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l'intercession des saints qui règnent avec JésusChrist, qu'ils offrent des prières à Dieu pour les hommes, qu'il est bon et utile de les invoquer.

Mais comment les saints nous entendraient-ils, disait Calvin avec des expressions qui font rougir pour leur auteur (1)? Ainsi n'est-il pas inutile de les invoquer? Non certes, ce n'est point inutile, lors même qu'ils n'entendraient pas immédiatement nos invocations. Dieu a sans doute assez de moyens en sa disposition pour leur faire connaître et nos besoins et nos prières. Eh bien! aecordons aux partisans de Calvin que les saints n'aient aucune connaissance de nos supplications; comment douter que leur charité ne les porte à intercéder en général pour tous les hommes, et spécialement pour ceux qui solliciteront le secours de leurs prières; car ayant été membres de l'Eglise militante, ils n'ignorent pas qu'on invoque la protection des habitants du ciel. Qu'y aurait-il d'absurde dans une semblable hypothèse? quelle difficulté sérieuse peut-on lui opposer? Mais nous sommes autorisés à croire par des motifs puissants que les saints connaissent véritablement les invocations qui leur sont adressées. N'est-il pas dit dans l'Evangile de saint Luc, qu'il se fait une grande joie au ciel pour la conversion d'un pécheur (15) ? Les anges et les saints y connaissent donc cet heureux retour de l'àme coupable? Alors quelle borne fixerez-vous à leur

(1) Quia non habent tàm longas aures ut, etc.

connaissance, relativement à ce qui se passe sur la terre; le rapport une fois établi, quelle limite allez-vous lui assigner? Au reste, l'Eglise de JésusChrist nous montre assez le sens de sa croyance par ses formules de prières directement adressées aux habitants du ciel. Elle invoque en ces termes la glorieuse Vierge Marie :

« Salve, Regina, Mater misericordiæ... ad te clamamus exules filii Evæ. Ad te suspiramus gementes et flentes. »>

<< Sub tuum præsidium confugimus, sancta Dei Genitrix. >>

Sancta Maria, mater Dei, ora pro nobis peccatoribus. >>

L'Eglise fait aux anges et aux saints ces inVocations directes: «Omnes sancti Angeli et Archangeli, orate pro nobis. >>

<< Omnes sancti et sanctæ Dei, intercedite pro nobis. >>

TRENTE-UNIÈME ENTRETIEN.

LE CULTE DES RELIQUES ET DES IMAGES DES SAINTS.

LE TH. L'invocation des saints n'est donc pas injurieuse à la médiation du Sauveur, et ainsi tombe d'elle-même cette grave inculpation qui nous est adressée par les protestants. Vous ne trouverez pas mieux fondé le reproche d'idolatrie qu'ils nous font sans cesse à l'occasion du culte des reliques et des images des saints. Commençons par signaler quelques faits où l'on ne peut s'empêcher de reconnaître que Dieu a souvent opéré des prodiges par les reliques de ses serviteurs. Il est rapporté dans le quatrième livre des Rois que le manteau d'Elie divisa les eaux du Jourdain (2), et qu'un mort fut ressuscité par l'attouchement des os du prophète Elisée (13). Nous lisons dans les Actes des apòtres que les malades recouvraient la santé par les mouchoirs et les ceintures qui avaient touché le corps de saint Paul (19).

Dès les premiers temps de l'Eglise on a vénéré ce qui avait appartenu aux grands serviteurs

de Dieu ainsi à Jérusalem on conservait avec respect la chaire de saint Jacques (1), à Antioche, les ossements de saint Ignace, regardés comme un trésor inestimable; à Smyrne, les reliques de saint Polycarpe qu'on préférait à des pierres précieuses (2). On fit au IIIe siècle une translation religieuse des ossements de saint Pierre et de saint Paul, sous le pontificat de saint Sixte. Saint Ambroise fit transporter avec grande pompe dans son église les restes vénérés de saint Gervais et de saint Protais. L'histoire ecclésiastique rend compte d'un grand nombre de cérémonies semblables, qui nous fournissent l'éclatant témoignage du culte antique de l'Eglise pour les reliques de ses saints. Voyez aussi quel empressement mettent les fidèles à recueillir le sang de saint Cyprien et de tant d'autres martyrs. Vėnėrons avec confiance les reliques de ces témoins de la foi, disait saint Jean Chrysostôme, nous en retirerons de précieuses bénédictions (3). Vous savez comme nous, écrivait saint Augustin, combien il est convenable d'honorer ces reliques du glorieux saint Etienne, martyr (Ep. 212). Vous vénérez les restes de l'apôtre Jean, mandait aussi pape Célestin aux pères du concile d'Ephèse. Enfin nous voyons saint Jérôme réfuter avec la vivacité de son caractère ce que Vigilance s'é

le

(1) Euseb. 7.

(2) Act. Martyr.

(3) Serm. de SS. Juvent. et Max.

tait permis d'avancer contre l'honneur rendu aux reliques des saints. ( Ep. ad Rip.) Et voici le concile de Trente sanctionnant ces autorités si imposantes dans son décret de la vénération des saints, où il est recommandé d'enseigner aux fidèles que les corps de ces serviteurs de Dieu sont dignes de vénération; «et ceux, dit-il encore, qui affirment qu'aucun respect, qu'aucun honneur ne leur est dû, méritent les condamnations portées autrefois par l'Eglise, et qu'elle renouvelle aujourd'hui ( S. 25 ). » Et si l'on nous objecte avec Vigilance que nous adorons les reliques des martyrs, nous répondrons avec saint Jérôme : « Nous n'adorons point les reliques des martyrs, mais nous les honorons, et nous n'adorons que celui dont ils sont les témoins glorieux (1). »

Venons enfin à la question du culte des images, ce vaste champ de la superstition catholique, comme le disent les protestants. Nous commençons par avouer que chez les Juifs la loi divine paraît interdire d'une manière générale de faire des images et des statues (2), défense rendue nécessaire par le penchant de ce peuple aux pratiques de l'idolâtrie. Toutefois, nous voyons des dérogations à cette loi, même pendant la vie de Moïse, qui plaça, par ordre de Dieu, deux chérubins sur l'Arche d'alliance (3). Salomon en fit

(1) Epist. 37.

(2) Exod. 20. - Lév. 26.

(3) Exod. 25.

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