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IMPRIMERIE CLAVE, TAILLEFER ET C

Successeurs de H. Fournier,

RUE SAINT-BENOIT, NO 7.

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DES

DEUX RESTAURATIONS

JUSQU'A LA CHUTE DE CHARLES X

CHAPITRE PREMIER

fer avril 1814; le Sénat; composition et réunion de la commission de constitution; déliberation des 3, 4 et 5 avril; adoption de la constitution dite sénatoriale; son article 2. Le Sénat et l'opinion; dépêches de l'abbé de Montesquiou à Louis XVIII. — Alexandre, son influence. Organisation et personnel du gouvernement provisoire. - Adhésion des généraux et des corps constitués. Actes du gouvernement provisoire. — Arrêté du 9 avril; enlèvement du trésor particulier de Napoléon, à Orléans; affaire Maubreuil; projet d'assassinat contre l'empereur; arrestation de la princesse Catherine de Wurtemberg à Fossard; vol de ses diamants; Maubreuil est arrêté.-Lettre de M. de Talleyrand au comte d'Artois ; séjour de ce prince à Nanci; son arrivée aux portes de Paris; négociations avec le gouvernement provisoire et le Sénat; entrée du prince le 12 avril; discours; défilé ; nouvelles négociations. Intervention d'Alexandre; acceptation de la lieutenance-générale et de la constitution du 6 avril, par le comte d'Artois; il prend le gouvernement. - Substitution de la cocarde blanche à la cocarde tricolore; envoi de commissaires extraordinaires dans les départements; lois financières.-Convention d'armistice du 23 avril; la France réduite à ses frontières de 1792; ses pertes; rôle de M. de Talleyrand. - Louis XVIII quitte Hartwell; sa réponse au prince régent; il débarque à Calais.

1814.- Le 1er avril, le Sénat ne s'était pas borné à sanctionner les choix de M. de Talleyrand pour la composition du gouvernement provisoire, et à proclamer les bases de la constitution << que devait se donner la nation française ' »; cette' assemblée, par un amendement spécial, avait en outre chargé le pouvoir, créé par elle, de préparer l'acte constitutionnel dont elle avait posé les principes. C'était au Sénat que M. de Talleyrand et ses collègues de gouvernement devaient leur nouvelle position; la complicité de ce corps faisait toute leur force; ils s'adjoignirent pour la

1. Expressions de la déclaration du 31 mars.

rédaction de l'acte constitutionnel, une commission de cinq sénateurs. Le Sénat, de son côté, en créant un gouvernement nouveau, avait anéanti les lois constitutives de son existence légale; c'était sur une convocation de l'empereur de Russie que sa réunion avait eu lieu; son pouvoir usurpé reposait uniquement sur l'appui prêté par ce souverain à ses décisions et à ses actes; ses membres exigèrent comme garantie nouvelle de leur sécurité, la présence et le concours du principal ministre d'Alexandre aux délibérations de la commission de constitution. Cette commission se trouva dès lors composée du prince de Bénévent, du duc de Dalberg, du général Beurnonville, du comte de Jaucourt, de l'abbé de Montesquiou, membres du gouvernement provisoire, de MM. Barbé-Marbois, Destutt de Tracy, Eymery, Lambrecht, Lebrun, duc de Plaisance, sénateurs, et du secrétaire d'État russe, comte de Nesselrode.

Cet étrange comité ne put se réunir le lendemain, 2; la déclaration de déchéance, précipitée par la démarche ardente de l'avocat Bellart, fut l'unique travail du Sénat dans cette journée. Le 3, enfin, le comité de constitution s'assembla. Les sénateurscommissaires arrivèrent avec un projet tout préparé. Ce projet, développement des principes proclamés le 1er avril, réglementait les conditions et les formes du gouvernement, et, faisant une part exorbitante à la position politique et aux intérêts privés des membres actuels du Sénat, il passait sous silence le nom du souverain. L'abbé de Montesquiou, qui représentait dans le nouveau pouvoir l'élément royaliste pur, s'étonna de cette lacune. La déclaration par laquelle la France se replaçait sous le sceptre des Bourbons devait, disait-il, précéder, dominer tout le travail du comité. Les sénateurs se montrèrent hésitants. Le prince de Bénévent parut approuver l'abbé. M. Lambrecht rédigea immédiatement un article où il était dit « que le peuple français appelait librement au trône Louis-StanislasXavier, frère du dernier roi ». M. de Montesquiou, à la lecture de cette formule, s'indigna. « Comment! s'écria-t-il, le peuple « appelle Louis XVIII au trône! mais c'est un mensonge, ce

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