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un légitime supérieur, et pour le jurement rémission volontaire de l'objet promis. On applique souvent au vœu une commutation qui en facilite l'accomplissement; tandis que le serment fait contracter envers le prochain une obligation de justice rigoureuse, que les supérieurs eux-mêmes n'ont pas le droit de modifier.

Terminons ici cet entretien, sans entrer dans les graves considérations sociales qui tiennent au serment; vous les connaissez aussi bien que moi. Laissons le voile sur la plaie honteuse qui flétrit aujourd'hui la société, et contentons-nous d'exprimer cette douloureuse réflexion que suggére la violation si fréquente du serment: Un pays est près de sa ruine, alors que ce lien de la conscience y est relâché, et qu'il n'inspire plus aux esprits un respect religieux. L'ordre social est gravement compromis, sans garantie morale , sans puissance réelle; il n'a plus de protection que dans la crainte du châtiment matériel, qui demeure inefficace toutes les fois que le secret ou d'autres circonstances peuvent assurer l'impunité à l'homme parjure, ambitieux, vindicatif, concussionnaire ou traître.

TRENTE-QUATRIÈME ENTRETIEN.

LA SANCTIFICATION DU DIMANCHE.

LE D. La sanctification des fêtes est le seul devoir de la vertu de religion que nous ayons encore à examiner. Quels sont sur ce pécepte les enseignements de l'Eglise catholique ?

LE TH. Nous ne pouvons traiter aujourd'hui cette question d'une manière aussi générale qué vous la posez ; et renvoyant aux commandements de l'Eglise ce qui concerne les fêtes, bornonsnous à parler du dimanche, qui est, parmi les chrétiens, le jour spécialement consacré à Dieu. Nous avons déjà vu que l'homme doit au créateur l'hommage de son âme et de son corps, un culte à la fois intérieur et extérieur. On ne peut offrir ce culte corporel, sans interrompre parfois des occupations qui empêcheraient de le manifesterre, comme on le conçoit pour la prière vocale, le chant, la prostration et d'autres exercices religieux.

Mais existait-il avant le déluge et depuis, jusqu'à la promulgation de la loi judaïque, un pré

cepte formel de consacrer un jour déterminé au culte divin? On ne peut l'assurer d'une manière positive, bien que des théologiens soient portés à le croire, à cause des paroles mêmes de l'Exode, qui expriment le commandement de la loi, lequel commence ainsi : Souvenez-vous. Ce terine, il est vrai, peut servir à confirmer une pratique déjà existante; mais il est propre à signifier aussi la recommandation d'un précepte nouveau. Quoiqu'il en soit, la volonté du Seigneur devint manifeste pour son peuple, par la promulgation solennelle de ce commandement : Souvenez-vous de sanctifier le jour du sabbat. Vous travaillerez durant six jours, et vous ferez tout ce que vous aurez à faire; mais le septième jour est le repos du Seigneur votre Dieu. Vous ne ferez en ce jour aucun ouvrage. Le Seigneur a fait en six jours le ciel et la terre, et il s'est reposé le septième jour; c'est pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat, et il l'a sanctifié (20).

Nous devrions donc consacrer le samedi au culte divin, si nous voulions nous en tenir à la lettre de ce précepte imposé au peuple juif. Mais, dès les temps mêmes apostoliques, les chrétiens lui ont substitué le dimanche pour célébrer la résurrection du Sauveur et la descente du SaintEsprit, qui avaient eu lieu en ce jour. Nous voyons aussi dans les livres saints qu'il est fait mention du dimanche ou jour du Seigneur. En ce jour, le premier de la semaine, prima sabbati, les disciples s'assemblaient pour rompre le

pain (1) et se livrer aux bonnes œuvres, ainsi que saint Paul le donne à entendre en parlant de la collecte qui se faisait: Per unam sabbati, le premier jour de la semaine, le dimanche (2). Saint Jean lui donne clairement ce nom, quand il dit: Je fus ravi en esprit un jour de dimanche (3).

Voici comment saint Justin parle de la sanctification de ce jour parmi les chrétiens : Le jour du soleil, ainsi l'appellent les payens, tous ceux qui demeurent à la ville ou à la campagne s'assemblent en un même lieu, et là on lit les écrits des apôtres et des prophètes..... On choisit le jour du soleil, parce que c'est le premier jour de la création du monde et celui de la résurrection de Jésus-Christ (4). Et, selon saint Augustin, l'usage de solenniser le dimanche a commencé parmi les chrétiens le jour même de la résurrection du Sauveur, Cette substitution ne doit ni vous surprendre ni vous faire penser que les chrétiens violent le précepte primitif du sabbat ; car étant à la fois naturel et positif, il ordonnait, sous le premier rapport, de consacrer un temps au culte du Seigneur ; voilà la partie principale, la substance permanente du commandement. Pour la désignation du jour, vous ne devez

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y voir qu'une circonstance abolie avec les autres cérémonies de la loi judaïque. Le précepte moral est donc aujourd'hui le même que chez les Juifs, et il n'a été modifié par l'Eglise que pour le jour et la manière de l'ob

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LE D. Qu'impose la sanctification de ce jour consacré à Dieu ?

LE TH. L'obligation de s'abstenir de toute œuvre servile, et de se livrer à des pratiques de piété ; le premier de ces devoirs est formulé en ces termes dans l'Exode: En ce jour vous ne ferez aucun ouvrage. N'étant pas toujours facile de préciser ce qui peut être considéré comme œuvre servile on doit s'en tenir aux coutumes locales, suivies par les hommes religieux, autorisées ou au moins tolérées par les évêques. C'est à leur prudence que l'Eglise a confié le soin de déterminer ce qui est permis ou interdit en ce jour consacré au Seigneur.

Il peut néanmoins exister diverses causes légitimes qui permettent de s'occuper a des œuvres serviles. Ce sont la dispense, que le souverain Pontife peut accorder pour toute l'Eglise, l'évêque dans son diocèse, et le curé dans sa paroisse pour un cas urgent; une coutume générale, ou établie dans certaines localités; la piété, quand il y a des raisons pressantes pour travailler aux préparatifs d'une solennité religieuse, etc.; la néces

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