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porte. On oblige M. de Rumbold à se lever. On lui demande ses papiers: il répond que puisqu'on a force sa maison, on peut bien forcer son secrétaire. Cela fait,"

69 mai

le

mit dans une chaise de poste; il arriva à Paris, et fut dé-O) posé au Temple, où pendant deux jours il fut bien piqué d de ne voir personne. Au bout de ce temps-là on vint lens? prendre pour le conduire à Cherbourg. Il se loue beaucoup des officiers qui l'ont accompagné.

Au reste, le Moniteur dit: On dépouille les papiersk contenus dans les trois malles trouvées chez M. Rumbold.. Ces pièces, ainsi que la correspondance de deux agens de cet Anglais, déjà détenus l'un et l'autre au Temple, seront communiquées en original aux cabinets du continent. Elles acheveront de faire connaître ce que l'Angleterre attend de ses ministres, et offriront un développement complet de la célèbre circulaire de lord Hawkesbury.

Un sénatus consulte du 15 brumaire dernier, après la vérification des votes, a déclaré la dignité impériale héréditaire dans la descendance directe, naturelle, légitime et adoptive de Napoléon Bonaparte, et dans la descendance directe, naturelle et légitime de Joseph. Bonaparte et de Louis Bonaparte. Le procès-verbal du récensement des votes de tout l'empire, est joint au sénatus-consulte. Celui de la ville de Paris porte 117,504 votes affirmatifs, et 66 négatifs.

- Les lettres du Nord font espérer que, malgré les intrigues de l'Angleterre, la paix du continent ne sera point troublée.

- Un décret impérial a établi une nouvelle répartition de la contribution personnelle et somptuaire de Paris. Les loyers de 100 à 149 fr. ne paient rien. La taxe s'élève graduellement de 5 à 10, 20, 30, 40, 50, 60 et 80 francs.

Le Pape est arrivé le 4 frimaire, vers midi et demi, à Fontainebleau. L'Empereur, sorti à cheval pour chasser, averti de son approche, a été à sa rencontre. L'Empereur et le Pape ont mis pied à terre à la fois, ont été l'un audevant de l'autre, et se sont embrassés. Ils sont arrivés à Fontainebleau dans la même voiture, et sont venus de la même manière à Paris, où ils sont entrés le 7 à huit heures du soir, toutes les troupes étant sous les armes. Le lendemain le bourdon de Notre-Dame annonçà la présence de Sa Sainteté.

Le conseil d'état vient d'abolir le calendrier révoluLionnaire.

-

Le détail des cérémonies du sacre, rapporté avec quelque inexactitude par plusieurs journaux, était hier dans le journal officiel. Dans ce cérémonial, dont il va se répandre des millions d'exemplaires par toute la France et l'Europe, on remarquera un grand hommage rendu à la religion. A l'élévation de la messe, le grand électeur ófera la couronne de l'Empereur, et la dame d'honneur celle de l'Impératrice... L

Un décret impérial, du 18 brumaire, ordonne que les troupes, d'artillerie, de marine, créées par l'arrêté du 15 prairial an 11, porteront à l'avenir le titre de Corps impérial d'artillerie de la marine. Tous les officiers de ce corps seront désignés par leurs grades respectifs, et par la dénomination commune d'officiers audit corps impérial. S. M. l'Empereur a fait présent, le 3 de ce mois, à l'église métropolitaine de Paris, de vases sacrés en

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vermeil.

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Il a été rendu, en date du 9 brumaire, un décret Impérial qui autorise les communautés d'habitans qui n'ayant pas profité du bénéfice de la loi du 10 juin 1793 relative au partage des biens communaux, et qui ont conservé, après la publication de cette loi, le mode de jouissance de leurs biens communaux, à en jouir de la même manière Ce mode ne pourra être changé que par un décret impérial, rendu sur la demande des conseils muni cipaux, après que le sous-préfet de l'arrondissement et le préfet auront donné leur avis. Si la loi du 10 juin 1793 a été exécutée dans ces communes, et qu'en vertu de l'ar ticle 12, section 3 de cette loi, il ait été établi un nouveau mode de jouissance, ce mode sera exécuté provisoirement. Toutefois les communautés d'habitans pourront délibérer, par l'organe des officiers municipaux, un nouveau mode de jouissance. La délibération du conseil sera, avec l'avis du sous-préfet, transmise au préfet qui l'approuvera, rejetera ou modifiera en conseil de préfecture, et sauf le recours de la part du conseil municipal, et même d'un ou plusieurs habitans ou ayant droit à la jouissance, devant le conseil d'état.

On voit encore sur la place Vendôme, sans que personne en sache ou en veuille dire la raison, six gros bon-` nets qui jurent étrangement avec nos pensées, nos opinions et nos habitudes actuelles. Un étranger qui traversait hier cette belle place, en sortant des Tuileries, resta pétrifié, à la vue de ces restes hideux de la barbaric de 1793.

(No. CLXXIX.) 17 FRIMAIRE an 13. (Samedi 8 Décembre 1804.)

MERCURE

DE FRANCE.

LITTÉRATURE.

POÉSI E.

LE TRIOMPHE DE LA GLOIRE.

TRADUCTION DE MÉTASTASE.

DANS l'oisive Scyros, délicieux séjour,
Achille languissait esclave de l'Amour,
De l'Amour, qui jaloux et fier de sa défaite,
Employait tout son art à garder sa conquête.
Belle Déidamie, ornement de ces lieux,

Il puisait son pouvoir dans celui de tes yeux;
Et lorsqu'il t'empruntait, qu'il te devait ses armes,
A tes charmes encore il ajoutait des charmes :

Un seul geste, un seul mot, un sourire, un coup d'œil,
Tout devient pour Achille un dangereux écueil.
Sans relâche en tous lieux le Dieu malin l'assiége;
A son cœur, à ses sens chaque pas offre un piége:
Parcourt-il du palais le superbe contour ?
Tout parle autour de lui la langue de l'amour.

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Erre-t-il dans les bois, dont l'ombre solitaire
Offre un voile propice aux larcins du mystère?
Le souffle caressant du zéphyr séducteur,
Des oiseaux amoureux le ramage enchanteur,
Le murmure discret de l'onde fugitive,
Qui vient en se jouant expirer sur la rive,
Et la terre et les cieux, tout inspire l'amour.
Achille, déguisé dans ce fatal séjour,

Usait dans le repos des jours dus à la gloire :
Le prix de la valeur, les armes, la victoire,
N'ont pour son cœur flétri que des traits impuissans;
Il se plait désormais aux refus languissans,
Aux propos doucereux, aux promesses nouvelles,
Aux pardons précédés et suivis de querelles,
Aux langoureux soupirs, à mille riens charmans,
Qui sont peu pour le sage, et tout pour les amans.
«Toi seule (disait-il) es mon espoir, ma vie.... »
D'un tendre et long soupir sa voix était suivie.
« C'est pour toi que je vis, que je vivrai toujours....
Il pressait sur son sein l'objet de ses amours.
Achille n'était plus qu'un amant; mais la Gloire
Voyant l'Amour sur elle emporter la victoire,
S'indigne, accourt, lui parle, et montre à ses regards
Ulysse armé, vêtu comme un enfant de Mars.
Achille, à cet aspect qui l'étonne et l'éclaire,
Rougit, pâlit, frémit de honte et de colère.
Une armure remplace un lâche vêtement.
Il brûle d'expier un long égarement.

Il partait, mais il voit son amante égarée,

Hors d'haleine, accourir, pâle, désespérée. Elle voudrait parler, mais en vain; par trois fois Ses soupirs, ses sanglots interrompent sa voix. Ah! si l'infortunée eût pu se faire entendre, Sans doute à vaincre encore elle aurait pu prétendre « Quel injuste transport égare votre cœur ?i * Lui dit-il; voulez-vous un amant sans honneur ?

Ma perte à réparer désormais est facile.

» S'il vous faut un héros ? que je devienne Achille;
Mais croyez-en ma foi, si je quitte Scyros,
» Sans cesser d'être amant, je puis être un héros.
» Oui, je n'aurai que vous, vous seule pour amie :
» Adieu.... » Ce mot terrible abat Déidamie;
Le frisson de la mort glace déjà son cœur.
De la Gloire ou l'Amour quel sera le vainqueur ?
La Gloire fait briller une palme attrayante;
L'Amour offre à ses yeux sa maîtresse expirante :
L'une l'appelle un lâche; et l'autre un assassin.
Le héros et l'amant, confondus dans son sein,
S'y livrent une guerre intestine et funeste.
Il soupire, il frémit; il veut partir, il reste;
Il s'éloigne, il revient. Le héros combattu,
Fait taire enfin l'Amour, recueille sa vertu
Qui bientôt pour la Gloire incline la balance;
Et le fils de Thétis, dans un morne silence,
Etouffe sa pitié, se décide et s'enfuit.

Des pleurs baignent ses yeux; mais la Gloire qu'il suit,
Insensible à ces pleurs, achevant son ouvrage,
Fait des traits de l'Amour triompher le courage.
Tel est ce Dieu perfide, et sa bizarre humeur:
Qui le brave est vaincu ; qui le fuit est vainqueur.
Auguste DE LABOUÏSSE.

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