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» Mes chants semblent accroître et nourrir mes douleurs. » Finissons; loin de nous ces roches isolées

» Déjà de nos troupeaux semblent se dépouiller.
» Le jour cède à la nuit le fond de nos vallées,
> Et les feux de Vesper commencent à briller. >>

DÉMOLIÈRES.

CHANSON

IMITÉE DE L'ANGLAIS DE THOMAS PARNELL

J'AI vu passer comme un instant
Les premiers jours de ma jeunesse.
Hélas! dans ces jours où sans cesse
J'étais riant, dansant, chantant,
Ma liberté tint du prodige;
Mon bonheur égalait au moins
Celui de l'oiseau qui voltige

D'un arbre à l'autre, exempt de soins.

Demandez à ces deux ruisseaux,

Dont le murmure a tant de charmes,
Demandez-lear si de mes larmes
Une seule a grossi leurs eaux.
Dans le bocage, dans la plaine,
Interrogez le doux zéphir;
Il vous dira qu'à son haleine
Jamais je n'ai joint un soupir.
Mais à présent que je suis pris
Dans les filets d'une bergère,
J'ai perdu ma gaieté légère;
Adieu chansons, danses et ris !

Inquiète mélancolie,

Tendres desirs et vive ardeur,

Avec l'image de Zélie

Hélas! sont entrés dans mon cœur.

Arbres touffus, sombres bosquets,
D'Amour favorites retraites,
De son langage, échos qui faites
Retentir vallons et forêts;

Vous aussi dont chacun excèle
Dans l'art d'imiter son accent,
Bergers, Zéphire et Philomèle,
Enseignez-moi cet art puissant.

Dans mon dessein secondez-moi!
Que de Zélie, amant novice,
Par vos leçons je réussisse
A gagner le cœur et la foi !
Douces angoisses de mon ame,
Ah! n'allez pas vous apaiser;
Croissez plutôt, si de ma flamme
Zélie un jour doit s'embraser.

S. G. L. DE SAINT-LÉGIER, ancien
officier d'infanterie.

SUR LE TESTAMENT DE MON ONCLE,

QUI M'A LAISSÉ TRENTE MILLE LIVRES DE RENTE.

HARMONIEUX vers de Virgile,

Prose de Fénélon, beaux traits de l'Evangile,
Livres profanes ou pieux,

Ecrits par des mortels, ou dictés par des Dieux,
Vous n'offrez rien de comparable
A ces mots inspirés par un cœur généreux :
Je donne et légue. Un charme inconcevable
Répandu dans ce style aimable,

Fait tomber les larmes des yeux:

Je donne et lègue est admirable.

Que j'aime un testament qui m'offre un bien palpable!
Qui donne le bonheur en beaux écus comptans,

Des immeubles bien clairs qu'on garde soixante ans (1)
Sur cette terre périssable!

Un testament moins gai qu'on fait lire aux mourans,
Dit que les riches vont au diable:

Je n'en crois rien; quelques gens mécontens
Ont inventé ce trait peu charitable.

Un avare est damné; mais pour un riche aimable,
Qui partage gaiement ses plaisirs et sa table,
Les portes de là-haut s'ouvrent à deux battans.

Par M. CHARLES DASTIN, ancien capitaine
d'artillerie.

QUE JE L'AIMAIS!

QUE je l'aimais cette jeune Lesbie!
Jamais ainsi on ne sentit l'amour;
Tant j'y pensais et la nuit et le jour,
Que seulement pour elle était ma vie.
Que je l'aimais! Lorsqu'une autre maîtresse,
Riche d'attraits, se présentait à moi,

Si son amour m'eût voulu faire roi,
Point n'aurais su lui donner ma tendresse.

Que je l'aimais, quand mes rivaux près d'elle,
Tout désolés n'osaient rien espérer !

Quand les voyais gémir et soupirer,

Puis s'éloigner en l'appelant cruelle !

Que je l'aimais, quand pour deux jours d'absence,
Pâleur de lis décolorait son tein;

A mon retour quand je trouvais sa main

En traits de feu me peignant la constance !
Que je l'aimais, quand sa voix si to chante,
En doux accens venait jusqu'à mon cœur ;

' (1) L'auteur, mort il y a un an, à l'âge de trente ans, n'a joui que pendant dix mois de sa brillante fortune.

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Quand d'un baiser l'ineffable faveur
Me pénétrait d'extase ravissante!

Que je l'aimais!.... Mais ma tant douce amie

A disparu comme la fleur des champs;

A peine vis, et mes jours languissans
Finir s'en vont comme ceux de Lesbie.

PONCET-DELPECH, ex-législateur.

ENIGM E.

PEUT-ÊTRE, lecteur, sur mes pas,
De courir n'es-tu jamais las;
Mais c'est la plus folle conduite:
Plus tu cours, moins tu m'atteindras;
Les desirs me mettent en fuite,
Ensemble nous n'habitons pas,
Par eux ma nature est détruite;
Ils traînent des soins à leur suite,
Moi, j'expire au moindre embarras.
Si tu veux m'attraper bien vîte,
Renonce à ta vaine poursuite,
Et je volerai dans tes bras.

Par un Abonne.

LOGOGRIP HE.

LES savans ne sont point d'accord
Sur ma nature et sur mon sort;
Les uns me font plante marine,
Quoiqu'Aristote et le vieux Pline
Me fassent tous deux arbrisseau.
D'autres veulent enfin que je sois un insecte;
Si ma recherche les affecte,

Je leur dirai qu'on me trouve dans l'eau.
Six pieds font toute ma structure,
Et ma couleur sert de parure

Aux lèvres de la belle Iris ;

J'embellis celles de Cypris.

En me décomposant, je suis un corps sonore ;
Un métal précieux; un écueil au nocher
Qui vient pour me pêcher.

Que dirai-je de plus encore?
Gousse, j'aide à manger le pain du laboureur;;
Il trouve en moi quelque saveur.

En remontant de mes pieds à ma tête,
Vous trouverez la fille de Laban,

Qui de Jacob fut la conquête

Vers les campagnes du Liban.

Plus, le poil tempérant l'effet de la lumière,
Sans quoi l'œil souffrirait du jour qui vous éclaire ;
Plus enfin, l'instrument propre à lancer un trait :
Voilà mon analyse, et voilà mon portrait.

Par M. VERLHAC (de Brives).

CHARADE.

VERS mon premier, lecteur, l'homme marche toujours;
L'esprit, sans mon dernier, est un faible avantage;
Car mon entier, s'il a ce dernier en partage,
Eclipse les talens, les vertus, les amours.

Par un Abonné.

Mots de l'Enigme, du Logogriphe et de la Charade insérés dans le dernier Numéro:

Le mot de l'Enigme du dernier numéro est Lecture. Celui du Logogriphe est Ami, où l'on trouve mi (note de musique), Aï (renommé par ses bons vins), ma (pronom adjectif), Ima (mont d'Asie, au nord de l'Inde), mai (mois).

Celui de la Charade est Sou-lard.

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