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graveurs, aux ménestrels, aux poètes, la peinture devient un moyen d'expression tout intime; c'est alors, après la vie turbulente du dehors, la vie familiale que traduit si fidèlement le naturalisme des maîtres du XVe siècle, dans un cercle d'observation patiente, narquoise ou attentive, conduisant peu à peu, après Bosch et Breughel, à la période féconde des peintres de genre, d'où est bannie définitivement toute colère, sinon toute amertume.

L'auteur du mémoire n° II a cru bon d'étendre son étude au delà de la Renaissance, dans la multiple pléiade des peintres de kermesses, de fêtes et de ripailles, où certes rien de satirique ne se découvre plus; et il n'a pu résister au plaisir de prophétiser, de jeter un coup d'œil sur notre époque, de parler de la mission de l'art, qui serait d'instruire le peuple en se mettant à sa portée. Il y aurait, sur cette idée de l'art moralisateur et populaire, bien des réserves à faire. Mais le concurrent a dépassé le but, et ce serait partager sa faute que de le suivre. Les mérites de son travail sont d'ailleurs, et indépendamment des critiques et des regrets que nous avons formulés, assez importants pour lui valoir le prix. Si à l'abondance des documents qu'il renferme, à l'ordre avec lequel ces documents sont présentés et à nombre de considérations précieuses qui les rehaussent, pouvait s'ajouter encore un peu de ce que j'aurais voulu y trouver et de ce que mon confrère Max Rooses a souhaité y voir également, le travail approcherait de bien près la perfection... Peut-être ne devons-nous pas désespérer. Le concurrent paraît être de force à compléter et à réduire son œuvre selon nos vœux. Et, en tout état de cause, je me rallie aux conclusions du premier rapporteur. »

M. Stallaert, troisième commissaire, déclare se rallier à la proposition de MM. Rooses et Solvay de décerner le prix au mémoire portant pour devise : L'art satirique, c'est de l'histoire.

Cette proposition est adoptée par la Classe.

M. Maeterlinck, conservateur du Musée de peinture de Gand, est proclamé lauréat après l'ouverture du billet cacheté portant la devise précitée.

ART APPLIQUÉ.

(Les concours d'art appliqué sont limités aux Belges de naissance ou naturalisés.)

GRAVURE EN TAILLE-DOUCE.

On demande le portrait en buste, gravé en taille-douce, d'un Belge contemporain, ayant une notoriété reconnue dans le domaine politique, administratif, scientifique, littéraire ou artistique.

Le prix est de huit cents francs.

Les six gravures suivantes ont été reçues en réponse à ce sujet :

No 1. Portrait du général Brialmont. Marque: Une fleur de lis.

No 2. Portrait de M. Houzeau de Lehaie. Marque: Un caur percé d'une flèche.

No 3. Portrait de M. L. Van den Broeck. Devise : Labore.

No 4. Portrait de M. Constantin Meunier. Devise : Per vias rectas.

No 5. Portrait du peintre Struys. Devise: Chi va piano

va sano.

No 6. Portrait de feue Mile Beernaert. Devise: Richilde.

La Commission chargée par la Classe des beaux-arts d'apprécier le concours d'art appliqué pour la gravure s'est réunie jeudi avant la séance.

Six planches lui étaient soumises, représentant chacune, conformément au programme du concours, le portrait en buste d'un Belge contemporain ayant une notoriété reconnue.

Mais il est une des conditions du programme qui n'a pas été observée par tous les concurrents.

Procédant par élimination, il a d'abord écarté, comme inférieurs à divers points de vue, les numéros 6, 5 et 3. Restaient les numéros 2 (M. Houzeau de Lehaie), 4 (Constantin Meunier) et 1 (général Brialmont).

Le numéro 2 n'a pas été jugé digne du prix en dépit d'une certaine délicatesse de travail.

Le numéro 4 est d'un grand effet; la Commission est unanime à le considérer comme une œuvre vraiment artiste, et elle n'eût pas hésité à le proposer pour le prix si l'auteur s'était mieux conformé au programme du concours qui exige une gravure en taille-douce. Dans cette estampe, en effet, l'eau-forte domine à ce point l'intervention du burin qu'il est presque impossible d'y reconnaître la taille-douce proprement dite.

En conséquence, le prix a été unanimement décerné au numéro 1 (marqué d'une fleur de lis), jugé supérieur au point de vue technique qui était essentiellement celui du concours.

Le jury propose donc à la Classe d'attribuer le prix au portrait du général Brialmont.

Cette décision est ratifiée par la Classe, et M. Louis Greuse, de Mons, est proclamé lauréat après l'ouverture du billet cacheté joint au no 1.

SCULPTURE.

Sujet proposé: Un bas-relief à figures demi-nature.
Le choix du sujet est laissé aux concurrents.

Deux bas-reliefs ont été reçus :

Le n° 1 porte comme inscription: VAGUE, tourment éternel.

Le n° 2: LES VALKYRIES, avec la devise: Arte et labore.

La Commission chargée de juger ce concours croit devoir faire remarquer qu'aucun de ces bas-reliefs n'a des qualités assez transcendantes pour être, seul, couronné; tous les deux ont des mérites et des défauts. Dans ces conditions, elle a pensé qu'il serait plus équitable de partager le prix proposé de huit cents francs entre les deux concurrents.

Cette proposition est adoptée par la Classe.

L'ouverture des billets cachetés fait connaître comme auteur du no 1, M. Jacques Marin, à Forest, et comme auteur du n° 2, M. H. Van Perck, à Anvers.

COMITÉ SECRET.

La Classe prend communication des listes des candidatures présentées par les sections pour les places vacantes.

CLASSE DES BEAUX-ARTS.

Séance du 21 novembre 1901.

M. ÉD. FÉTIS, directeur, président de l'Académie. M. le chevalier EDM. MARCHAL., secrétaire perpétuel.

Sont présents: MM. H. Maquet, vice-directeur; Th. Radoux, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, Th. Vinçotte, Jos. Stallaert, Max. Rooses, J. Robie, G. Huberti, A. Hennebicq, Éd. Van Even, Ch. Tardieu, J. Winders, Ém. Janlet, C. Meunier et Ém. Mathieu, membres; Eug. Smits et L. Solvay, correspondants.

MM. Cluysenaar, Bordiau et Lenain écrivent pour motiver leur absence.

M. le Directeur, en ouvrant la séance, se fait, dit-il, tout à la fois un honneur et un devoir d'annoncer que M. Robie, à l'occasion du quatre-vingtième anniversaire de sa naissance, a fait don, au Musée de l'État, du dernier tableau qu'il vient de peindre. Je ne doute nullement, ajoute M. Fétis, que l'assemblée s'associera non seulement aux témoignages d'estime et d'affection dont l'illustre confrère a été l'objet à cette occasion, mais partagera également l'admiration suscitée par les hautes qualités de cette œuvre, laquelle est destinée à occuper l'une des plus brillantes places de la collection des peintres belges dans le principal musée du pays.

1901.

LETTRES, ETC.

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