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déguiser le plus possible; il n'y a donc pas à s'étonner de ces emprunts et changements de noms. C'était pour justifier celui de Bernardoni qu'il affectait d'écrire en italien. L'abbé Langlois était son véritable nom. C'est ainsi qu'est désigné par MM. Vandal1 et Farges2 un envoyé du Roi en Russie à la même époque et pour le même objet. Il fut ensuite chargé, en 1735, avec Orlick, d'une mission auprès de Stanislas et de ses partisans, réfugiés à Koenigsberg, pour les décider à cesser une résistance désormais sans objet.

Voici les documents relatifs à la mission de Bernardoni :

LOUIS, PAR LA GRACE DE DIEU, ROI DE FRANCE ET DE NAVARRE, A TOUS CEUX QUI CES PRÉSENTES LETTRES VERRONT, SALUT.

-

(9 JUILLET 17343.)

Comme nous sommes bien aise de chercher les moyens de pacifier les troubles qui se sont élevés dans le Nord à l'occasion des affaires de Polologne, nous avons bien voulu nommer une personne instruite de nos intentions, pour se transporter sur les lieux et travailler à y rétablir, s'il est possible, la tranquillité; et nous confiant entièrement en la capacité, expérience, zèle et fidélité pour notre service de notre cher et bien-aimé le sieur Bernardoni, pour ces causes et autres bonnes considérations à ce nous mouvant, nous avons commis, ordonné et député, et par ces présentes, signées de notre main, commettons, ordonnons et députons le dit sieur Bernardoni; et lui avons donné et donnons plein pouvoir et commission et mandement spécial pour, en notre nom, convenir avec un ou plusieurs ministres de notre très chère et très aimée sœur l'Impératrice de toutes les Russies, pareillement munis de ses pleins pouvoirs en bonne forme, arrêter, conclure et signer tels traités, articles et conventions qu'il avisera bon être, voulant qu'il agisse en cette occasion avec la même autorité que nous ferions et pourrions faire si nous y étions présent en personne, encore qu'il y eût quelque chose qui requit un mandement plus spécial que ce qui est contenu en ces dites présentes promettant, en foi et en parole de Roi, d'avoir agréable, tenir ferme et stable à toujours, accomplir et exécuter ponctuellement tout ce que le dit sieur Bernardoni aura stipulé, promis et signé en vertu du présent pouvoir, sans jamais y contrevenir ni permettre qu'il y soit contrevenu, pour quelque cause ou sous quelque prétexte que ce puisse être; comme aussi d'en faire expédier nos lettres de ratification en bonne forme pour être échangées dans le temps dont il sera convenu. Car tel est notre plaisir : en témoin de quoi nous avons fait mettre à ces dites présentes le scel de notre secret.

Donné à Versailles le 9 juillet de l'an de grâce 1734 et de notre règne

le 19o.

Par le Roi.

1. VANDAL, Une Ambassade française en Orient sous Louis XV, p. 237. (Cependant le nom de Langlois ne figure pas dans les deux lettres citées par M. Vandal, des 11 et 15 décembre 1734, et insérées ci-après.)

2. L. FARGES, Instructions, etc., Pologne, t. Ier, p. 334, t. II, 7, 22, 29 et suiv. 3. A. E. Russie, t. XXVIII, fol. 29.

M. BERNADONI A M. DE CRAUVELIN.

Paris, le 13 juillet 1734, 10 heures du matin '.

Je viens de recevoir le paquet contenant le plein pouvoir du Roi pour traiter avec M. le duc de Mecklembourg; mais je suis encore dans l'attente de vos ordres sur l'évaluation des subsides à accorder à la Russie. Je vous supplie très humblement, Monseigneur, de m'expliquer votre volonté, étant toujours dans la disposition de partir demain, ainsi que vous me l'avez ordonné et que je vous l'ai promis. Je vous renvoie l'écrit que vous eûtes la bonté de me confier hier au matin et je suis avec un zèle inviolable, etc.

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cace et la plus prompte, révoquant

tout ce qui auroit pu être fait jusqu'à présent de contraire aux usages et libertés de la Pologne, notamment de la ville de Dantzick.

2o Déclare Sa dite Majesté Czarienne que, dès que le roi Stanislas, tranquille possesseur de son trône, l'en requerra, elle retirera toutes ses troupes du territoire de la Pologne, sans avoir à prétendre aucune indemnité pour raison de séjour qu'elles y auront fait ni de tous frais ou dépenses occasionnées par la présente guerre.

3° Réciproquement Sa Majesté Très .Chrétienne déclare et garantit le plus solennellement, envers et contre tous, les États appartenant à la Czarine; déclare en outre que le sérénissime roi de Pologne n'a aucun engagement avec quelque puissance que ce soit qui soit contraire au présent traité et garantie et, s'il y en avoit, les déclare et s'engage à les faire déclarer nuls.

S'engage aussi, pour plus grande sûreté, de faire ratifier les présentes conventions par le roi et la république assemblée en diète, comme aussi Sa Majesté se rend garante d'avance de ce qui pourra être stipulé directement entre le sérénissime roi de Pologne et la république d'une part et la Czarine de l'autre.

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Si la clause soulignée faisait de la peine, n'en point parler du tout.

On pourroit demander un engagement que le Turc ne fera point la guerre à l'occasion de la présente affaire de Pologne; comme nous ne pouvons pas savoir ce qui se passera dans l'intervalle, nous pouvons seulement dire qu'immédiatement après la signature on prendra les mesures nécessaires à Constantinople, sur quoi on pourra écrire en droiture à Pétersbourg.

1. C'est-à-dire la Russie pourroit demander, etc.

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comme aussi spécialement en con

formité du traité d'alliance avec Son Altesse le duc régnant de Meckelbourg signé respectivement cejourd'hui.

9o Et, comme tout cela sera conclu jusqu'à la ratification authentique, on fera d'abord l'échange des instruments quand ils seront ratifiés.

3o Mesures générales par rapport à la négociation de Russie1.

Si nous finissons notre traité avec la Russie, le déclarer en Suède, faire connoître que le traité ne contient rien que de conforme à ses intérêts, lui proposer d'y accéder; demander à cette couronne la reconnoissance en forme, par l'envoi d'une ambassade suédoise en Pologne.

Parler de même en Danemark.

Rome, demander la reconnoissance.

Tenter si la cour de Berlin voudroit entrer dans ce traité pour garantir le nouvel état de Pologne.

Écrire à Milan et à Madrid que nous n'en serons pas moins vifs sur les autres objets de la guerre.

Profiter de ce moment pour engager l'Empereur à nous confier ses plans pour la paix.

Déclarer en Hollande et en Angleterre que, l'affaire de Pologne étant en règle, nous serons prêts à poser les armes dès que l'Empereur voudra reconnoître le roi Stanislas, pour régler ce qui regarde la satisfaction de nos alliés. Parler à ces deux puissances de la reconnoissance.

Écrire à Pétersbourg pour envoyer la ratification; savoir, par le favori, quel présent flatteroit plus la Czarine; déterminer les présents pour les ministres russes.

Demander en Russie un ambassadeur pour la France. En nommer un pour la Russie; faire désirer qu'en attendant Bernardoni reste; lui donner caractère de ministre plénipotentiaire.

Écrire à Constantinople pour suspendre toutes mesures et remettre les Tartares tranquilles chez eux.

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Les Anglois ont répandu le bruit en Suède que nous étions en négociation avec la Russie par le canal du duc de Meckelbourg. Gardez pour

1. A. E. Russie, t. XXVIII, fol. 90. 2. A. E. Russie, t. XXVIII, fol, 55.

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