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de Stockholm, qui lui-même a passé ce fleuve, leur a fait déclarer, avant de quitter la France, que l'intention du roi était qu'ils en sortissent. Il continue aussi de passer par notre ville beaucoup de Russes. On croit que M. le baron d'Armfeldt, à qui on attribue une grande influence sur les résolutions du roi de Suède, sera rappelé du poste d'ambassadeur à la cour de Vienne, pour aller remplir à Stockholm celui du département des affaires étrangères. Déjà on parle d'une alliance entre la Suède et l'Angleterre. Le bruit court à Vienne que S. M. I. ne se fera point couronner empereur héréditaire d'Autriche; seulement le jour de la fête nationale de S. Léopold, S. M. se rendra en grande pompe à l'église de S. Etienne, revêtue des nouveaux ornemens impériaux, et accompagnée des grands officiers de l'empire héréditaire, lesquels n'ont pas encore

été nommés.

Le ministre de Prusse, à la diéte générale de l'Empire, a reçu de sa cour un rescript, par lequel le roi son souverain annonce qu'il reconnaît la nouvelle dignité d'empereur héréditaire dans la maison d'Autriche; S. M. regarde cet événement comme un arrangement de famille qui, conformément aux déclarations particulières de la cour de Vienne, ne peut apporter aucun changement dans ses rapports avec l'Empire.

Mayence. Leurs majestés impériales sont arrivées à Mayence le 3 complémentaire à la même heure. Tout était illuminé d'une manière élégante et somptueuse. Plusieurs princes de la rive droite, ainsi que l'électeur de Bade et l'électeur archi-chancelierde l'empire avaient précédé l'arrivée de l'empereur. L'affluance des étrangers en cette ville lui donna le plus grand éclat. Les électeurs et princes des cercles antérieurs de l'empire Germanique, qui ne se sont pas eux-mêmes rendus à Mayence, y ont envoyé pour complimenter l'empereur.

Bayonne, 30 fructidor. Quoique la maladie épidémique qui règne cette année à Malaga, ne soit pas la fièvre jaune, ou vomito negro, elle enlève beaucoup de monde, et l'on prend toutes les précautions d'usage pour empêcher qu'elle ne franchisse l'enceinte de cette malhenreuse ville.

PARI S.

Le départ du Saint-Père pour Paris, est décidé pour Je 26 ou 27 septembre, avec une suite de douze cardinaux,

à ce qu'on croit. Une gazette italienne a transcrit la lettre dont nous avons déjà parlé, de M. le cardinal Maury a l'empereur des Français. La voici :

» Sire, c'est par sentiment autant que par devoir que je me réunis loyalement à tous les membres du sacré collége, pour supplier V. M. I. d'agréer avec bonté et confiance mes sincères félicitations sur son avénement au trône. Le salut public doit étre dans tous les temps. la suprême loi des esprits raisonnables. Je suis Français, sire; je veux l'être toujours. J'ai constamment et hautement protessé que le gouvernement de la France était sous tous ses rapports essentiellement monarchique. C'est une opinion à laquelle je n'ai cessé de me rallier, avant que la nécessité de ce régime nous fût généralement démontrée par tant de désastres, et que les conquètes de V. M. qui ont si glorieusemeut reculé nos frontières, eussent encore augmenté dans un si vaste empire le besoin manifeste de cette unité de pouvoir. Nut Français n'a donc plus que moi le droit d'applaudir au rétablissement d'un trône héréditaire dans ma patrie, puisque j'ai toujours pense que toute autre forme de gouvernement ne serait jamais pour elle, qu'nne intermittente et incurable anarchie. Je me retrouve ainsi, à la fin de notre révolntion, sur la même ligne des principes que j'ai défendus au fréquent péril de ma vie depuis le premier jour de son origine et durant tout son cours. Je sens vivement, sire, dans ce moment sur-tout, le bonheur de n'ètre que conséquent et fidèle à mon invariable doctrine, en déposant aux pieds de V. M. I. t'hommage de mon adhésion pleine et entire au vou national qui vient de Pappeler à la suprême puissance impériale et d'assurer solidement la tanquillité de l'avenir, en assignant à son anguste famille un si magnifique héritage. Un diadème d'empereur orne justeurent dignement à mes yeux, le front d'un héròs qui, après avoir été si souvent couronné par la Victoire, a su se soutenir par son rare génie, dans la législation, dans l'administration et la politique, à la hauteur de sa renommée tou jours croissante, en rétablissant la religion dans son empire, en illustrant le nom Français dans tous les geures de gloire, et en terrassait cet esprit de faction et de trouble qui perpétuait les fléaux de la révʊlution en la recommençant toujours..

»Je suis avec le respect le plus profond, sire, de V. M. I., de très-humble, tres-obéissant, très-dévoué et très-fidèle serviteur, Jesa Sifrein, cardinal MAURY, évéque de Monte-Fiascone et de Borneto? >> Monte-Fiascone, 12 août. »

Le corps législatif sera, dit-on, convoqué pour le 18 brumaire, et le code du commerce sera le principal" objet qui l'occupera pendant sa prochaine session.

Le nombre des ouvrages admis au salon cette années est de douze cente; celui des refusés de cinq cents.

-Les bruits qui ont couru sur le retardement du sacre de l'empereur, ne paraissent pas fondés.

M. Camus, archiviste, et ancien membre de l'assemblée constituante, s'est cassé la jambe dimanche dernier, en se promenant tranquillement dans son jardin."

(No. CLXX.) 14 VENDÉMIAIRE an 13. (Samedi 6 Octobre 1804.)

MERCURE

DE FRANCE.

LITTÉRATURE.

POÉSIE.

GALLUS.

PRESIDE à mes accords, fugitive Aréthuse;
Ils déplorent les feux d'un amour insensé.
Ah! si loin de Gallus, par elle délaissé,
Licoris applaudit aux accens de ma muse,
Que tes flots toujours purs ne cessent de couler
Vers les bords où Thétis refuse de mêler .
Le cristal de ton onde à ses vagues amères.
Aux peines de Gallus je vois participer

Ce troupeau que l'œil suit errant sur nos bruyères.
Des forêts près de nous les échos solitaires
Portent au loin le deuil dont tout va les frapper.
Quand l'Amour consumait les restes de sa vie,
Quel était votre asile, ô Nymphes d'Aonie?
Ah! sans doute pour lors à vos yeux attendris,
Les bois de l'Hélicon, les bords de Castalie
Offrirent vainement leur ombre et leurs abris.
Les cyprès, les lauriers qui couvrent le Ménale,
Arrosèrent de pleurs les arides sommets

D

5.

Où le jeune Gallus de sa voix pastorale Arrêta nos troupeaux émus de ses regrets. Pour pleurer avec lui, le pasteur abandonne Aux fertiles rameaux des arbres de Dodone Le gland que les frimas commencent à mûrir. Des sommets que blanchit une neige éternelle, Où la sombre Arcadie aux cieux semble s'unir, Apollon prend pitié de sa peine cruelle; Il accourt précédé d'une troupe immortelle, Et ces mots près de nous sont venus retentir : « Insensé, tu gémis; du Dieu qui te captive, »Ta plainte ne saurait désarmer les rigueurs; » Au retour du printemps, l'abeille fugitive » Voltige, dérobant le nectar de ses fleurs; » Ainsi ce dieu cruel se nourrit de nos pleurs. » Licoris, au mépris d'une flamme si chère,

» Vers le Rhin, vers ces monts de frimas couronnés, » Où ses flots en glaçons reposent enchaînés, » Prodigue à son amant sa beauté passagère. >> Mais la voix du pasteur que chérit Apollon, A travers ses soupirs ainsi se fit entendre: « O combien paraîtra plus légère à ma cendre » La terre que sur moi vos mains assembleront, » Bergers, si les accords qui me célébreront » Consacrent à jamais un amour aussi tendre! » Ah ! que ne puis-je, heureux de l'oubli de mes maux, » Aux feuilles du citise amener vos troupeaux ! » Près de vous Licoris, de mon cœur effacée, » Eût coûté moins de pleurs à ma flamme abusée; » Près de vous je verrais, libre de mes ennuis, » La blonde Amarillis, la jeune et brune Aminte, » M'offrir pour me charmer leurs attraits réunis ; » Ainsi dans nos vallons, à l'albâtre du lis, » S'unit le sombre éclat dont brille l'hyacinthe. » Pour calmer du midi les cruelles ardeurs, » Quelle Nymphe humecta cette rive altérée ?

» Je vois Flore renaître, et border de ses fleurs » L'onde pure qui fuit loin de nous égaréc.

» Mes pas suivent son cours,

des emblêmes chéris » M'offrent de tous côtés le nom de Licoris.

» Reviens, ah! tout ici gémit de ton absence. » Le murmure des flots qui tombent de ces monts, » L'ombre de nos forêts, l'émail de nos vallons, >> Tout me semble en ces lieux appeler ta présence. » Le hêtre jeune encore, où sont gravés nos feux, » Va nous prêter son ombre, et s'accroître avec eux. » Puissent-ils ne finir qu'avec notre existence ! » Inutile espérance; elle fuit, et ses pas, » Des Alpes et du Rhin, traversent les frimas.

Pour ne pas les blesser sous leur heureuse trace, » Que tes pieds délicats sentent mollir la glace; » Et moi, sur le Ménale, en proie à mes regrets, >> J'aime à les exhaler au fond de ses forêts.

>> Souvent sous leurs abris ma voix plaintive et tendre » Par un air pastoral viendra se faire entendre.

» J'irai, de ces rochers pénétrant les réduits,

>> Consoler de mon cœur les funestes ennuis.

» Mes flèches dans les airs s'envolent et frémissent, » De nos chiens sur ce mont les clameurs retentissent. >> Implorant vainement un refuge assuré,

» Le timide chevreuil, dans sa course égaré, » Les appelle à l'odeur de sa trace élancée,

» Et franchit avec eux les sommets du Licée. » Que ces plaisirs sont purs! de leurs charmes épris, >> J'oublierai tous les feux qu'alluma Licoris.,

» Licoris, qu'ai-je dit? ô tourmens de l'absence! » Je frémis, Dieu cruel, tout cède à ta puissance. » Où fuir ? ah! les déserts, où l'Arabe égaré

» Voit le pampre flétri sur le hêtre altéré,

» Ni les bords désolés où l'amant d'Orithie

» De 'Hèbre au flot rapide enchaîne la furie,

»Ne pourraient de ma flamme éteindre les ardeurs,

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