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rope vit avec étonnement fortir du fond de la mer, dans l'efpace de fix mois, une flotte trois fois plus nombreufe que ne fut celle qu'elle crut détruire, pour chercher le combat, & mettre nos côtes en fûreté. »

« Et vous, Citoyens intègres du louable Ordre des Payfans, vous qui avez été ce que vous futes toujours, & ce que les ennemis du royaume, Oppreffeurs ou Libérateurs, vous trouvèrent fous les drapeaux de Charles Knutffon, ou de Guftave Ericfon, & en tout temps, vous qui êtes partis pour la détense du pays, qui y avez volontairement dévoué vos enfans, qui abandonnâtes votre charrue, pour monter à bord de ces mêmes bâtimens que leurs mains avoient conftruits & gouvernés; vous, dont les mains laborienfes remuèrent la terre pour élever des fortifications à la défense du Royaume! Pour vous exprimer ma reconnoiffance, je ne trouve d'autres Paroles que celles-ci : Vous vous êtes comportés en Suédois; vous avez prouvé être les dignes D-fcendans de ceux dont Guftave Wafa difoit: Dieu & les Payfans Suédois.»

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Puifque la tranquillité extérieure fe trouvé actuellement affermie, il nous refte à terminer un travail non moins important, à rétablir l'ordre dans les Finances, dérangé par les opérations de la guerre. Telle eft la caufe de votre Convocation. Par les Mémoires que je remettrai à Vos Collègues dans le Comité, vous verrez que ce qui exifte réellement, eft plus que l'on ne s'imagine, & que fi les réfolutions font prifes avec unanimité, il ne fera point néceffaire d'impofer un fardeau plus aggravant que celui dont vous êtes déja chargés.

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« Je vous ai convoqué dans un temps où un

vertige fanatique ébranle prefque tous les Pays, & ou plufieurs de mes Contemporains auroient trouvé de grandes difficultés à s'expofer à l'effervescence, , que des Affemblées nombreufes font fouvent naître. Je ne l'ai point redoutée, je me fuis confié à votre attachement, & à la fincérité avec laquelle je vous propoferai les objets dont vous devez délibérer. Votre confiance venant au-devant de la mienne, il ne peut réfulrer d'une réunion fi noble, que le bien de chaque Citoyen, l'affermiffement de l'Etat, l'eftime des Etrangers & la tranquillité générale. C'est pour l'achèvement de ce grand Ouvrage, pour l'exécution profpère de ces délibérations, que je vous fouhaite le fecours & la bénédiction de l'Etre Suprême, tandis que je reste à vous tous en général, & à chacun en particulier, très-affectionné, avec toute la faveur & bénévolance royale. »

De Vienne, le 14 Février 1792.

Le Gouvernement, ainfi que nous l'avons dit antérieurement, a inftruit le Cabinet de Berlin que, pour la sûreté de TEmpire, l'Empereur a ordonné à un Corps de fes troupes de fe mettre en mouvement. Par la même notification, S. M. I. a exprimé fa confiance dans le concours des mefures du Roi de Pruffe pour le même but, & des difpofitions de ce Monarque, proportionnelles à celles qui fe font ici. Ces deffeins ont été auffi communiqués aux principales Cours de l'Europe, dont les réponses détermineront probablement la

confervation de la paix ou la certitude de la guerre. Si la rupture vient à être décidée, plus de 300,000 hommes de troupes de ligne feront employés. Tous nos régimens fe préparent; fi le cas l'exige, ils fe fuivront rapidement. Jufqu'à préfent, néanmoins, ces ordres donnés ne font que provifoires; une feule divifion de huit bataillons & de fix divifions de Cavalerie. devant marcher dans le Brifgau, auffitôt que le paffage requis aura été ascordé. La marche des autres Corps paroît être moins prochaine. Voici l'état plus détaillé & plus exact de ces diffé rentes forces encore immobiles.

Le Corps du Brifgau feta formé de deux bataillons de Gemmingen (un bataillon. y eft déjà), deux de Klebek, un d'Archiduc Ferdinand, deux. de Neugebauer, un d'Infanterie de l'Etat - Ma-jor, trois divifions des Cuirafiers de Hohenzollern (ces divifions y font), & trois divifions de Chevaux-légers; en tout huit bataillons & fix divifions. Le Prince de Hohenlohe eft désigné au commandement de ce Corps: il aura fous lui les Généraux Olivier de Wallis, de Brentano, de Kofpoth, d'Erbach, de Welfch.

Les Troupes commandées pour les Pays-Bas, font un bataillon de Matthefen, un de François Kinsky, un d'Ulric Kinsky, un de Hohenlohe, un d'Edouard d'Alton, un de Stuart, un de Jofeph Colloredo, deux de Brechainville, deux, de Brentano, deux d'Archiduc Ferdinand, deux de Stein, deux de Jordis, un de Ginlay, un de Devins, un de Jellachith, un de Croates

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un d'Efclavons, deux de Guillaume Schroeder; (les feconds bataillons de fix de ces régimens font dans les Pays-Bas.) Ces Troupes feront fous les ordres des Généraux Edouard d'Alton, Strafoldo, Stuart, Kavanagh Schmaker Lichtenberg, Turkheim, Draskowitz, Einsiedel, Kollonitz, Furstenberg, Auersperg & Wernek.. Chaque bataillon aura fon artilleric de campagne. L'artillerie de réferve partira en même temps que les régimens.

C'est un fait certain, quoique rapporté par des Gazettes, que ta requête qu'a pré. fenté à l'Empereur le Corps des Grena diers de la Bohême, formant environ 8 mille hommes. Ayant obtenu du Gé néral-Major Prince d'Aversberg leur Brigadier, la permiffion de dreffer à S. M. I. le Mémoire de leur demande, ils ont expofé leur defir de marcher contre les ennemis de l'Empereur, de fa Fantille, & de l'Empire. On remarque la même ardeur dans toute notre armée. Les follicitations des Grenadiers. de la Bohême ont été acceptées avec d'autant plus de faci lité, que ce Corps, à fon grand regret, eft refté inactif dans la dernière guerre contre la Porte.

Ceux qui voient dans ces premières dif pofitions le projet d'attaquer inceffamment la France, & ceux qui la croient affurée de conferver la paix, fe trompent également. Les Folliculaires ont beau avoir le mot de tous les Cabinets, &x

favoir mieux que les Souverains eux niêmes ce que l'Europe fera dans trois mois, on ne peut leur paffer ce talent de deviner à coup sûr. Ici l'opinion ne diffère point fur la première deftination des troupes qu'on mettra en mouvement: elles auront certainement pour objet de couvrir les frontières du côté de la France. Lorfqu'on fera en préfence, & cet évènement ne peut guères précéde la fin d'Avril, les circonftances, la conduite de l'Affemblée de France, les incidens immanquables dans la confufion toujours croiffante où fe trouve ce royaume, développeront l'exécution des plans combinés dans l'Empire, & qui, quoi qu'on en dife, ne font peut-être pas fi indépendans des conjonctures à venir.

GRANDE-BRETAGNE.

De Londres, le 22 Février.

M. Pitt a ouvert le Budget dans la féance du 17, en expofant, aux Communes le tableau détaillé des recettes & dépenfes pour l'année courante 1792. Peu d'ouvrages de ce genre furent auffi méthodiques, même parmi nous nul de nos comptes miniftériels n'offrit moins d'hypothèse, nul ne renferma un état de finances plus brillant après des jours de détreffe, & une leçon plus inftructive à ceux qui veulent calculer

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