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tale et occidentale (1) ». Depuis, la légende se développe et se vulgarise, surtout grâce à Lelewel (2) et à Major (3).

Si nos recherches nous ont amené à rejeter une légende que nous croyons fausse, et à soutenir que l'infant D. Henrique n'a pas fondé une école de navigation à Sagres non plus qu'ailleurs, cette conclusion ne diminue en rien la haute valeur de ce prince, qui restera toujours un des hommes les plus éclairés de son siècle et celui qui fut le véritable fondateur de la puissance coloniale du peuple portugais (4).

(1) PASQUAL, Descubrimiento de la aguja nautica, etc. Madrid, 1879, p. 82.

(2) LELEWEL, Géographie du moyen âge, t. II, p. 82.

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(4) M. de Souza Holstein. tout en rejetant l'existence de l'école de Sagres dans le sens restreint du mot, l'admet dans le sens large de « centre d'action ». Le baron Nordenskiöld dans son célèbre Periplus, croit qu'une petite école de navigation, importante pour la période en question, a reçu peut-être de biographes panégyristes le nom d'académie; il propose aussi une étude critique à faire spécialement par un antiquaire local. Ces conclusions sont admises par Beazley dans l'introduction au volume II de la traduction d'Azurara, pp. CVI-CXV. Enfin, tout dernièrement, l'existence de l'école de Sagres a été qualifiée de légende par Ravenstein (Martim de Bohemia, in REV. PORTUGUEZA COLON. E MARIT., Lisbonne, vol. V, 1899-1900, p. 80). L'auteur malheureusement n'entre dans aucun détail pour étayer sa thèse.

CLASSE DES BEAUX-ARTS.

Séance du 10 janvier 1901.

M. ÉD. FÉTIS, directeur, président de l'Académie.
M. le chevalier EDMOND MARCHAL, secrétaire perpétuel.

Sont présents: MM. F.-A. Gevaert, G. Guffens, Th. Radoux, J. Demannez, G. De Groot, Gust. Biot, H. Hymans, Th. Vinçotte, Jos. Stallaert, Alex. Markelbach, Max. Rooses, J. Robie, G. Huberti, A. Hennebicq, Éd. Van Even, Ch. Tardieu, le comte J. de Lalaing, J. Winders, Ém. Janlet, H. Maquet et C. Meunier, membres; Fl. van Duyse, G. Bordiau, Jef Lambeaux et L. Solvay, correspondants.

M. Cluysenaar, membre titulaire, s'excuse de ne pouvoir assister à la séance.

M. Smits, correspondant, fait savoir que son état de santé ne lui permet pas encore d'assister aux séances.

CORRESPONDANCE.

M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique transmet une ampliation de l'arrêté royal en date du 1er décembre, nommant président de l'Académie

1901. LETTRES, ETC.

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pour 1901, M. Éd. Fétis, directeur de la Classe des beaux-arts pendant ladite année.

M. le Ministre de l'Agriculture demande l'avis de la Classe sur une requête par laquelle M. Vloors, premier prix du grand concours de peinture de 1898, sollicite l'autorisation de modifier l'itinéraire de ses voyages d'études ou d'ajourner d'une année son prochain envoi réglementaire. Renvoi à MM. Hennebicq, Cluysenaar

et Smits.

- La Classe prend notification de la mort du président d'honneur de l'Académie royale des beaux-arts de Berlin, M. Karl Becker, associé de la Section de peinture de la Classe, né à Berlin, le 18 décembre 1820, et décédé dans la même ville, le 20 décembre 1900.

M. Jos. Évrard, architecte, lauréat du grand concours d'architecture en 1899, envoie de Rome, le 2 décembre dernier, son deuxième rapport semestriel. Renvoi à MM. Bordiau, Janlet et Van Ysendyck.

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-M. A. Van Arenbergh, architecte, à Louvain, remet, conformément aux prescriptions réglementaires, la photographie de son projet, couronné par la Classe, d'une entrée monumentale pour un arsenal de guerre.

MM. Van Arenbergh et Tulpinck remercient, par écrit, pour les prix qui leur ont été décernés dans la séance du 25 novembre dernier.

M. Henri Hymans offre un exemplaire du livre qu'il vient de publier: Brügge und Ypern. (Berühmte Kunststätten, no 7.)

Remerciements.

RAPPORTS.

Une sculpture votive tournaisienne (XVe siècle);
par M. L. Maeterlinck.

Rapport de M. Max, Rooses, premier commissaire.

« M. L. Maeterlinck, conservateur du Musée de peinture de Gand, présente à la Classe une courte notice consacrée à un bas-relief votif appartenant au Musée lapidaire de Gand. L'oeuvre d'art dont il s'agit provient de Tournai et représente une Adoration de l'Enfant Jésus par la Vierge et par des anges. Outre sa valeur intrinsèque fort réelle, elle offre un intérêt spécial par son aspect pictural. En effet, la disposition des figures principales, de même que les bergers, le bœuf et l'âne du second plan, le paysage dans le fond et les détails architecturaux de l'étable visent à reproduire dans la pierre la réalité avec tous ses accidents, comme le ferait une peinture.

L'auteur de la notice y voit un effet de l'influence exercée par Rogier van der Weyden sur ses compatriotes les maigiers de Tournai. Il rapproche ce bas-relief d'un des tableaux du maître appartenant au Musée de Berlin et fait ressortir leur analogie frappante.

Comme il le dit, la ressemblance entre les deux euvres ne saurait être mise en doute. L'attitude de la Vierge est la même, l'Enfant Jésus est déposé tout nu sur le bord de la robe de sa mère, la pose des deux anges en adoration est identique, l'expression de saint

Joseph est pareille, il n'y a pas jusqu'à la structure de l'étable qui ne se retrouve dans le tableau et dans la sculpture.

Cette coïncidence est surprenante; elle était de nature à frapper très particulièrement l'auteur de la notice. Dans un précédent mémoire présenté à la Classe, il y a peu de temps, il a fait ressortir l'influence des sculpteurs tournaisiens sur le peintre Rogier van der Weyden au début de sa carrière, et voilà qu'un document important vient établir qu'en retour, à la fin de sa vie, ce sont les Ymaigiers qui s'inspirent de ses tableaux.

Ce fait est curieux et mérite d'être signalé. Le basrelief de Gand en acquiert un intérêt tout particulier et la notice qui y est consacrée mérite de prendre place dans les publications de l'Académie. »

Rapport de M, Solvay, deuxième commissaire.

<< La communication nouvelle, faite par M. L. Maeterlinck à l'Académie, est une suite complémentaire de celle qu'il lui a faite précédemment; et elle y ajoute un véritable intérêt.

M. Maeterlinck, s'appuyant sur de sérieux documents, avait montré l'influence assez logique et naturelle exercée sur le peintre Roger van der Weyden par ses contemporains les Ymaigiers de Tournai. Il montre aujourd'hui, à l'aide d'un document plus curieux encore, l'influence exercée, d'autre part, sur les Ymaigiers euxmêmes par Roger van der Weyden.

La ressemblance qui existe entre le bas-relief du Musée lapidaire de Gand, dont il nous parle, et l'une

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