FRANÇAIS。 Nota. Le prix de ce Journal eft actuellement de 36 livres pour les Départemens, l'Affemblée Nationale, par fon Décret du 17 Août 1791, en ayant doublé les frais de port. PIECES FUGITIVES. VERS A MADAME DE LA M** SAINTE & mondaine Elifabeth, Qui n'en êtes qu'à l'alphabet De la dévotion profonde, Et des voluptés de ce Monde ; Dans l'une & dans l'autre fcience, Décidez-vous donc tout-à-fait : D'un Confeffeur ou d'un Amant ? Le fentiment & le plaifir. (Par feu Collé.) (1) On lui en avait envoyé un pour la Fête, avec ees vers, & quelques autres inftrumens, foit de dévotien, foit de mondanité. I L LE FALLAIT, CONTE MORAL. ON N ne ceffe de dire aux jeunes femmes combien délicate & fragile eft la fleur de leur innocence, & combien eft gliffant pour elles le fentier du devoir & de l'honnêteté. On ne dit pas affez aux jeunes hommes combien pour eux les loix de la probité font féveres, & dans quel labyrinthe de malheur & de honte un feul pas au delà des bornes du vrai, du jufte & de l'honnête, fe trouve quelquefois les avoir engagés. Je vais en donner un exemple. Un Gentilhomme de Normandie, jeune, riche, d'une figure aimable, d'une valeur brillante, d'une loyauté reconnue, & jufque-là, d'une fierté, d'une délicateffe extrême fur l'article du point d'honneur, d'Orcilly venait d'époufer la Servante d'un vieux Curé. Cette méfalliance étrange avait triftement affecté la Nobleffe du voifinage. On ne pou vait pas croire qu'un homme aufii bien né fe fût rabaiffé jufque là. Cependant comme la haute eftime dont il avait joui n'était pas toutà-fait perdue, c'était plutôt par ménagement que par mépris qu'on s'abftenait de l'aller voir: & lui, trop fier pour mettre fes voifins mal à leur aife par få préfence, ne fe pla gnait point d'en être délaiffé; mais il n'en recherchait aucun. Le Comte de Gifors, dont on allait bientôt pleurer la perte comme un malheur public, Gifors, le plus intéreffant de nos jeunes Guerriers, Gifors, l'exemple & le modele de la Nobleffe de fon âge, vint de ce côté-là, dans le pays de Caux, voir, hélas ! fes riches domaines qu'il ne devait point pofféder. II avait fait fes premieres armes avec d'Orcilly, il l'aimait tendrement, il était pour lui plein d'eftime. Il le citait fouvent comme ayant dans le cœur toutes les vertus de Bayard; & c'était le louer comme il ambitionnair d'être loué lui-même. Il fut aufli affligé que furpris d'apprendre ce qu'on appelait fa folie. Il eut encore plus de regrer de le favoir retiré du fervice, lui qui avait fi bien fait fes preuves de valeur & de volonté. Cette faute eft, dit-il, une fuite de l'autre, je le fens bien ; mais dans toute cette con luite, fi oppofée à fon caractere, il y a quelque myftere que je ne conçois pas. Lui écrire était embarraffant pour tous les deux; il l'alla voir. D'Orcilly le reçut d'un air libre, aifé, naturel, de l'air d'une ancienne amitié; & avec cette même cordialité, il lui préfenta fon époufe tenant entre fes bras l'enfant qu'elle allaitait, Celle-ci ne parut pas plus confufe que fon mari nul embarras dans fon accueil rien d'humble dans fa modeftie, rien de gêné dans fes manieres une polite ffe auffi fimple & auffi unie que fi elle était née avec elle; & quand Gifors eut la bonté de careffer l'enfant, il |