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giens; mais je crois vraie et incontestable l'existence de plusieurs opérations de magie dues à l'action diabolique. Lorsqu'elle a pour objet des effets extraordinaires, propres à satisfaire la curiosité ou à procurer quelque avantage, on la nomme simplement magie, et quand on l'emploie dans l'intention de nuire au prochain, elle porte le nom de maléfice. Sans apprécier les effets de ces deux sortes de magie, nous pouvons assurer que l'exercice en est toujours un crime, soit à cause du pacte fait avec le démon, soit à cause du mal qu'on veut procurer au prochain. Aussi, dans l'Ancien-Testament, est-elle défendue de la manière la plus expresse : Il n'y aura point parmi vous de magicien incantator, est-il dit dans le Deuteronome (18). Ne recourez point aux magiciens. J'exterminerai du milieu de mon peuple celui qui aura recours à eux (1). A plus forte raison les maléficiers devaient-ils être exterminés, ainsi qu'on le voit dans le livre de l'Exode : Vous ne les laisserez pas en vie au milieu de vous (2).

Si l'Eglise condamne avec rigueur la divination, les vaines observances, vous devez penser qu'elle se montre encore plus sévère par rapport à la magie. Dans plusieurs conciles, on voit des anathêmes prononcés contre ceux qui exercent de telles opérations diaboliques. Partout ils sont regardés comme coupables de crime contre la

(1) Lev. 20, 27.

(2) Exod. 22.

vertu de religion, et souvent contre la justice; car il résulte de ces idées de sortilège et de maléfice des opinions, des jugements injustes, et parfois une conduite déplorable. On se figure avoir reçu du mal, un sort, comme ils disent, de la part d'un voisin ou autre ; et àlors ce sont des démarches auprès des devins, qui ne manquent pas de confirmer dans ces idées de maléfice; ce sont des haines profondes, des projets de vengeance cruelle, que la crainte des lois humaines n'a pas toujours la puissance d'arrêter.

Pour terminer ces questions superstitieuses, disons quelques mots de l'obsession et de la possession démoniaques. Pour la première, l'action du démon est au dehors, et dans la seconde, il agit en la personne qu'il possède. Quoiqu'en disent les philosophes modernes et les partisans du naturalisme, il est incontestable que ces opérations démoniaques ont existé. Vous en avez des exemples dans le premier livre des Rois (16), où il est rapporté de Saül qu'il était agité d'un mauvais esprit envoyé par le Seigneur; dans Tobie, où l'obsession de Sara, fille de Raguël, est décrite avec détails (1). Qui pourrait révoquer en doute les possessions démoniaques rapportées dans l'Evangile (2)? Jésus-Christ donne à ses disciples le pouvoir de chasser les démons, et ils les chassent en effet, comme nous l'atteste saint Luc (9). Com

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ment ne pas voir une possession dans cet enfant dont parle saint Matthieu (17), qui se trouva guéri à l'instant même où le démon fut sorti de son corps? Saint Paul délivra, dans la ville de Philippes, une fille possédée, en disant au démon: Je t'ordonne, au nom de Jésus-Christ, de sortir de cette fille, et le démon sortit aussitôt (1). Il est rapporté aussi que, pendant son séjour à Ephèse, les démons lui étaient soumis, et qu'ils sortaient du corps des possédés (2).

Pour contester ces opérations démoniaques on dit que c'étaient tout simplement des maladies de l'àme, et des vices que Jésus-Christ et ses apôtres guérissaient par leurs exemples et leurs prédications. Convenez qu'il faut avoir pris un parti. et adopté un systême pour expliquer de cette sorte les passages que nous venons de rapporter. Non, ces narrations de l'Ecriture ne sont pas susceptibles d'un sens figuré, à moins qu'on aille jusqu'à dire que notre Seigneur s'est plu à tromper sur la nature de ces possessions, pour faire croire au peuple qu'il avait toute puissance sur les démons, en feignant de les chasser du corps de prétendus possédés. Peut-on penser aussi que les apôtres et le peuple juif ne fussent pas capables de distinguer entre le pouvoir moral de guérir les vices, et les faits sensibles de ces délivrances? Voyez combien de choses absurdes il

() Act. 16. (2) Act. 19.

faut admettre dans le naturalisme pour arriver à la négation des possessions et des miracles qui en étaient l'occasion!

D'autres diront peut-être que ces prétendues possessions n'étaient que des maladies physiques et morales, comme l'hypochondrie, la catalepsie, la lycanthropie, etc. Cette assertion paraîtra fort gratuite à tout homme raisonnable qui lira la narration de ces faits. Et, en définitive, que gagneraient à cette explication les partisans du naturalisme? Ne faut-il pas qu'ils admettent la guérison miraculeuse de ces sortes de maladies? A moins qu'ils ne prouvent que notre Seigneur, que ses disciples administraient des remèdes à ces malades, et qu'ils les soumettaient à un traitement médical. Les Pères de l'Eglise, qu'apparemment on ne sera pas tenté de regarder en pitié comme de petits esprits, comme des hommes crédules jusqu'à la superstition, eh bien ! ces docteurs cé– lèbres n'élèvent pas le moindre doute sur la réalité des possessions. Ecoutez Tertullien: « Qu'ici, devant vos tribunaux soit amené quelqu'un reconnu pour possédé du démon, et qu'un chrétien commande à cet esprit impur de parler. Cet esprit de ténèbres avouera aussi véritablement alors qu'il n'est qu'un démon, qu'ailleurs il ose faussement se donner comme Dieu (1).» Saint Paulin et Sulpice-Sévère nous disent avoir vu de leurs yeux des possessions évi

(1) Apol. 23.

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dentes, par les faits extraordinaires qui en étaient la suite (4).

Mais, ajoutent nos adversaires, pourquoi n'y aurait-il pas des possessions aujourd'hui comme à l'époque du Christ et de ses disciples? A cela il n'y a aucune réponse à faire, il ne s'agit pas de la continuité des possessions, mais seulement d'établir la réalité de celles dont nous parle l'Evangile. Puis, voyez l'étrange manière de raisonner en niant l'existence des faits, parce qu'ils ne se continueraient pas perpétuellement ! Il est faux d'ailleurs que, dans ces temps modernes, il n'y ait plus d'obsessions démoniaques ni de possessions, et qu'il faille remonter, pour en trouver des exemples, jusqu'aux siècles d'ignorance. Lorsqu'une famille subit cette affliction, l'on ne va pas. le proclamer sur la place publique. On tient ce malheur secret dans l'intérêt des personnes qui le souffrent, et l'on tâche d'y apporter remède sans le divulguer. Il arrive néanmoins assez souvent que ces possessions sont publiquement connues, de même que les moyens employés par l'Eglise pour les faire cesser.

Nous ajoutons que si le démon était le maître de se jeter sur l'homme, comme une bête féroce, et de le tourmenter, on pourrait s'étonner de ce qu'il ne se donnât pas continuellement cette satisfaction de haine contre les serviteurs de Dieu. Mais vous vous souvenez de ce qui a été dit dans

(1) Vit. S. Fel. Dial. 3.

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