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& les Lorrains ont prêté ferment de- fidélité au Roi de France. Applaudiffemens & impreffion...

Le 45. régiment, en garnifon à Béthune, étant raffemblé pour entendre la lecture du réglement de difcipline, les foldats ont crié : Nous ne voulons pas de ça, c'est un aristocrate qui a fait ce réglement; nous n'en voulons pas. Les officiers défefpérant de rappeller l'ordre, ont offert leur démiffion. Le Roi l'a refulée & a chargé M. de Pollincourt d'employer toutes les forces néceffaires pour rétablir la fubordination. C'eft le miniftre de la guerre qui a rendu compte de ce fait.

Du famedi, féance du foir.

Une femme féparée de fon mati, a prié l'ALfemblée d'interprêter clairement en faveur du divorce, l'article de la conftitution qui réduit le mariage au contrat civil. L'Affemblée eft paffée à l'ordre du jour.

M. Bernard a lu un rappert fur les réclamations de M. de Latude, repouffé par l'Affemblée conftituante, accueilli par la légiflature. Celle-ci a adjugé au pétitionnaire tenace un don provifoire de 3000 liv., fans préjudice de fa penfion de 400 liv. accordée en 1784.

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Autrefois pour encourager les fciences, les lettres & les arts, le Roi foufetivoit pour plu fieurs exemplaires de certains ouvrages; ces dépenfes & ce droit font réfervés à la nation, & les foufcriptions ne fe paient plus. Sur la der mande du miniftre de l'intérieur, & au nom du comité de l'ordinaire, des finances, M. LafontLadebata propofé de continuer le paiement de celles de la collection des Chartes, Diplomata, Charte, Epiftola & alia documenta ad res, Francifcus fpec

tantia, recueils faits en Angleterre & en Ita'ie par MM. de Brequigny & Dutheil; & des Effais hiftoriques fur les mœurs des François, par M. de Sauvigny. Pour obtenir ces fecours de la manie du moment, le rapporteur a eu foin de dire que M. de Brequigny prouve que les Rois de la première race ne prenoient pas le titre de Rois de France, mais celui de Rois des Francs; mais il lui eft échappé d'apprendre à tel favant qui ne s'en doutoit guère, que les Effais contenoient des lettres de Rois, de Reines, de papes, d'évêques, les conftitutions des Rois, les loix faliques, ripuaires, &c. En vain a-t-il protefté que tout cela prouvoit que la nouvelle conftitution eft l'ancienne conftitution perfectionnée; toutes les complaifances ne lui procurcient pas de foufcripteurs parmi nos génies qui commencent le monde.

« Nous n'avons que faire de loi falique, a dit M. Cambon. Si le Roi en a envie qu'il s'en pourvoie de fa lifte civile. Nous avons affez de notre conftitution, il ne faut pas autre chose. -- Si nous montrons du mépris pour les fciences & pour les arts, a dit M. Lecoz nous tomberons dans la barbarie, & la barbarie copduit à l'esclavage. --L'art des poifons eft auffi un art, s'eft écrié M. Grangeneuve. Qu'avons-nous befoin de ces antiqua documenta, remplis de chofes qu'il faut enfévelir pour jamais? Bulons tout ce qui peut rappeller la naiffance de la féodalité. La liberté fe fuffit & n'a pas befoin de contrastes. » M. Lemontey a trouvé que l'incendiaire de la bibliothèque Alexandrie,raifonnoit précisément avec autant de profondeur que M. Grangeneuve. Le malheur eft qu'en légiflation, en administration, en inftitutions, depuis long-temps on agit fré

,quemment comme M. Grangeneuve "raisonne. Auf les galeries l'ont-elles applaudi. L'Affemblée a dérité Timp effion & l'ajournement du rapport de M. Lafont-Ladébat.

Du dimanche, 26 février.

M. Pétion a écrit à l'Assemblée, pour imputer à calomnie ce que M. de Narbonne avoit dit, la veille, de l'inaction du maire, conftitutionnellement réquis à l'égard des 12 déferteurs du régiment d'Alface. Il a plaint, il a juftifié les foldats, & ajouté que le cas lui ayant para embarraffant, il s'étoit réfervé d'en conférer avec le confeil municipal.

Nouvelles de Noyon. Le détachement envoyé à Attichy n'y a éprouvé aucune résistance; mais la fermentation y eft encore très-grande, écrit Jaconiquement M. d'Auchy; & il faut fe montrer ferme, fi l'on veut faire respecter & exécuter la loi.

M. l'abbé Jchon a tancé le général Wittinghoff & le miniftre de la guerre, parce que le premier, en arrivant à Ourcan, a défarmé une quarantaine de paysans qui girdoient les bleds n'ofant plus les vendre. Délaimer des citoyens paifibles! On auroit de même arraché l'écharpe aux municipaux. C'est un crime contre la conftitution; c'eft un effai du pouvoir exécutif qui défarmera ainfi quatre à cinq millions de François. Les fufils enlevés ont, dit-on, fervi à armer des volontaires ! Quoi des volontaires font allés, fans armes, appaifer des trou bles! Quoi! ils ont marché comme des eir toyens délibérans! Je ne fais que foupçonner...

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Je

Je fourçonne tout... Je ne veux pas être mẻfiant.... Mais on doit mander le miniftre. »

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Ces fidèles gardiens de bled ( a dit M. Hebert qui parle trop rarement & dont chaque parole, & peut-être même le filence, le bon efprit) ces fidèles gardiens de bled en ont laiflé voler deux mille facs. »

montrent

MM. Léopold, Thuriot, Lecointre & Romme fe font mis à paraphraser la motion de M. Ichon. M. Thuriot a foutenu d'ailleurs que le miniftre avoit encouru la peine de mort... Au mot civique de mort, les galeries ont crié : Bravo! Bravo! Bravo! On a renouvellé les confignes les amateurs de têtes coupées réfistoient aux factionnaires, tous les membres de l'un des deux côtés de la falle fe font foulevés à l'appui de la loi. Le miniftre, qui entroit alors, a déclaré que rien n'a été fait qu'en vertu de requifitions adminiftratives. M. Thuriot l'a interrogé; le miniftre a demandé à l'Assemblée s'il devoit répondre aux interpellations d'un feul membre. «Que le miniftre foit rappellé à l'ordre, a dit M. Choudieu; il n'a pas le droit de faire une demande comme celle ta. » Un décret ayant dicté chaque fyllabe de l'interrogatoire au préfident, il a requis le miniftre de rendre compte des mesures prifes; celui-ci a prié l'Affemblée d'attendre qu'il fu: inftruit du bon ou du mauvais fuccès, & de ne rien décider avant d'être bien informé... Nous n'aurions pas efquiffé 'ee dialogue, fi nous n'avions cru que les hommes d'état y verroient comment la précision des détails rend-facile le maniement des grandes chofes.

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2..

Admis à la barre, M, Luckner a dit : « Il y a long-temps que mon cœur eft François, mais je No. 9. 3 Mars 1792. C

n'en ai pas encore gagné l'accent. » En se chargeant de lire pour lui, M. de Narbonne a affuré qu'il feroit plus aifé à M. le Maréchal de gagner une bataille que de prononcer un difcours. Après des hommages, des actions de graces, des protef tations de dévouement, le difcours a annoncé que la difcipline règne dans l'armée, mais qu'on fouffre beaucoup de la perte fur les affignats. Le préfident, M. Dumas a répondu à M. de Luckner.

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La lecture d'une foule d'adresses a été interrompue par une lettre des 12 déferteurs du régiment d'Alface. Ils demandoient à être reçus à la barre. M. Dubayet s'y eft judicieusement oppofé. M. Vergniaud a penfé qu'on devoit lire leur pésition. Ces foldats fe plaignent qu'ayant voulu s'engager dans un régiment François, ils ont été placés dans un régiment Allemand dont ils n'entendent ni la langue ni le fervice. M. Thuriot les tenoit ainfi pour dégagés. M. de Vaublanc tâchoit de concilier le refpect des loix avec le plaifir de blâmer ou d'entraver un miniftre. M. Rouyer ne voyoit aucune inconféquence à exiger que les foldats commençaffent par obéir, & à renvoyer leur plainte au comité militaire. L'Affemblée, de peur d'adminiftrer, de d'adminiftrer, de gouverner, de paralyfer le pouvoir exécutif fuprême, a décrété le renvoi au comité, malgré les représentations de M. Hébert qui foutenoit qu'une pareille difcipline anéantiroit l'armée.

M. de Narbonne a raconté que le maire ayant refulé d'avoir égard à la réquifition de M. d'Affry donnée fur un ordre du Roi, ces 12 foldats étoient venus, à 10 heures du foir, fe conftituer d'euxmêmes prifonniers, lui avoient promis de retourner au régiment, & lui avoient demandé seule

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