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à notre seigneur J. C., à sa glorieuse mère la vierge Marie, et au bienheureux apôtre saint Pierre, afin que notre voyage soit accompagné de bénédictions, et que l'issue en soit heureuse. Si nous obtenons cette faveur de l'auteur de tous biens, vous aurez une grande part à la joie commune, vous, nos vénérables frères, que nous avons appelés dans notre conseil, et nous nous réjouirons tous dans la miséricorde dn Seigneur.

On assure que le procès-verbal du récensement des votes, fait par la commission du sénat nommée à cet effet, constate que l'hérédité de la dignité impériale dans la descendance de l'empereur, de Joseph et Louis Bonaparte, ainsi qu'il est réglé par le sénatus-consulte du 28 floréal dernier, a été votée par 3,572,329 citoyens français, c'est-à-dire, par la masse de la nation, par ce qui forme le corps de l'état.

-

Ön annonce que la ville de Paris se dispose à offrir à l'empereur un riche présent.

On assure que telle sera la marche du cortège pour le jour du sacre et du couronnement de l'empereur: il sortira des Tuileries pour prendre la rue Saint-Nicaise ; il suivra la rue Saint-Honoré jusqu'à la rue du Roule, passera le Pont-Neuf jusqu'au quai des Orfevres, et de la ira tout droit jusqu'à Notre-Dame. A son retour, il prend a la rue de la Juiverie, passera le Pont-au-Change, suivra la rue Saint-Denis jusqu'à la porte Saint Denis, continuera le boulevard jusqu'à la Madeleine, traversera la place de la Concorde, et retournera aux Tuileries par le quai des Tuileries.

-On mande de Bordeaux, qu'un homme connu de cette ville a été trouvé, le 16 de ce mois, presqu'entièrement brûlé dans une cour précédant un jardin. Cet individu, d'après les recherches faites, et renseignemens pris par le juge de paix, a dû dresser lui-même le bûcher, et, après y avoir mis le feu, s'est tiré deux coups de pistolet, et a brûlé sur son bûcher, sans que personne du voisinage ait pu s'en apercevoir.

D'après les ordres du conseiller d'état préfet de police, les préposés à la dégustation des boissons, par suite de leurs opérations pendant l'an 12, tant chez les marchands que dans la halle et sur les ports, ont vinaigré 678 pieces de vin, 716 pièces de poiré, et 184 pièces de jus de sureau. Ils ont fait retirer de la halle ou des ports 288 pièces de vin travaillé ; et enfin, il a été versé dans le ruisseau 183 pièces devin corrompu. ̧

(No. CLXXVII.) 3 FRIMAIRE an 13.
(Samedi 24 Novembre 1804. )

MERCURE

DE FRANCE.

LITTÉRATURE.

POÉSIE.

TRADUCTION LIBRE EN VERS

DE LA VII ODE DU IV LIV. DES ODES D'HORACE

Diffugere nives, etc.

La neige disparaît, les gazons reverdissent,
D'un feuillage naissant les arbres s'embellissent.
Tout change on voit déjà les fleuves désenflés
Couler paisiblement sous leurs bords repeuplés.
Des nymphes, que conduit la plus jeune des Graces,
Sont comme elle sans voile, et dansent sur ses traces.
Ne crois pas, mon ami, pouvoir vivre toujours....
Contemple la nature, et suis-la dans son cours.
Vois l'heure trop rapide, emportant nos journées,
Après elles nos mois; et bientôt nos années.
L'hiver finit: Zéphyre a fait naître les fleurs.....
Et soudain de l'été les brûlantes chaleurs

B b

Remplacent le printemps, jusqu'aux jours où Pomone,
A la blonde Cérès enlevant sa couronne,
Vient répandre ses dons, et passer à son tour.
Elle fuit; aussitôt l'hiver est de retour.
D'un astre, cependant, l'influence féconde
Chasse les noirs frimas, ressuscite le monde.
Mais nous, quand une fois chez les Morts descendus,
Nous sommes réunis aux Numas, aux Ancus,
Nos yeux sont pour toujours fermés à la lumière,'
Et notre être détruit n'est plus qu'ombre et poussière.
Quel mortel ici-bas peut jurer aujourd'hui

Que demain le soleil se levera pour lui ?

Dans l'emploi de ton or prends le plaisir pour guide,
Et d'un âpre héritier trompe l'attente avide.
Quand, sur les bords du Styx, le juge so.ennel
Aura porté l'arrêt de ton sort éternel,

Ni l'éclat de ton nom, ni ta docte éloquence,
Ne te pourront jamais redonner l'existence.
Ta vertu même en vain réclamerait pour
toi,
Rien ne peut nous soustraire à la suprême loi.
Du séjour ténébreux qu'arrose le Cocyte,
Diane veut en vain rappeler Hippolyte;
En vain Pirithous attend, dans les Enfers,
Que la main de Thésée aille briser ses fers.

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J. D.

LA DORMEUSE.

AIR: Jeunes amans, cueillez des fleurs.

VERS le déclin d'un jour brûlant,
Annette assise sous l'ombrage,
Regardait son troupeau bêlant
Paître l'herbe du voisinage :
Le murmure d'un clair ruisseau
Fuyant à travers la prairie,

Bientôt endormit du hameau
La bergère la plus jolie.
Ignorant le secours de l'art,
Qui souvent nuit à la nature,
La modestie était son fard,
Une rose était sa parure.
De tous les bergers d'alentour,
Lubin seul avait su lui plaire,
Et Lubin des feux de l'amour
Ne brûlait que pour la bergère.

En revenant d'un champ voisin,
Il trouve la belle dormeuse :
Pour commettre amoureux larcin,
Est-il rencontre p'us heureuse?
Il s'en approche à petits pas,
Le desir enivre son ame;
Ce qu'il voit, ce qu'il ne voit pas,
Le ravit, l'égare et l'enflamme.
Pour faire chercher un moment
Sur le gazon sa chère Annette,
Il veut détacher doucement
Le bouquet de sa collerette;
Mais la bergère s'éveilla :
Des jeunes cœurs l'amour dispose.
Annette, en dormant comme ça,

S'exposait à perdre sa rose.

LAGACHE (d'Amiens),

L'INNOCENCE RECONNUE.

Je suis un monstre d'inconstance ! Eh quoi! ce reproche, Doris, S'adresse à moi, modèle d'innocence ! Calme un instant tes injustes dépits.

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Oui, j'étais hier chez Hortense;

Mais elle a, tu le sais, ta bouche, ton souris,
Et je ne voyais que Doris.

Dans les circuits de nos bruyères,
L'autre jour, je guidais Zelmis,
Elle a tes yeux et tes longues paupières;
C'est toi que j'égarais, Doris.
J'ai détaché de Nice la ceinture;

Je m'en souviens, tu me surpris: Mais sa taille est la tienne, elle a ta chevelure; C'est toi que je pressais, Doris.

De sa romance favorité

Je répète souvent les couplets à Cloris :
Comme le tien son sein palpite,
Et j'aime à voir palpiter ma Doris.

Dieux!.... quelle étrange scène !
Dans un bosquet, l'autre soir tu me vis
Baiser la main de la charmante Hélène,

Blanche, douce comme la tienne :
Oui, c'est ta main que je baisais, Doris.
Auprès de mainte et mainte belle,
Ainsi de cent baisers je couvre tes appas:
Et malgré tes refus, j'idolâtre, cruelle !
Ces roses et ces lis que tu ne montres pas.

N. LOUET.

STANCES

SUR LES

BEAUX-ARTS.

LASSÉ de combattre la rage

Des tigres et des élémens,

L'homme cessa d'être sauvage,

Construisit des maisons et cultiva des champs.

Ses sillons devinrent fertiles,

Il eut et des Dieux et des lois;

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