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Dieu (1). On convient cependant que la simplicité, ou le défaut d'advertance, ôtent souvent à la tentation la gravité d'une faute mortelle.

Vous connaissez les différentes épreuves usitées autrefois avec tant de solennité pour découvrir la culpabilité ou l'innocence des accusés. Ordinairement elles étaient précédées de bénédictions, de cérémonies religieuses, c'est vrai ; mais l'Eglise ne les a jamais approuvées. On voit au contraire les réclamations qu'elle a faites dans diverses circonstances par l'organe de ses pasteurs : ainsi, au IX° siècle, un archevêque de Lyon déclare ces épreuves damnables; Ives de Chartres, au XIe siècle, les réprouve de la même manière, etc. Les souverains Pontifes les ont aussi condamnées et interdites comme on le voit dans ces paroles d'Etienne V : « Les sacrés canons défendent d'arracher l'aveu par l'examen du fer et de l'eau bouillante (Decret. 2); » défenses réitérées par les papes Célestin, Innocent et Honorius III. Plusieurs conciles tenus en France sous Louis-le-Débonnaire, et à Rome, le quatrième concile de Latran, renferment des déclarations semblables. Les théologiens ont également improuvé ces épreuves comme une tentation injurieuse au Seigneur. C'est donc bien à tort que les ennemis de l'Eglise la font complice de ces abus, qu'il n'a pas été en son pouvoir de déraciner, tant les préjugés populaires les proté

(4) Matth. 4.

geaient, en les regardant comme la manifestation. sacrée de la volonté de Dieu.

Le sacrilége, la quatrième opposition par défaut à la vertu de religion, signifie toute profanation ou abus de ce qui est consacré à Dieu. On le nomme personnel, si une personne appartenant au Seigneur, par une consécration de caractère ou de vou, en est l'objet... local, quand un lieu saint est profané... et réel, lorsqu'il tombe sur des choses employées au culte divin. Nulle doute que le sacrilége ne soit un péché très-grave, à moins qu'il n'y ait défaut d'advertance, de consentement ou légèreté de matière : dans ces circonstances, il pourra n'être que véniel. Nous aurons, dans l'examen des sacrements, l'occasion fréquente d'appliquer les principes du sacrilége. Arrêtons-nous à ces simples notions.

Voilà, je crois, toutes les questions que nous avions à examiner sur la vertu de religion. Vous avez pu remarquer que les matières des second et troisième préceptes du Décalogue sont renfermées dans le jurement, le vœu et la sanctification du jour consacré à Dieu, que nous avons expliqués. Cependant nous rapporterons, suivant leur ordre naturel, le texte de ces commandements, à la suite de ces considérations abrégées relatives au saint nom de Dieu : la défense d'en abuser est portée en ces termes dans le vingtième chapitre de l'Exode: Vous ne prendrez point en vain le nom du Seigneur votre Dieu. Ces paroles comprennent aussi le jurement que l'on peut faire les créatures;

par

nous entrouvons un exemple dans le Deuteronome, lorsque Moyse dit : Que le ciel et la terre me soient témoins (4). Ce n'est pas l'autorité de la créature elle-même qu'on invoque dans ces sortes de jurements, mais on y prend leur auteur à témoin, ainsi que nous l'apprend Jésus-Christ par les paroles de l'Evangile : Celui qui jure par le temple, jure par le temple et par celui qui y habite ; et celui qui jure par le ciel, jure par le trône de Dieu et par celui qui y est assis. Ce serment imposera donc la même obligation que s'il était fait par le nom de Dieu. Toutefois il est utile de faire observer que l'objet par lequel on jure, doit avoir, suivant notre manière de juger, quelque caractère d'importance parmi les oeuvres de la création, car on ne pourrait prendre au sérieux le serment fait par une paille ou un moucheron. Le Sauveur n'a pas interdit tout jurement par la créature, en recommandant aux Juifs (1) de ne point jurer du tout

ni

par le ciel, ni par la terre, etc. Il voulait seulement faire perdre à ce peuple l'habitude du jurement, et redresser l'enseignement des Pharisiens. Selon leur doctrine, les serments faits par la plupart des créatures n'imposaient aucune obligation, à moins qu'on eut juré par celles qui favorisaient leur cupidité, comme l'or du temple et les offrandes de l'autel. Voilà ce que JésusChrist condamnait par ces paroles sévères: Malheur à vous, conducteurs aveugles, qui dites:

(4) Matth. 5.

Si un homme jure par le temple, cela n'est rien; mais s'il jure par l'or du temple, il doit l'accomplir (Matth. 23).

Le second précepte du Décalogue est exprimé en ces termes dans l'Exode: Vous ne prendrez point en vain le nom du Seigneur votre Dieu; car le Seigneur ne tiendra point pour innocent celui qui aura pris en vain le nom du Seigneur. Viennent ensuite les paroles solennelles qui renferment le troisième commandement: Souvenez-vous de sanctifier le jour du sabbat ; vous travaillerez durant six jours, et vous ferez tout ce que vous aurez à faire; mais le septième jour est consacré au Seigneur votre Dieu; vous ne ferez en ce jour aucun ouvrage, ni vous, ni votre fils, ni votre serviteur, ni votre servante, ni vos bétes de service, ni l'étranger qui sera dans l'enceinte de vos villes; car le Seigneur a fait en six jours le ciel, la terre et la mer, et tout ce qui y est renfermé, et il s'est reposé le septième jour. C'est pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat, et il l'a sanctifié. Ayant donné sur ce précepte d'assez longs développements dans les explications de la vertu de religion, nous nous bornons ici à la citation du texte sacré qui le contient.

TRENTE-CINQUIÈME ENTRETIEN.

LA CHARITÉ ENVERS LE PROCHAIN.

LE D. Allez-vous consacrer cet entretien à l'examen du premier précepte de la seconde table ?

LE TH. Il paraît que vous avez perdu de vue une question importante que nous sommes convenus de traiter avant d'entrer dans les explications de la deuxième table. Vous dire qu'elle se rattache à la vertu de charité, qu'elle en est l'objet secondaire, c'est vous signaler suffisamment l'amour du prochain. Jésus-Christ est venu en renouveler le commandement inconnu aux nations, mal observé chez les Juifs, et si altéré dans la tradition de leurs docteurs. Dans le christianisme, cette loi de la charité est claire, manifeste, et plusieurs fois exprimée par le divin Rédempteur. On lui demande quel est le plus grand des préceptes, et il répond Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur de toute votre âme et de tout votre esprit. C'est là le premier et le plus grand commandement. Et voici le second qui est

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