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question, je vous dirai que la très-sainte Vierge a reçu, dès les premiers temps, le culte de l'admiration, de l'amour et de la vénération des fidèles. Comment lui auraient-ils refusé ces sentiments de leurs félicitations et de leur piété, après ce que l'Evangile dit de cette auguste vierge, qui se trouve, pour ainsi parler, associée par sa maternité divine à la rédemption des hommes ? Voyez dans le symbole comme son nom sacré est mentionné avec gloire, au milieu des noms adorables du Père, du Fils et du Saint-Esprit ! Ne nous annonce-t-elle pas elle-même, dans son sublime cantique de la reconnaissance, que toutes les générations proclameront son bonheur? Pourquoi donc, dès les temps apostoliques, demandez-vous, ne lui a-t-on pas érigé des statues, consacré des temples et des solennités ? Un peu de réflexion suffit pour justifier la prudence des apôtres, qui se sont bornés à établir, au milieu des nations idolâtres, le culte souverain du vrai Dieu et de Jésus-Christ, notre divin Rédempteur. Ne voyezvous pas combien il eût été dangereux de fournir aux Gentils l'occasion de reprocher aux chrétiens, qu'à leur exemple, ils reconnaissaient, ils adoraient aussi une mère de Dieu! N'avait on pas à craindre qu'ils ne vissent, dans la nouvelle religion, la même théogonie du paganisme, avec une morale plus pure et plus austère ? Il fallait donc modérer ce culte de la sainte Vierge, et attendre, pour le rendre solennel comme de nos jours, que les erreurs de l'idolatrie permissent de l'établir sans danger.

L'obligation des fêtes, dont nous venons de parler, existé généralement dans le droit commun, mais avec des exceptions pour certaines localités. Ainsi, en France, les malheurs des temps ont forcé à réduire la célébration obligée de ces fêtes aux quatre suivantes, qui peuvent ne pas coïncider avec le dimanche. Ce sont : Noël ou la. Nativité de notre Seigneur Jésus-Christ, son Ascension glorieuse, l'Assomption de la sainte Vierge, et la Fête de tous les Saints. Les autres qui existaient avant 1802 ont été supprimées ou transférées au dimanche qui suit ; ces dernières sont : l'Epiphanie, la Fête-Dieu, la fête des saints apôtres Pierre et Paul, et enfin celle des patrons de chaque diocèse et des paroisses.

Voilà ce que j'ai cru utile de vous dire d'une manière abrégée sur les fêtes de l'Eglise, sans entrer dans les considérations de morale, d'humanité et d'ordre social qui s'y rattachent en grand nombre. Quant à la manière d'observer ces fêtes chrétiennes, je la laisse à vos méditations; nous en avons vu l'explication dans le troisième précepte du Décalogue, pour la cessation des œuvres serviles. Plus tard, nous examinerons, dans l'Eucharistie, le devoir de l'assistance à la messe, imposé les jours consacrés au culte religieux, , pour en compléter la sanctification. Plaise à Dieu que nous nous montrions fidèles à observer ces solennités du temps, pour être trouvés dignes de participer un jour à la FÊTE glo- rieuse et ravissante de l'ÉTERNITÉ !!!

CINQUANTIÈME ENTRETIEN.

LE JEUNE ET L'ABSTINENCE.

LE D. Vous allez sans doute traiter par ordre les préceptes de l'Eglise, comme vous l'avez fait pour le Décalogue, et alors c'est de la confession annuelle que nous avons à nous occuper aujourd'hui. J'espère que vous en établirez l'obligation d'une manière bien positive; car vous savez que dans le monde on a beaucoup de peine â accepter ce devoir du chrétien, et plus encore à l'observer. Personne, je vous l'assure, n'a goût à la confession; il faut vraiment le sentiment d'une indispensable nécessité pour se soumettre à cette pénible humiliation.

LE TH. Vous aurez l'occasion de reproduire plus tard vos répugnances pour la confession, lorsque nous examinerons avec étendue cette grande question qu'il n'est pas possible de traiter aujourd'hui au sujet du précepte que l'Eglise en a fait ; sa place naturelle se trouve dans les sacrements dont nous aurons à parler bientôt. Il en est de même pour la communion pascale qui appartient au sacre

ment de l'eucharistie de cette sorte, nous tombons sur les deux derniers commandements de l'Eglise, le jeûne et l'abstinence qui ont aussi, vous en conviendrez, des contradicteurs dans le monde. Tâchons donc de nous bien fixer sur ces ces préceptes et sur les conditions nécessaires pour les accomplir. Cherchons d'abord à nous familiariser avec l'idée du jeûne, en observant qu'il a existé chez les différents peuples avant que l'Eglise en ait fait une obligation, et que nous le trouvons pratiqué encore aujourd'hui chez la plupart des nations infidèles.

Saint Jérôme retrace à Jovinien les austérités des anciens prêtres d'Egypte, leurs jeûnes et leurs abstinences. Vous connaissez ce que pensaient du jeûne Pythagore et Platon, qui le recommandaient, en le pratiquant eux-mêmes, comme un moyen propre à dompter les passions et à fortifier l'âme (Porphyr de abst.). Chez les Indiens, le jeûne a toujours été en usage, de même que chez la plupart des autres peuples de l'Asie. Les Mahometans en portent l'observation jusqu'au scrupule pendant leur Ramadan. C'est un point essentiel de leur Coran, que les différentes sectes ont maintenu et suivent partout avec rigueur. En Amérique les peuplades sauvages se préparent à leurs chasses par des abstinences et des jeûnes offerts au grand Esprit. Qui ne connaît les austérités des Réchabites, des Esséniens, des Thérapeutes? Nul doute que les Hébreux n'aient pratiqué le jeûne, comme nous le voyons de Moyse, d'Elie, de Samuel, de Da

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vid, d'Achab, de Tobie, de Daniel, de Mardochée, d'Esther et de Judith. Ces deux femmes célèbres le recommandèrent à tout le peuple pour obtenir de Dieu la délivrance des calamités dont il était menacé. A l'époque de notre Seigneur, le jeûne était une des observances religieuses les plus usi tées dans la Judée, selon les enseignements des pharisiens et des docteurs de la loi, qui y dominaient. On sait que les Juifs observent encore aujourd'hui certains jours de jeune, suivant leurs

anciennes traditions.

Dans le Nouveau-Testament, il est souvent fait mention du jeûne; nous le voyons observé par saint Jean-Baptiste, par le divin Sauveur luimême, dont il est dit qu'il jeûna quarante jours et quarante nuits (Matth. 4). Ille recommanda aussi d'une manière indirecte, en nous apprenant qu'il est des passions qui ne se domptent que par le jeûne et la prière (17). Il est vrai qu'il ne le prescrivit point à ses disciples, pendant qu'il vivait au milieu d'eux; mais il annonça qu'ils jeûneraient après leur séparation (9); ce qu'ils firent en effet, ainsi que les Actes le rapportent des disciples d'Antioche: Pendant qu'ils rendaient leur culte au Seigneur, et qu'ils jeûnaient, le Saint-Esprit leur dit: Séparez-moi Saul et Barnabé pour l'œuvre à laquelle je les ai destinés. Alors après avoir jeúné et prié, ils leur imposèrent les mains (19). Et d'une autre ordination il est encore dit: Ayant ensuite ordonné des prétres en chaque église, avec des prières et des jeunes, ils les recommandèrent au Sei

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