Oeuvres de monsieur de Saint Evremond: avec la vie de l'auteur, Volume 5

Front Cover
 

Contents


Other editions - View all

Common terms and phrases

Popular passages

Page 208 - J'ai appris avec beaucoup de plaisir que M. le comte de Gramont* a recouvré sa première santé, et acquis une nouvelle dévotion. Jusqu'ici je me suis contenté grossièrement d'être homme de bien. Il faut faire quelque chose de plus, et je n'attends que votre exemple pour être dévot. Vous vivez dans un pays où l'on a de merveilleux avantages pour se sauver. Le vice n'y est guère moins opposé à la mode qu'à la vertu ; 'pécher, c'est ne savoir pas vivre, et choquer la bienséance autant...
Page 156 - J'ai témoigné à M. Turretin la joie que j'aurois de lui être bonne à quelque chose : il a trouvé ici de mes amis, qui l'ont jugé digne des louanges que vous lui donnez. S'il veut profiter de ce qui nous reste d'honnêtes abbés, en l'absence de la cour, il sera traité comme un homme que vous estimez. J'ai lu devant lui votre lettre, avec des lunettes : mais elles ne me siéent pas; j'ai toujours eu la mine grave.
Page 16 - Quelques troupes que vous donniez à M. le Prince, vieilles ou nouvelles, connues ou inconnues, il a toujours la même fierté dans le combat : vous diriez qu'il sait inspirer ses propres qualités à toute l'armée ; sa valeur, son intelligence, son action , semblent lui répondre de celles des autres.
Page 346 - Vous disiez, autrefois, que je ne mourrais que de réflexions : je tâche à n'en plus faire et à oublier, le lendemain, le jour que je vis aujourd'hui. Tout le monde me dit que j'ai moins à me plaindre du temps qu'un autre.
Page 206 - Il ne cherche point dans les hommes ce qu'ils ont de mauvais, pour les décrier, il trouve ce qu'ils ont de ridicule pour s'en réjouir, il se fait un plaisir secret de le connaître, il s'en ferait un plus grand de le découvrir aux autres, si la discrétion ne l'en empêchait.
Page 329 - Il vaut autant s'éloigner des réflexions , que d'en faire qui ne servent à rien. Madame Sandwich m'a donné mille plaisirs , par le bonheur que j'ai eu de lui plaire. Je ne crOyois pas sur mon déclin pouvoir être propre à une femme de son âge. Elle a plus d'esprit que toutes les femmes de France , et plus de véritable mérite Elle nous quitte; c'est un regret pour tout ce qui la connoît , et pour moi particulièrement. Si vous aviez été ici , nous aurions fait des repas dignes...
Page 347 - L'appétit est quelque chose dont je jouis encore. Plût à Dieu de pouvoir éprouver mon estomac avec le vôtre , et parler de tous les originaux que nous avons connus , dont le souvenir me réjouit plus que la présence de beaucoup de gens que je vois; quoiqu'il y ait du bon dans tout cela, mais, à dire le vrai, nul rapport.
Page 209 - Il sied bien à un homme qui n'est pas jeune, d'oublier qu'il l'a été. Je ne l'ai pu faire jusqu'ici; au contraire, du souvenir de mes jeunes ans, de la mémoire de ma vivacité passée, je tâche d'animer la langueur de mes vieux jours. Ce que je trouve de plus fâcheux à mon âge, c'est que l'espérance est perdue : l'espérance, qui est la plus douce des passions, et celle qui contribue davantage à nous faire vivre agréablement.
Page 342 - Si , on n'avoit pas à se perdre soi-même, ' on ne se consoleroit jamais. Je vous 'plains sensiblement : vous venez de perdre un commerce aimable, qui vous a soutenu dans un pays étranger. Que peut-on faire pour remplacer un tel malheur? Ceux qui vivent longtemps sont sujets à voir mourir leurs amis. Après cela votre esprit, votre philosophie, vous serviront à vous soutenir.
Page 102 - Quand il paraît aux modernes contraire, Aux anciens il doit être odieux ; Tout ce qu'il fait est fait pour leur déplaire : Si bien écrire est écrire contre eux.

Bibliographic information