Page images
PDF
EPUB

lieu le lendemain avec l'annonce de la dissolution, pour éviter la délibération de la Chambre des pairs sur la motion de lord Wharncliffe et celle de la Chambre des communes, qui toutes deux faisaient prévoir des hostilités poussées à toute extré mité.

22 avril. En effet, la présentation d'une pétition relative à la réforme fut une occasion que sir R. Vyvyan s'empressa de saisir pour rentrer dans la discussion de la veille, avec une véhémence sans bornes, et au milieu d'un tumulte, d'une confusion dont la chapelle de Saint-Étienne n'avait pas été témoin depuis long-temps. I traça le plus sombre tableau des conséquences désastreuses qu'entraînerait un bill qui, disait-il, assurait inévitablement une révolution, frappait les intérêts de la propriété, renversait l'église, et arrachait la couronne de la tête du roi.

Pendant ce discours, le rappel de l'orateur à l'ordre fut plusieurs fois demandé, mais en vain, au président. Bientôt sir Robert Peel et lord Althorp se levèrent en même temps aux cris des membres des deux côtés de la Chambre; ils essayèrent sans succès de se faire entendre. Le président accorda eplin la parole à sir R. Peel, malgré les réclamations de lord Althorp, qui insistait pour que sir Francis Burdett parlàt le premier.

Sans partager, sur les résultats d'une élection générale, les sentiments de découragement que paraissait avoir conçus sir R. Vyvyan, M. Peel n'en attaquait pas moins vivement la conduite des ministres et le bill de réforme. Si ce bill tout entier devait passer, la conviction de l'orateur était qu'on devait s'attendre au plus détestable de tous les despotismes, à celui de la démocratie.

[ocr errors]

Oui, disait-il, ce despotisme sera d'autant plus odieux qu'il sera as socié au despotisme de journalisme (pour me servir d'une expression étran gère), de ce journalisme qui a porté dans d'autres pays, heureux jus qu'alors, l'anarchie et la destruction. (Mouvements confus.)

Dans la situation actuelle de l'Irlande, le gouvernement a courn le hasard de dissoudre le parlement. L'état social est complètement désor

é dans l'ouest de l'Irlande, et le mal fait de rapides progrès vers On voit dans cette contrée des personnes amies du roi, et désirant rer leur attachement aux lois, quitter leurs maisons et chercher un dans les villes, abandonnant leurs biens et tout ce qu'elles possèdent. eu de les rallier et de mettre un frein à une agitation tumultueuse, u de travailler à rétablir et assurer la paix dans le pays, le goument a cru convenable de dissoudre le parlement. Ainsi les ministres désormais rassurés contre le danger de perdre des places dans leses ils ont montré plus d'incapacité et d'ignorance des affaires publique n'en ont jamais manifesté des hommes entre les mains de qui uvaient remises les destinées d'un royaume. Eh bien! au milieu de aves circonstances, et des perils qui nous menacent, si nous sommes

18........ »

rateur ne put en dire davantage; l'huissier à la verge parut tout à coup, et somma, suivant la forme d'usage, Communes de se rendre dans la Chambre des pairs pour er à la prorogation du parlement.

c'était au milieu d'un bruit et d'un désordre qui ne le ent point aux débats orageux de la Chambre des commuque lord Wharncliffe avait développé la motion annonveille, afin d'exposer à S. M. que la prorogation et la lution du parlement, dans l'état actuel de l'Angleterre, ineraient de graves dangers pour la couronne et la dignité e, ainsi que pour la nation. Le lord chancelier (M. Brou) répondit qu'il ne se doutait pas que le roi n'eût pas le de dissoudre un parlement lorsque la Chambre des coms avait poussé les choses au point de refuser les subsides. ris à l'ordre! et des applaudissements éclatèrent à ces paAussitôt le marquis de Londonderry s'écria avec cha« Aussi long-temps que j'aurai l'honneur de siéger dans Chambre, je ne me soumettrai jamais à.... » Mais un tueffroyable empêcha le noble marquis de continuer. ès quelques mots sur le langage violent et désordonné vait été employé dans cette circonstance, lord Mansfield ra qu'il ne contestait pas au roi le droit de dissolution. Il isait pas les ministres de mauvaises intentions. Cepenajoutait-il, autant que Dieu m'a donné le bon sens nére pour juger leur conduite, je les accuse de faiblesse,

de conspirer contre le salut de l'État, et de faire du souverain l'instrument de sa propre destruction.

Lord Mansfield hasardait quelques réflexions sur le bill, lorsqu'il fut interrompu par ces cris: le roi! le roi! S. M., vêtue de son uniforme d'amiral, monta sur son trône, et les Communes ayant été requises de se présenter, elle annonça en peu de mots qu'elle venait proroger le parlement, avec l'intention de le dissondre bientôt après, afin de connaître l'opinion du peuple anglais sur la nécessité d'apporter à la représentation nationale les changements exigés par les circonstances.

En sortant du parlement, S. M. fut saluée des plus vives acclamations. Jamais roi n'avait été aussi populaire que Guillaume IV en ce moment.

Le lendemain parut la proclamation royale qui prononçait la dissolution du parlement, et ordonnait de nouvelles élections.

Cette mesure répandit par toute la Grande-Bretagne une joie et un enthousiasme qui se manifestèrent d'une manière un peu brutale dans quelques endroits, et particulièrement à Londres pendant l'illumination générale qui eut lieu à cette occasion. Les fenêtres de plusieurs clubs aristocratiques, celles du duc de Glocester, frère du roi, du duc de Newcastle, du duc de Northumberland, du marquis de Londonderry, de sir Robert Peel, de sir Robert Wilson, essuyèrent les plus violents témoignages de l'animadversion populaire. L'hôtel du duc de Wellington fut également assailli d'une grêle de pierres. Les domestiques du duc tirèrent en l'air quelques coups de fusil pour effrayer la multitude, qui ne s'en montra que plus acharnée contre les vitres de S. G. Alors des agents de police informèrent la foule que le corps de la duchesse de Wellington. mère de milord, morte depuis quelques jours, était dans le vestibule. Cet appel aux sentiments de la nature eut un effet magique, et préserva l'hôtel de toute autre dévastation.

CHAPITRE X.

[ocr errors]

Adoption Budget. - Le

GRANDE-BRETAGNE. Élections générales. -- Ouverture de la session.— Discussion de l'adresse dans les deux Chambres. - Questions de politique extérieure. - Couronnement du roi et de la reine. du bill de réforme par la Chambre des communes. bill porté à la Chambre des pairs est rejeté à la seconde lecture.— Troubles graves qui en résultent. Clôture de la session.- - Invasion du choléra en Angleterre.— Émeute de Bristol.- Unions politiques.—

[ocr errors]

--

État de l'Irlande. Ouverture d'une nouvelle session. Discussion de l'adresse. - Nouvelle présentation du bill de réforme à la Chambre des communes. Il est lu une seconde fois. — Ajournement du parlement.

Les élections, pour lesquelles on se préparait dans les deux camps avec une ardeur sans exemple, présentèrent des scènes de désordre, comme on en a vu dans toutes les circonstances semblables en Angleterre, où la dissolution du parlement était en quelque sorte le signal pour le taureau anglais (1) de se livrer à toute sa violence native. Mais ces excès, dont les antiréformistes firent grand bruit pour pallier leur défaite, et que les amis de la réforme attribuaient aux vices mêmes du système qu'ils voulaient détruire, étaient moins que jamais inévitables dans la fermentation générale des esprits. Tant de passions avaient été excitées, tant d'intérêts étaient en jeu, qu'on fit des deux parts les plus grands efforts, les plus grands sacrifices pour triompher. Comptant sur les habitudes de corruption qui ont toujours prévalu dans les élections de la Grande-Bretagne, les torys ou conservateurs (conservatives), suivant le nouveau nom qu'ils s'étaient donné, ouvrirent des souscriptions qui furent richement remplies, pour faire face aux dépenses électorales. Leurs adversaires opposèrent à l'in-, fluence aristocratique celle du gouvernement, et la faveur dont la cause de la réforme était entourée. On vit alors

(1) John Bull.

se répéter en Angleterre le spectacle que les élections avaient offert en France l'année précédente à la suite de la dissolution de la Chambre qui avait voté l'adresse des 221 : de même qu'un vote pour ou contre cette adresse avait été un titre décisif aux suffrages ou aux répugnances des électeurs français, le candidat qui avait voté contre ou pour l'amendement du général Gascoyne était accueilli avec empressement, ou repoussé avec une énergie qui assura une victoire éclatante au parti de la réforme.

21 juin. Après quelques jours employés à l'élection du président de la Chambre des communes (speaker), poste éminent pour lequel M. Manuers Sutton fut encore réélu sans opposition, bien qu'il comptât parmi les adversaires de la réforme, et la formalité du serment accomplie, le nouveau parlement fut ouvert le 21, par le roi en personne. Son discours, attendu avec la plus vive impatience, au milieu des circonstances si graves du dedans et du dehors, contrastait néanmoins avec l'auxiété générale par une extrême réserve sur la plupart des questions qui préoccupaient l'Angleterre et l'Europe; il offrait en cela même l'expression assez fidèle de l'incertitude des choses à cette époque.

Ayant rappelé qu'il s'était décidé à dissoudre le dernier parlement afin de connaître l'opinion de son peuple sur la nécèssité d'une réforme dans la représentation nationale, le roi ajoutait : «Je viens aujourd'hui recommander cette importante question à votre attention la plus scrupuleuse et la plus immédiate, certain que, dans les mesures que vous proposerez à cet égard, vous aurez soin de rester fidèles aux principes de lá constitution, sur lesquels reposent également la prérogative de la couronne, l'autorité des deux Chambres du parlement, les droits et les libertés du peuple.»

Quant aux affaires extérieures, S. M. continuait à recevoir les assurances des dispositions amicales des puissances étrangères; elle exprimait l'espoir que la paix générale serait maintenue. Quelques paroles assez vagues sur la Belgique

« PreviousContinue »