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tudes sont de mise dans tous les milieux, dans tous les ordres d'idées, en politique comme en littérature, en philosophie comme en art. C'est le farceur habile à faire le boniment, c'est l'écrivain, c'est l'artiste avides de relations avec les reporters, c'est le creux philosophe pour dames, qui tiennent toute la place, qui sont décrits, choyés, célébrés par tous les porte-plumes parisiens. Il est facile, en effet, de raconter aux populations comment le grand homme passe ses journées et ses nuits, de dire ce qu'il mange, ce qu'il boit, s'il trompe sa femme, s'il lâche sa maitresse; c'est même beaucoup plus facile, incontestablement, que de dire ce qu'il y a dans un livre, que d'expliquer un tableau, que d'analyser une pensée. Ce sont les hypocondriaques, ce sont les «< raseurs » qui s'attardent encore à ces besognes dédaignées. Etre journaliste et ne donner au racontar, au détail de vie privée que la stricte importance qu'il doit avoir dans l'explication d'un homme et d'une œuvre ! Etre journaliste et vouloir être encore un artiste et un psychologue, et s'essayer aux travaux qui prennent toute la pensée, qui emplissent toute la vie! Mais c'est le vieux jeu, mais c'est fini, mais ça ne rapporte pas d'argent, mais c'est un genre qui n'est pas admis à la première page d'un journal qui se respecte!

Et c'est vrai les naïfs qui croient encore à la littérature, à l'art, au bien penser et au bien dire, sont forcés de se réfugier dans les journaux démodés et dans de vagues revues. Le roi de Paris, c'est celui qui a des entrevues avec Sarah Bernhardt, c'est celui qui découvrira demain la retraite de Richepin. GUSTAVE GEFFROY.

MUSIQUE

Deuxième concert de l'ASSOCIATION DES ARTISTES MUSICIENS.

Camille Saint-Saëns.

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L'Association reste fidèle au plan qu'elle a récemment adopté pour ses concerts. Aux programmes arlequins de jadis, elle substitue, dans chacune de ses auditions, un choix d'œuvres du même compositeur, procédé très recommandable, qui permet au public de se faire une idée exacte de la valeur d'un auteur.

Cette simple modification a suffi pour donner un réel intérêt artistique à ses séances, tombées dans les lieux communs des cantatrices à la mode, des violonistes-acrobates, des pianistesprodiges, de tout ce qui, pour le monde dilettantiste, remplace comme attractions les veaux à deux têtes, les femmes géantes et le général Tom-Pouce.

C'est Saint-Saëns qui a pris place, samedi, au pupitre qu'occupait, au dernier concert, Edouard Lalo. On l'a fêté et acclamé, plus peut-être pour ce qu'on connaît de lui que pour ce qu'il a fait entendre de neuf. La Symphonie, qu'on jouait pour la première fois, est, quoique son apparition aux concerts de Benjamin Godard ne remonte qu'à deux mois, une œuvre assez ancienne, l'une des premières de l'auteur de la Danse macabre. Elle se ressent de l'influence scolastique qui étreignait alors Saint-Saëns. Un peu guindée dans la forme, sèche d'inspiration, quoiqu'écrite avec beaucoup d'art, elle laisse l'auditeur froid, elle intéresse sans charmer. Avec l'Adagio, d'un joli sentiment, le Scherzo est le meilleur morceau de l'œuvre. Mais le second thème rappelle, par son rythme et par son dessin, le Scherzo de la Neuvième symphonie.

Dans le Concerto de violoncelle, interprêté par M. Ed. Jacobs avec son autorité habituelle, même apparence un peu revêche, malgré un passage charmant, très personnel, vers la fin, celui qui précède la rentrée du motif initial.

Diverses compositions de piano ont montré la souplesse et la

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M. Paul Claeys et Mile Lemaire, prêtaient leur concours au concert. Ils ont chanté des fragments d'opéras de Saint-Saëns, et, l'on ne s'explique pas pourquoi dans un concert de ce genre, du Meyerbeer, du Schumann et du Chopin.

Le premier a une bonne et forte voix de baryton. Il aura à se perfectionner dans l'art de la diction et à éviter les balancements de tête, les retraits du pied, les allures matamorantes qui sentent leur province.

La seconde, passablement émue, a fait ce qu'elle a pu : c'était bien, sans excès.

Mentionnons pour mémoire la pittoresque Danse macabre, exécutée par l'orchestre avec beaucoup de feu, et n'oublions pas la traditionnelle Marche qui figure à la fin de tous les programmes de l'Association, dont l'auteur est tantôt Mendelssohn, tantôt Schubert, tantôt simplement: ***, et qui n'est jamais exécutée.

On se demandait, non sans curiosité, si c'était uniquement pour la forme que figurait toujours cette Marche dans la nomenclature des morceaux. Nous avons été aux renseignements.

Il paraît que c'est un truc innocent pour retenir paisiblement sur leurs banquettes les habitués de ces concerts qui, sans cette précaution, se lèveraient pendant le dernier morceau pour aller réclamer leur pardessus au vestiaire !

Mais qu'avons nous fait ? Maintenant que la mèche est éventée, la direction va être obligée, au lieu d'un de ces titres fallacieux, d'en inscrire deux. Encore est-il à craindre qu'on se retire pendant l'anté-pénultième numéro, pour être certain de ne plus être attrapé.... Il faudra en annoncer trois, quatre, tout un programme.

Hélas! qu'avons-nous fait !

MAMMAMOUCHISME

M. Francia n'est pas mort. Il est de la race de ceux qui ne meurent jamais. On a beau les enterrer, et prononcer sur leur tombe de belles oraisons funèbres en style de cantates, ils renaissent quand s'offre l'occasion de commettre une méchante action ou une sottise.

M. Francia a essayé d'exiler du Cercle artistique les œuvres de deux peintres jeunes, James Ensor et Guillaume Vogels, en disant « Tolérera-t-on plus longtemps de pareilles turpitudes? >> Le mot a été dit. C'était une soutise.

Voici qu'il ressuscite, sous les traits, assure-t on, de M. Steveniers, pour empêcher un groupe de musiciens jeunes de se faire entendre. Ceci est une action méchante.

Il s'agit de l'Union instrumentale, présidée par M. Gustave Kéfer, composée de musiciens sérieux, laborieux, et dignes d'intérêt.

Bien mieux la jeune société a déjà gagné ses chevrons. A diverses reprises elle a été accueillie avec beaucoup de faveur. Au Cercle même elle a fait, l'hiver dernier, une entrée superbe, applaudie par tous les assistants et saluée par la presse.

Et parce qu'il plaît à un mammamouchi de leur fermer la porte au nez en leur disant : « Allez vous-en avec vos turpitudes! »> les musiciens de l'Union instrumentale vont remettre dans leur étui clarinettes et flûtes, rouler leur musique, emballer leurs violons, et attendre, pour repasser rue de la Loi, que le personnage en question soit mort?

Ah! mais non, par exemple. Ces gens là, nous l'avons dit, ne

meurent pas. Ou plutôt, ils sont déjà morts de leur vivant et leur trépas ne change rien à leur situation. Ils continuent d'être récalcitrants. C'est leur droit.

Mais notre droit, à nous, est de demander à quel titre un mammamouchi s'installe dans la loge du Cercle pour ne tirer le cordon qu'à ceux qu'il lui plaît de laisser entrer.

Une commission, élue par les membres, est chargée d'administrer la Société. A-t-elle renoncé à son droit de contrôle? Et ce qu'elle a trouvé bon, l'an dernier, permet-elle qu'on le trouve mauvais cette année? C'est donc un soufflet qu'elle se laisse donner?

Nous verrons bien.

LES LIVRES D'ÉTRENNES

Histoire de l'Art dans l'antiquité (IIIe partie), par MM. PERROT et CHIPIEZ. Chroniques de l'histoire de France (IIIe série), par Mme DE WITT-GUIZOT. Voyage au Soudan français, par le commandant GALLIENI. Les anciennes villes du Nouveau-Monde, par M. D. CHARNAY. Paris, Hachette, 1884.

Chaque année, au temps des étrennes, la librairie Hachette nous réserve le plaisir et la surprise de quelques-unes de ces grandes publications dont elle a le privilège. Au premier rang se classe, cette fois, une suite au magnifique travail de MM. Perrot et Chipiez sur l'Histoire de l'Art dans l'antiquité. Après avoir consacré deux volumes à l'Egypte et à l'Assyrie, les savants auteurs de cette étude considérable se sont attachés, dans le tome troisième, à nous initier aux activités artistes de Phenicie et de Cypre. Parmi les historiens de la période d'art qu'embrasse ce nouveau travail, il n'en est point qui aient fouillé plus profondément les obscurités séculaires sous lesquelles l'architecture et la sculpture cypriotes et phéniciennes se dérobent encore aux modernes investigations. S'aidant des découvertes de la science, ils ont restitué dans son intégralité la physionomie d'une civilisation d'art relativement haute et d'où devaient sortir plus tard ces autres civilisations affinées, Rome et Athènes. Depuis les balbutiements de la formation jusqu'à l'épanouissement de l'apogée, il est à présent permis de suivre dans un vaste tableau d'ensemble, dont la grandeur est bien faite pour nous éblouir, le développement successif d'une conception de l'art d'abord timide, incertaine, confuse, et petit à petit menée au point où la reprendront les artisans de l'ère ultérieure.

Le troisième volume de l'Histoire de l'Art s'ouvre par la peinture des conditions du milieu social chez les Phéniciens; le terrain où doit germer la graine est étudié, selon les procédés de l'école critique actuelle, avant la graine elle-même; et nous voyons défiler successivement, dans un large résumé historique, les mœurs, les coutumes, les cérémonies religieuses avec lesquels l'art. du temps a de si intimes analogies et où il semble puiser ses sèves les plus vivifiantes. Mais l'art phénicien ne se concentre pas uniquement dans les limites de la Phénicie proprement dite; son rayonnement, répandu à travers les autres nations, exerce sur celle-ci une influence si grande que quelquefois leur concept artiste se confond avec les manifestations de l'art dans la Phénicie même. Tout au moins en Cypre et en Judée, l'art ne s'est-il développé qu'au contact des Phéniciens, ce grand petit peuple qui, malgré les lacunes de son génie et de son œuvre, n'en a pas moins eu l'honneur de servir d'agent de transmission et de lien entre le vieux monde, celui de l'Egypte et de la Chaldée, et le monde ancien, celui de la Grèce et de l'Italie. C'est une des particularités attachantes du livre que l'application avec laquelle MM. Chipiez et Perrot ont recherché et mis en lumière les affinités d'art entre ces différentes races tour à tour se passant le flambeau que chacune alimente de souffle pour en tirer de plus vives étincelles, jusqu'au moment où il acquerra sa plus haute et définitive clarté.

L'architecture et la sculpture résumant en ces lointains de l'art l'évolution spirituelle qui s'appuie sur le goût et la recherche du Beau plastique, les auteurs établissent d'abord le principe et les caractères généraux de l'architecture phénicienne et cyprienne, analysent les matériaux et les formes des monuments funéraires et religieux, détaillent les procédés et dégagent l'esprit, le style, les significations de cette statuaire primitive où, par moments, se rencontre déjà comme le pressentiment d'un art arrivé à terme. Pour ne parler que des terres-cuites du Louvre représentant des figures

de femmes se pressant les seins, il est au moins curieux de remarquer les rapports qui existent entre leur attitude et celle de Vénus de Guide. Ces analogies ont même déterminé l'accréditement d'une version qui, dans ces œuvres encore grossières d'un génie insuffisamment inspiré par la nature, s'est ingéniée à découvrir la pensée première et l'embryon du chef-d'œuvre de Praxitèle.

Une étude de l'histoire de l'art n'est complète qu'à la condition d'embrasser les multiples applications comprises sous la dénomination toute moderne d'arts industriels. Dans l'avant dernier chapitre, MM. Perrot et Chipiez passent successivement en revue la céramique, le verre, la métallurgie et l'orfèvrerie, la bijouterie, les objets de toilette, les étoffes et les meubles: ce sont comme autant de lumières nouvelles qui suppléent aux conjectures de notre esprit sur des sociétés abolies. Par là nous pénétrons dans la connaissance et l'intimité de leur mode de vivre et de penser; et quand, dans le chapitre qui clôt ce grand travail de résurrection, les auteurs, mettant à profit l'immense somme de matériaux accumulés dans le reste de l'oeuvre, s'efforcent d'en tirer les éléments d'un jugement sur le ròle général de la Phénicie dans l'histoire, il semble que le jugement soit déjà formulé dans notre esprit, tant le clair miroir de l'érudition nous a rendu perceptibles les successives évolutions du génie d'un peuple industrieux entre tous.

L'Histoire de l'art dans l'antiquité comptera parmi les grandes investigations de ce temps dans les broussailleuses jachères du passé. Bien qu'elle ne soit encore qu'aux premières assises de l'édifice définitif, on peut dès à présent se rendre compte de ce que sera le monument dans son ensemble, alors que les descriptions des arts de la Perse, de l'Asie-Mineure, de la Grèce, de l'Etrurie et de Rome viendront compléter cette remarquable et laborieuse enquête commencée avec l'Egypte et l'Assyrie. Rien n'a été négligé d'ailleurs pour dégager du livre la plus grande somme de clarté possible : le texte ne contient pas moins de 644 gravures, et une série de huit superbes pages chromolithographiées fait passer sous les yeux un reflet de la matérielle splendeur des plus rares spécimens de l'art phénicien.

En même temps que cette publication considérable, la librairie Hachette nous donne cette année la troisième série des Chroniques de l'histoire de France, si heureusement inaugurées il y a deux ans par Mme De Witt née Guizot. Comme l'indique le sous-titre, l'ouvrage comprend toute la période de temps qui s'étend des origines au xvio siècle, de manière à former un large tableau historique, et un tableau plus vrai qu'aucun autre puisqu'ici c'est l'histoire racontée par des contemporains, avec le fourmillant détail d'une sorte de Gazette écrite sous l'imprévu et la signification immédiate de l'évènement. La part de l'auteur, dans cette réunion de textes annotés, colligés, coordonnés, est suffisamment grande toutefois pour que son travail ne passe pas inaperçu au rayonnement de l'art souvent inimitable des historiens qui lui ont fourni leurs textes. Dans cette troisième série, c'est Froissard qui presque constamment tient la plume et l'on sait de quels modèles de narrations animées et pittoresques ce peintre de batailles et d'intrigues diplomatiques, qui sut mettre dans ses chroniques quelque chose de la couleur et de la vivacité d'allures de nos romans contemporains, a doté la littérature historique Avec lui, d'ailleurs, c'est notre histoire à nous autres Flamands qui nous passe sous les yeux: la turbulence et l'héroïsme des grands communiers s'agitent fiévreusement à travers ces pages qui sont notre épopée et où se recompose la glorieuse physionomie des grandes cités du temps, Bruges, Gand, Courtrai, alors qu'elles faisaient l'admiration du monde et témoignaient d'un état de civilisation inégalée.

Comme les deux précédentes, cette troisième série est accompagnée de très heureuses compositions des meilleurs illustrateurs français, de quelques belles chromolithographies et de 344 gravures d'après les manuscrits et les monuments de l'époque. Le sévére scrupule typographique qui signale les publications de la maison Hachette s'ajoute ici à l'appoint d'un large élément d'art pour faire des Chroniques de l'histoire de France une des belles éditions au millésime de cette année, digne en tout point des bibliothèques où le médiocre n'a point accès.

Les éditeurs d'ailleurs sont restés fidèles à l'une de leurs spécialités favorites en accordant cette année, comme les précédentes, une part importante aux relations de voyage. Créateurs de ce recueil sans rival, le Tour du Monde, dont le renom a fini par s'étendre partout et qui laissera derrière lui un amoncellement de matériaux auprès duquel pâlissent les plus vastes encyclopédies, il leur appartenait de fournir aux explorateurs des contrées lointaines le moyen de faire connaitre leurs découvertes et leurs investigations. Que d'étonnantes révélations nous ont été apportées par ces écrivains qui, presque tous, sont des héros et dont quelques-uns ont payé de la vie

leur gloire de pionniers, avant même d'avoir pu jouir du rayonnement de l'œuvre où ils ont noté leurs merveilleuses et presque toujours cruelles aventures! Aujourd'hui c'est le commandant Gallieni qui, dans un Voyage au Soudan français, nous initie aux travaux d'exploration du haut Niger (1879-1881), documents de la plus haute importance dans cette obscure question de l'Afrique centrale qui passionne à si juste titre l'Europe. Le livre n'a rien, du reste, des lourdes allures d'un travail de science pure; il est enlevé à la pointe de la plume, nous allions dire de la baïonnette, en nous souvenant que c'est un militaire qui l'écrivit.

Puis encore, c'est une très curieuse et attachante étude des Anciennes villes du Nouveau-Monde, dans laquelle un voyageur, M. Désiré Charnay, a résumé ses explorations au Mexique et dans l'Amérique centrale. Conçu sur le plan d'une narration, et d'une narration singulièrement touffue qu'une infinité de détails, d'anecdotes et d'observations alimente sans cesse, le grand travail de l'explorateur français constitue en outre une reconstruction des civilisations disparues, basée sur la théorie de l'unité, de la modernité relative de l'Amérique et de son origine toltèque, théorie antérieurement soutenue deja par Stéphen et Humboldt. L'art proprement dit tient une forte part dans les prédilections et les recherches de l'auteur: palais, temples, autels, sépultures, se succèdent à nos yeux dans leurs complications et leur étrangeté qui, par moments, révèle de si singulières affinités avec les monuments du Japon. Comme dans l'ouvrage du commandant Gallieni, un nombre considérable de gravures accompagne le texte, nous initiant à la beauté des races et faisant défiler devant nous les trésors d'une terre riche en spécimens d'un art autochtone dont, jusqu'à ce jour, les explorateurs se sont complus à nous faire connaître les particularités ethnographiques plutôt que les monuments.

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Il est de bon ton, parait-il, au théâtre de la Monnaie, de quitter bruyamment sa place, à grand claquement de stalles, quand un ouvrage ne plaît pas. C'est une façon comme une autre de montrer l'éducation qu'on a reçue. A la première représentation du Trésor, un acte inoffensif de Coppée, musique de Lefebvre, on a agi de la sorte. Le compositeur, qui assistait à l'exécution de son ouvrage, aura emporté des mœurs bruxelloises un bien bonne opinion!

Le Trésor n'a pas réussi. La toile est tombée dans un silence triste, après une heure de musique coupée de dialogues en vers. Est-ce le sujet qui a ennuyé le public? Est-ce l'adaptation musicale? Il serait difficile de préciser la part de chacun des collaborateurs. Ce qui est certain, c'est que la musique s'applique honnêtement, couramment, sans trucs, au poème, mais qu'elle ne parvient pas à l'animer. Elle est vraiment trop usée, cette histoire de trésor caché dans la cheminée et qui n'est, après tout, qu'une cassette pleine de cailloux du Rhin. Elle manque l'intérêt, de vraisemblance, de tout. Et ce qui achève d'en détacher l'attention, c'est qu'elle est écrite en mauvais vers.

Mile Legault a eu beau se prodiguer, multiplier les gentillesses, être jolie plus que nature dans son costume breton, M. Soulacroix lancer ses notes les plus vibrantes, M. Delaquerrière faire de son mieux sous la calotte d'un petit vieux abbé, le public n'a pas mordu. C'est que la banalité du poème ne pouvait guère inspirer le compositeur, un musicien de mérite pourtant, qui connaît son métier et a eu quelques succès déjà.

La difficulté de mettre en musique les alexandrins de Coppée était grande. Le mètre des vers de douze pieds s'accomode mal de la traduction musicale. La monotonie était presque inévitable, et l'auteur n'y a point échappé.

Ce qu'il faut reconnaitre, c'est que sa musique est bien écrite, d'une tournure toujours distinguée, et qu'elle exprime fort exactement l'art de Coppée, ce verre d'eau que parfume la fleur d'oranger.

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On a annoncé que quatre compétiteurs étaient en présence pour reprendre la direction du théâtre de la Monnaie: M. Bernard, qui dirigeait naguère le Grand-Théâtre de Marseille; M. Campocasso, qui a dirigé la Monnaie; M. Verdhurt, professeur de chant à Bruxelles, et M. Warot, ténor au théâtre d'Anvers.

Nous apprenons que M. Warot ne songe guère au projet qu'on lui prête. Le compétiteur qui a le plus de chances serait, dit-on, M. Verdhurt.

Nous avons le regret d'apprendre la mort d'un écrivain laborieux et intelligent, M. Frédéric Faber, qui s'était fait connaître par un ouvrage important publié il y a quelques années: Histoire du theatre français en Belgique, depuis son origine jusqu'à nos jours, d'après des documents inédits reposant aux archives générales du royaume (Bruxelles, chez Callewaert père, 1878-80, 5 vol in-8°). M. Fr. Faber, qui était âgé seulement de 47 ans, laisse inachevés plusieurs écrits pleins d'intérêt pour lesquels il avait réuni, dans sa riche bibliothèque, les documents les plus précieux.

Une conférence sur l'Art contemporain sera faite demain soir, au Cercle artistique, par M. Emile Sigogne.

En même temps s'ouvrira l'exposition des illustrations d'Am. Lynen pour les Frères de la bonne Trogne de Charles De Coster, qu'accompagneront des tableaux de M. Arden et des aquarelles de M. Hagemans. Cette exposition sera close le 28.

Le 22 aura lieu le 3e concert de la saison, avec le concours de M. et Mme Duvernoy-Viardot et de M Ed. Jacobs.

Une société nouvelle est en voie de formation à Bruxelles, annonce le Guide musical, une société qui était depuis longtemps désirée et qui mérite tous les encouragements. C'est l'Union des jeunes compositeurs.

Elle a pour but comme la Société similaire de Paris - l'exécution publique des œuvres nouvelles de compositeurs n'ayant pas dépassé l'âge de 35 ans. Combien de ces oeuvres-là restent dans les cartons parce que leurs auteurs ne sont pas assez riches pour les faire entendre!

L'Union des jeunes compositeurs comprend des membres effectifs, protecteurs et adhérents. Bientôt, le règlement sera arrêté, et la Société, dès qu'elle aura un local, se mettra à l'œuvre.

Les personnes qui voudraient en faire partie, à quelque titre que ce soit, sont priées de s'adresser au secrétaire, M. Dubois, rue d'Anderlecht, 127a.

Ernesto Rossi a commencé une série de représentations au Residenz-Theater de Berlin. Il a débuté par le Kean d'Alexandre

Dumas.

L'ART

MODERNE

ENTRERA LE 1er JANVIER PROCHAIN DANS SA CINQUIÈME ANNÉE

L'ART MODERNE s'est acquis par l'autorité et l'indépendance de sa critique, par la variété de ses informations et les soins donnés à sa rédaction une place prépondérante. Aucune manifestation de l'Art ne lui est étrangère il s'occupe de littérature, de peinture, de sculpture, de gravure, de musique, d'architecture, etc. Consacré principalement au mouvement artistique belge, il renseigne ses lecteurs sur tous les événements artistiques de l'étranger qu'il importe de connaître.

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Chaque livraison de l'ART MODERNE s'ouvre par une étude approfondie sur une question artistique ou littéraire dont l'événement de la semaine fournit l'actualité. Les expositions, les livres nouveaux, les premières représentations d'œuvres dramatiques ou musicales, les conférences littéraires, les concerts, les ventes d'objets d'art, font tous les dimanches l'objet de chroniques détaillées.

L'ART MODERNE relate aussi la législation et la jurisprudence artistiques. Il rend compte des procès les plus intéressants concernant les Arts, plaidés devant les tribunaux belges et étrangers. Les artistes trouvent toutes les semaines dans son Memento la nomenclature complète des expositions et concours auxquels ils peuvent prendre part, en Belgique et à l'étranger. Il est envoyé gratuitement à l'essai pendant un mois à toute personne qui en fait la demande.

L'ART MODERNE forme chaque année un beau et fort volume d'environ 450 pages, avec deux tables des matières, dont l'une, par ordre alphabétique, de tous les artistes appréciés ou cités. Il constitue pour l'histoire de l'Art le document LE PLUS COMPLET et le recueil LE PLUS FACILE A CONSULTER.

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Quelques exemplaires des quatre premières années sont en vente aux bureaux de l'ART MODERNE, rue de l'Industrie, 26, au prix de 30 francs chacun.

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TABLE DES MATIÈRES

CONTENUES DANS LA QUATRIÈME ANNÉE (1884)

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