son élève Persée, il contribua aux progrès de la peinture. Pamphile, son maître, avait aussi écrit sur l'art de peindre et sur les peintres. Jamais artiste n'étudia son art avec autant de soin qu'Apelles. Quelqu'affaire dont il pût être occupé, il ne laissait passer aucun jour sans faire quelques études. Il avait eu d'abord pour maître Ephore d'Ephèse curieux de se former à une plus grande école, il entra dans celle de Pamphile. Après y avoir passé dix années entières, et jouissant déjà de l'admiration des connaisseurs, il ne put être satisfait qu'il n'eût visité l'école de Sicyone qui se soutenait encore, et qui passait même pour conserver seule les grands principes de la beauté. Malgré la réputation qu'il s'était déja faite par ses ouvrages, il ne crut pas s'humilier en donnant un talent aux peintres de cette école, pour en recevoir des leçons. Plutarque ajoute, il est vrai, qu'il songeait plutôt à partager leur gloire que leurs lumières, dont il n'avait pas grand besoin. Il fallait alors, pour imposer silence aux malveillans, avoir fréquenté l'école de Sicyone, comme, à présent, il faut avoir été à Rome. Quand il avait terminé un ouvrage, il l'exposait en public, non pour respirer la fumée des éloges, mais pour écouter la critique, et profiter de ses observations. Il avait même soin de se tenir caché derrière le panneau, pour que sa présence ne gênât pas les propos des spectateurs. Critiqué un jour par un cordonnier parce qu'il avait mis une courroie de moins qu'il n'en fallait à une chaussuré, il corrigea le tableau, et l'exposa le lendemain. Le cordonnier, fier de s'être montré si bon juge, s'avisa de critiquer la jambe; mais alors Apelles se montra, et lui dit : cordonnier, ne montez pas plus haut que la chaussure. Ce bon mot est passé en proverbe. Quoiqu'il ne craignît pas, et que même il cherchât la critique, et que d'ailleurs il fût de la plus grande politesse, il se permettait quelquefois de railler ces hommes qui croient devoir être connaisseurs dans les arts, parce qu'ils sont riches et placés aux premiers rangs dans la société. Un jour qu'un prêtre du temple de Diane, à Ephèse, se trouvait dans l'atelier du peintre, il s'avisa

« PreviousContinue »