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teur accufe les commiffaires civils, le directoire du département, les frères du procureur-généralfyndic, & le commandant militaire, tous. « Je fuis, a-t-il dit, un témoin irrécufable des faits que je viens d'expofer, car c'eft Ailes, ma patrie, Arles qui me combla de bienfaits, c'eft la ville d'Arles que je vous dénonce; c'est le maire actuel d'Arles, c'eft mon frère reconnu pour être le chef de ce parti, que l'amour de la patrie, au-deffus de toute confidération humaine, m'oblige également de dénoncer à votre justice. » ( Grands applaudiffemens). Il a demandé que Marseille fût autorisée à acheter 12,000 fufils & 12,0oo fabres, duit de la vente des biens nationaux.

du pro

Le préfident a répondu que « l'Affemblée ne fouffrira pas que la clef de cette frontière refte dans des mains fufpectes »; & la députation dénonciatrice a reçu les honneurs de la léance.

M. Reboul s'eft plaint de ce que le miniftre de l'intérieur n'avoit pas infifté, dans ce fens, fur les troubles du midi; il a foutenu qu'on arboroit la cocarde blanche à Mende & à Villefort, que « les auteurs du maflacre de Nîmes font à la tête des contre-révolutionnaires d'Arles», bien qu'il foit de notoriété publique, que, les paifibles Arléfiens ne fe font armés, que pour éviter le fort affreux des catholiques égorgés impunément

à Nîmes.

D'autant plus eftimable, qu'il avoit la générofité de combattre énergiquement les conféquences directes de plus d'une de fes propres erreurs M. de Vaublanc a rappellé l'attention de l'Affemblée fur les caufes de l'effrayante déforganisation du royaume, a repouffé toute mefure partielle, & a prouvé qu'il n'y avoit qu'un gouvernement vigoureux, que l'activité rendue au

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pouvoir exécutif, & la confidération néceffaire à cette activité, à fes agens, aux adminiftrateurs, aux miniftres, qui puffent fauver la France : Il faut que ce pouvoir émané du peuple, foit refpecté dans la dernière des adminiftrations, comme dans la main du Roi » lui-même. Car je demande s'il eft poffible que le moyen de maintenir par-tout l'ordre, n'échappe pas aux adminiftrateurs, quand, » de tout côté, ils voient leur autorité mécon» nue, fans que l'Allemblée nationale manifefte l'indignation profonde dont elle doit être faifie; quand des adminiftrateurs, un procureur-général-fyndic de département, font arrachés de leur fiège.... traînés par les cheveux, & que, lorfqu'on vient apprendre cette nouvelle à » Allemblée nationale, au lieu de fe couvrir de deuil, l'Affemblée entend un de fes membres » s'oublier jufqu'à dire : Le fujet du trouble eft, » d'une part, le civifme de la municipalité patriote, & de l'autre, l'incivilme du département » ariftocrate? »

M. de Vaublanc a développé ces idées avec autant de fageffe que de véhémence : « L'avons» nous, a-t-il dit, ce gouvernement? non,

nous ne l'aurons point, tant que des fociétés » populatres, que je ne prétends pas calomnier

dont je ne condamne pas les intentions, mais 5 dont je blâme les excès, tant que des fo»ciétés populaires entraveront la marche des ad» ministrations, mépriferont & aviliront l'exer

cice de leur autorité; tant que des fections » du peuple exerceront une vengeance qui ne peut être exercée que par la juftice... Sans le "defpotilme de la loi, il n'existe pas de gou#vernement... Surveillons les miniftres, mais

» ne lès aviliffons pas... Je voudrois que les. » ordres du Roi pour l'exécution des loix, ne ren» contraffent aucun obftacle. Dès-lors je dirois que le corps législatif a véritablement le refpect

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& la vénération qui lui font dus... puifque c'eft. » lui qui a fait la loi. »

cc

On doit regretter qu'à de fi preffantes vérités, fè foit mêlé un paradoxe inconftitutionnel : « il, » faut donc, a pourfuivi M. de Vaublanc, » pour que vous jouiffiez de la majesté qui vous

eft due, il faut que les ordres de celui qui » eft chargé d'exécuter la loi, qui n'eft que votre » volonté, exprimée au nom de la nation, foient, • refpectés. 1o. On ne doit pas de majefté; 2. dire: celui qui eft chargé, pour défigner le Roi, c'eft bleffer le refpect que l'on recommande; 3°. quoique, dans le fait, la loi puiffe n'être que la volonté des députés exprimée, pour la forme, au nom de la nation, l'acte conftitutionnel ne la definit pas ainfi ; il la fuppole la volonté générale, exprimée par la légiflature & la fanilion royale, ce qui est très-différent.

Mais, au fujet d'Arles, on avoit parlé de Marseille, & à propos d'Arles & de Marseille, l'opinant avoit cité les adminiftrateurs maltraités. par les patriotes d'Auch. M. Laplaigue a entrepris de démontrer que, c'eft la faute des adminiftrateurs s'ils ont été maltraités : ce Où en »ferions-nous, Meffieurs, a-t-il ajouté, fi "nous étions obligés de nous en rapporter aux procès-verbaux du directoire du département? » Et depuis trois ans, bientôt, on ne rend des décrets judiciaires que für des procès-verbaux,. &M Laplaigne, ne s'eft appuyé que des procès

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verbaux de la municipalité & da district, mais patriotes.

a dit

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Etonné de voir juftifier ainfi les excès juftement blâmés par M. de Vaublanc, M. Creftin cc C'est le comble de l'horreur & de la » déforganisation que d'entendre, dans le fain » de l'Aflemblée nationale, des membres canonifer l'efprit d'infurrection des municipalités » contre les départemens. Ne fentez-vous pas » que tous les liens du gouvernement le brifent, chaque jour, entre vos mains? » Il a relevé l'immoralité d'un frère qui vient à la barre fe faire honneur d'accufer fon frère. « Si vous étiez le mien, je vous dénoncerois, lui a crié M. Ducos.

Après un tumulte caufé par la partie jacobite de l'Affemblée, qui avoit l'impolitique bonnefoi de voir des perfonnalités dans ces vérités générales, M, Guadet a foutenu qu'il étoit impoffible de prouver aucun fait qui pût inculper les fociétés patriotiques de concourir à perpetuer l'anarchie. Les unes ont offert d'aider les municipalités pour l'affiette des contributions ; d'autres ont ouvert des foufcriptions pour l'échange des affignats; prefque toutes n'ont ceffé de dénoncer.... Selon lui, la racine du mal eft l'inaction volontaire du pouvoir exécutif, qui exclut les patriotes de toutes les places, & n'accorde fes faveurs qu'à des ariftocrates. « Que les miniftres nétoient leurs bureaux de cette pourriture d'ariftocratie qui les déshonore. »

Les huées & les clameurs ont fouvent inter➡ rompu M. Ramond, qui vouloit oppofer des faits à l'affertion de M. Guadet, & qui a fini par recommander un écrit de M. Mashenot

écrit

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écrit lu aux Jacobins, adreffé à tous les dépar temens du royaume. Alors M. Rouyer (que, par erreur nous nommions Rouillier), montrant, comme toujours, autant de justice que d'urbanité, oubliant que l'injure de l'homme inviolable est une infigne lâsheté lorsqu'elle n'eft pas motivée, ou fentant bien, malgré lui, qu'il ne peut plus injurier que ceux qu'il loue, s'eft mis à crier que M. Ramond auroit dû dénoncer l'infâme abbé Royou, auteur de l'ami du Roi, l'infâme Mallet du Pan, l'infâme Durofoy; que la conftitution étoit fouillée dans la bouche impie de ces infâmes......... Et ce feront encore les écrivains qui peindront M. Rouyer tel qu'il eft, tel qu'au moment même il ne rougit pas de fe montrer en fpectacle à l'Europe, qu'il accufera d'avilir en lui le caractère de légiflateur, de déprimer tous les pouvoirs conftitués, de fouiller la conftitution! « Nous ne devons point exercer l'ordre judiciaire, a dit M. Cambor je fuis étonné que des amis de la conftitution, &c. viennent ici nous engager, par de belles phrases, à nous écarter de nos pouvoirs. Elle permet aux citoyens de s'affembler paifiblement & fans armes... Qu'on paffe à l'ordre du jour, »

M. de Girardin a invoqué la queftion préalable, ou fur l'opinion de M. Rouyer, ou fur la liberté de la preffe; & l'Affemblée a décrété qu'il n'y a pas lieu à délibérer fur les amendeinens de MM. Ramond & Rouyer, & a adopté la motion de M. Reboul.

Du mardi, 21 février.

Au nom du comité militaire, M. Blanchard a rapporté les réfolutions à prendre au fujet des rations de viande à donner aux foldats. N°. 9. 3 Mars 1792.

B

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