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On a rendu hommage à leur crayon, mais en leur reprochant le manque d'audace de leurs frères allemands; on leur accorde cependant de racheter ce manque de puissance par des qualités d'arrangement et d'expression qui rappellent les recherches de la conception germanique. Ces qualités, selon nous, ils les durent plutôt à leur tempérament flamand.

Guffens, car nous n'avons à parler en ce moment que de lui, resta toujours personnel. Dans ses saintes figures se reflète une certaine morbidesse de lignes, où le pinceau de l'artiste flamand se trahit, le Flamand qui a été s'inspirer chez les grands maîtres italiens du passé et les Allemands, émules de Cornélius, Overbeck et autres, comme ce fut le cas pour lui. Quant au drapé et à l'arrangement des groupes, il en possédait la plus admirable

entente.

Je ne vous énumérerai pas la quantité considérable de tableaux de chevalet, de triptyques, de portraits peints par Guffens. Ils sont innombrables. Ses portraits comprennent les plus hautes et les plus nobles figures de l'aristocratie, des arts, du monde de la science et de la politique; ils témoignent de la haute confiance que l'on avait dans le beau talent de notre confrère.

Si ses portraits n'ont pas cette virtuosité que l'on cherche habituellement à leur donner, peut-être pour suivre la mode, ils ont par contre un grand accent de vérité et un réel caractère de distinction.

Lors de la création du Musée des arts décoratifs et industriels, le Gouvernement y comprit un certain nombre de copies de tableaux ou de fresques de haute valeur artistique, faites par les prix de Rome pendant leur séjour à l'étranger, et surtout en Italie.

Arrivé à l'époque de la carrière de l'artiste où la conception proprement dite des sujets, c'est-à-dire leur composition, n'a plus la verdeur des premières années, l'activité de Guffens se tourna vers ce genre de travail qui l'occupa jusque dans ses derniers instants.

Passionnément épris de l'Italie, il y allait longuement séjourner chaque année avec sa fille Hubertine, en vue de reproduire l'une ou l'autre fresque qu'il jugeait la plus avantageuse pour servir d'inspiration à nos jeunes. peintres. Comme il le disait souvent, tout ce qui constitue la gloire de l'Italie en fait de peintures murales est exposé aux désastres des tremblements de terre si fréquents dans la péninsule. Chaque œuvre qui disparaît est une perte pour l'art. En reproduisant le plus fidèlement possible les œuvres dont j'aurai fait une sélection, j'empêche qu'elles meurent en entier. Je leur crée une nouvelle existence. D'un autre côté, les années que je consacre à cette laborieuse besogne ne sont pas perdues, car si Dieu me prête vie, je doterai la Belgique de tout ce qui pourra un jour faire la gloire de son Musée des arts décoratifs. J'aiderai de cette manière cette institution à devenir en ce genre l'une des premières du monde. Noble et touchante pensée, où la question nationale primait la question pécuniaire.

Les reproductions de fresques de Guffens, d'après les chefs-d'œuvre de l'École italienne du XVe siècle, sont tout aussi nombreuses que les peintures murales dont il a doté les édifices religieux et civils du pays. Grâce à notre bienaimé confrère, nous pouvons nous faire une idée, sans dépasser la frontière, de la splendeur du talent de Giotto, de Fra Angelico, de Benozzo Gozzoli, d'Orcagna, de Vittore Carpaccio, de Mantegna, de Melozzo da Forli, de

Piero della Francesca, de Léonard de Vinci, de lo Spagna, de Bernardino Luini, à ne citer que ces illustres, dont les lauriers ont servi à tresser la couronne d'immortalité de l'Italie (1).

Cher et bien-aimé confrère, au moment où ta dépouille mortelle va être rendue à la terre, au moment où ton âme sereine sera dans ce Monde céleste qui, de ton vivant, excitait si profondément ton pinceau, Monde immatériel où tu cherchais tes plus belles et tes plus suaves inspirations, tes confrères, tes collègues, tes amis, tes admirateurs t'adressent, d'esprit et de cœur, non leur dernier adieu, mais leur au revoir dans cette éternité où les âmes pures et vaillantes d'ici-bas trouveront leur récompense.

Guffens était un chrétien profondément convaincu. Il avait la foi sans bornes. Il est mort dans la paix du Seigneur.

Que sa famille reçoive ici l'expression de notre sincère condoléance, surtout sa fille Hubertine, l'ange gardien de ses dernières années, de ses derniers moments, et la réelle personnification du dévouement filial.

Guffens a eu tous les honneurs durant sa longue et belle carrière distinctions honorifiques et titres académiques. Il a droit à tous nos regrets et à tous nos souvenirs dans la mort.

(1) La plus grande partie de ces copies ont été acquises par le Gouvernement pour le Musée des arts décoratifs et industriels, au Parc du Cinquantenaire, à Bruxelles.

La copie des Neuf Muses de Piero della Francesca, du Musée du Capitole, est au château royal de Laeken.

RAPPORTS.

Il est donné lecture des appréciations suivantes : 1° De M. J. Winders sur le deuxième rapport de M. J. Evrard, premier prix du grand concours d'architecture de 1899;

2o De MM. De Groot, Vinçotte et Marchal, rapporteur, sur le deuxième rapport de M. Marin, boursier de la Fondation Godecharle pour la sculpture en 1897;

3o De MM. Hennebicq, Stallaert et Smits sur le rapport de M. Vloors, premier prix du grand concours de peinture de 1898, sur son voyage en Espagne. Ces appréciations seront soumises à M. le Ministre de l'Agriculture.

Après un échange d'observations sur les résultats, en général, des voyages des prix de Rome ainsi que de ceux des boursiers de la Fondation Godecharle, M. le Secrétaire perpétuel, à la demande de la Classe, priera le Ministre précité, qui a ces concours dans ses attributions, de bien vouloir inviter les lauréats à observer dorénavant les règlements en ce qui concerne leurs obligations au point de vue du perfectionnement de leurs études à l'étranger, seul et unique but de ces prix.

OUVRAGES PRESENTES.

Borchgrave (Le baron Émile de). La Serbie administrative, économique et commerciale. Bruxelles, Belgrade, 1883; in-8° (284 p.).

Compte rendu d'une exploration commerciale en Bosnie-Herzégovine. Bruxelles, 1899; in-8° (83 p.).

Janina et l'Épire; réminiscences de voyage et d'histoire. Bruxelles, 1901; extr. in-8° (99 p.).

Brants (Victor). Les grandes lignes de l'économie politique, 3o édition. Louvain, 1901; in-8° (xx-615 p.).

L'autonomie internationale de la Belgique sous les archiducs Albert et Isabelle (1598-1621). Mémoire lu au Congrès d'histoire comparée, Paris, 1900. Macon, 1901; in-8° (22 p.).

Université catholique de Louvain. Ecole des sciences politiques et sociales. Année académique 1901-1902. Louvain, 1901; in-8° (25 p.).

Even (Edward Van). De krijgsman en dichter Jacob Duym uit Leuven, keizer der Rederijkerskamer de Oranje-Lelie, te Leiden, in 1595. Gand, 1901; extr. in-8° (27 p.).

Wilmotte (M.). La naissance de l'élément comique dans le théâtre religieux. Macon, 1901; in-8° (23 p.).

-François Villon. Bruxelles, 1901; extr. in-8° (17 p.). Broeckaert (Jean). Warminia, ancien domaine de l'abbaye de Saint-Bavon et de l'hospice de Herberecht à Gand. Termonde, 1901; extr. in-8° (25 p.).

- De familie Van Okegem te Dendermonde. Extr. in-8° (4 p.).

Ministère de l'Intérieur et de l'Instruction publique. Rapport triennal sur la situation de l'instruction primaire en Belgique, 1897-1899. 1901; gr. in-8°.

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