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solennités des payens, fabuleuses comme leur théogonie, ne se rattachent ordinairement à aucun fait certain, tandis que celles du peuple juif retraçaient presque toutes de grands événements, dont le souvenir devait se perpétuer de génération en génération, et les autres étaient ou une expiation publique, ou un grand acte d'adoration. On remarque dans ces solennités juives un but à la fois national et religieux, une gravité, une pompe majestueuse que Voltaire a vainement tenté de rendre ridicules avec ses persiflages impies. Chez les Hébreux, les fêtes étaient donc destinées à retracer le souvenir d'un seul Dieu, législateur souverain, maître et protecteur de son peuple. Dans le christianisme, elles nous montrent un Dieu sauveur qui purifie nos âmes, nous fait triompher de nos ennemis intérieurs et nous conduit par sa grâce vers la Jérusalem céleste. Tel est le caractère des fêtes de ces deux peuples de Dieu, différant entre elles d'esprit et de perfection, selon la nature de la religion qui les prescrit. Entrons dans quelques détails sur nos fêtes chrétiennes, si vénérables, si pures dans leur origine et leur objet, et si saintes dans leur but qui est la gloire du Seigneur, la sanctification des hommes et leur salut éternel.

Toutes les semaines, nous sanctifions, en l'honneur de Dieu le jour dominical ou du Seigneur, qui date des temps apostoliques. Dès le neuvième siècle, on yoit mentionnée parmi les solennités de l'Eglise la fête de la très-sainte Trinité, mystère

adorable, que nous vénérons comme le fondement de notre foi (1).

Les fêtes, consacrées à notre divin Rédempteur, nous retracent l'histoire de sa mission au milieu des hommes, des bienfaits dont il les a comblés, et des souffrances qu'il a endurées pour leur sanctification. Le 25 mars, nous célébrons, depuis les premiers siècles (2), le mystère de l'Incarnation du Verbe, en même temps que nous félicitons Marie dans l'annonciation de sa maternité divine. Noël ou la nativité de notre Seigneur a été solennisée le 25 décembre, dès le principe dans l'Occident, comme s'exprime saint Jean Chrysostôine ( S. 35 ), et au quatrième siècle chez les Grecs. Vous savez avec quel attendrissement et quels saints transports de joie les fidèles célèbrent la naissance du divin enfant, dans cet office de la nuit, qui leur retrace d'une manière si frappante le mystère de Bethleem. C'est une des grandes solennités chrétiennes, à laquelle on se dispose pendant le temps de l'Avent, en usage dans l'Eglise dès le sixième siècle. Avant la fète de Noël, disait aux Bulgares le souverain pontife, Nicolas Ir, nous observons les saints jeûnes que l'Eglise romaine pratique dès les temps anciens.

La Circoncision est du quatrième siècle. Elle a été établie pour nous rappeler le commencement des humiliations et des souffrances du Rédemp

(4) Bened. XIV. de Fest. S. Tr.

(2) Idem de Fest. Annunt.

teur. Ce fut aussi dans cette, circonstance qu'il reçut le nom de Jésus ou de Sauveur, titre si bien justifié par sa charité et son dévouement pour nous. Vient ensuite l'Epiphanie ou Théophanie, manifestation de Dieu, qu'on dit instituée dès les temps apostoliques, et au plus tard dans le troisième siècle. Son objet consiste à nous retracer la vocation des Gentils dans l'adoration des Mages, en même temps que le baptême de notre Seigneur et son premier miracle aux noces de Cana; triple Théophanie où Jésus est manifesté Fils de Dieu et aux Mages, et aux Juifs et aux disciples, On croit que la Présentation de l'enfant Jésus au temple ou l'Hypante, Rencontre, comme l'appellent les Grecs, se célèbre dans l'Eglise depuis le cinquième siècle. Le divin Rédempteur fut présenté au temple par sa sainte mère, selon la loi de Moyse; et ce fut dans cette circonstance que le vieillard Siméon et la prophétesse Anne eurent le bonheur de rencontrer, de reconnaître et d'adorer le Messie, le sauveur d'Israël. C'est de là que Pères grecs nomment cette fête Hypante ou Rencontre. Elle est aussi appelée Purification, à cause de ce point de la loi que la Vierge Marie vint aċcomplir en ce jour, dans le temple de Jérusalem.

les

On fait remonter au huitième siècle l'institution de la fête de la Transfiguration sur le Thabor, où Jésus-Christ se montrant dans sa gloire à trois de ses disciples, voulut leur donner et nous transmettre par eux comme une image des magni

ficences célestes, pour nous exciter à les mériter et à les acquérir au prix des plus grands sacrifices c'est là que nous sommes destinés à contempler les splendeurs de ce même Jésus dans la vision de son humanité sainte et de sa divinité. La bénédiction des palmes ou Rameaux, usitée en Orient dès le cinquième siècle, se fait dans l'Eglise d'Occident depuis plus de mille ans, et aujourd'hui, comme dans les temps anciens, les fidèles portent les palmes symboliques et font entendre le même Hosanna à la gloire du fils de David. C'est ainsi que commence la grande semaine, où tant de mystères se sont opérés pour la sanctification et le salut des hommes. On rapporte aux premiers siècles de l'Eglise les cérémonies de ces trois jours à jamais célèbres, qui rappellent à notre foi et à notre amour l'institution de l'Eucharistie, la mort et la sépulture de notre divin Rédempteur. Saint Jean Chrysostôme décrit ces mystères aux fidèles, les exhorte à redoubler leur piété, leur jeûne et leurs aumônes pour témoigner à Dieu la plus vive reconnaissance des bienfaits qu'il a daigné nous accorder dans cette mémorable semaine.

A ces jours de deuil, succède la solennité des solennités, Pâques, instituée dès les temps apostoliques pour célébrer dans les transports d'une sainte allégresse le mystère de la résurrection du Sauveur. Quarante jours après, vient la fête de son Ascension glorieuse, et ensuite la Pentecôte, ce jour de prodiges, où le Saint-Esprit descendit

d'une manière visible sur les apôtres, réunis dans le Cénacle, pour les éclairer, les fortifier, les rendre propres à la prédication de l'Evangile et à l'établissement de l'Eglise parmi tous les peuples de la terre. Ces deux fètes sont aussi des temps primitifs du christianisme, comme nous le témoignent ces paroles de saint Augustin: « Ce qui n'est point écrit et qui s'observé partout, selon les traditions, vient des apôtres, comme la Passion, la Résurrection, l'Ascension du Seigneur, et la descente du Saint-Esprit, célébrées tous les ans avec pompe dans l'Eglise (Epist. 54), la FéleDieu, instituée dans le treizième siècle en l'honneur de la sainte Eucharistie, couronne la célébration des mystères du Sauveur. » L'Eglise en avait toujours fait l'anniversaire le Jeudi-Saint; mais comme les autres offices de ce jour et les douloureux souvenirs de la Passion ne permettaient pas de déployer dans cette solennité la pompe et la magnificence convenables, on l'a placée au jeudi après le dimanche de la Trinité. Telles sont les principales fêtes que l'Eglise a instituées en l'honneur de son divin fondateur, et qu'elle solennise avec tant de piété, de reconnaissance et d'amour.

Elle offre aussi à Jésus-Christ un culte médiat par les honneurs rendus à la croix, dans deux jours qui rappellent à notre piété l'invention et l'exaltation de ce bois sacré, sur lequel le divin Rédempteur expira pour notre salut. La première de ces fêtes, l'Invention de la vraie croix, décou

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