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Or, se trouvant doué du talent de bien braire,
Il résolut d'user de tout son savoir-faire;
Ne doutant pas que son aliboron,

S'il était dans le voisinage,

Ne répondît à l'unisson.

Le voilà donc qui court, brait, se met tout en nage,
Fatigue de ses cris les échos d'alentour:

Mais vainement; lorsque dans un détour,
Comme il s'en etournait le désespoir dans l'ame,
Et redoutant l'abord de Claudine sa femme,
Il trouve en son chemin Pierrot
Menant gaiement son chariot.

Celui-ci, le voyant effaré, hors d'haleine,
Lui demanda le sujet de sa peine.
Hélas! voisin, j'ai perdu mon grison,
Mon bien-aimé, ce serviteur fidèle,
Dans le canton cité comme un modèle.
Ne l'aurais-tu pas vu?........ J'en perdrai la raison.
Et le voilà qui se lamente.

Tel, en semblable occasion,

On vit l'écuyer peint par l'immortel Cervantes.
L'ami, lui dit Pierrot, allons, réjouis-toi,
Un âne vient de braire ici près; c'est ta bête :
N'as-tu pas entendu ? Lors, en hochant la tête,
Guillot, d'un ton dolent, répond: Bah! c'était moi.
G...... ( du Puy, Haute-Loire ).

LE PASSÉ, LE PRÉSENT, L'AVENIR (1).

L'ILLUSION du souvenir

Du passé nous rend l'existence;
L'espoir, ami de la constance,
Nous fait vivre dans l'avenir;

(1) Ces couplets, mis en musique par M. Gaubert, se trouvent ehez lui, rue Notre-Dame des Victoires, m°. 6o. Prix: 1 fr. 50 cent

Mais ces ombres de jouissance
Sont les deux rêves du desir :
Le souvenir ne vaut pas l'espérance;
Espérer ne vaut pas jouir.

Elise, par le souvenir,

Loin de toi, j'adoucis l'absence;
Loin de toi, je sens ta présence
Dans le songe de l'avenir;
Près de toi, mon impatience
Veut saisir l'instant qui va fuir :
Le souvenir ne vaut pas l'espérance;
Espérer ne vaut pas jouir.

Passé, présent, jours à venir,
Tout plaît, tout rit à la constance;
Dans une même jouissance

La tendresse sait les unir.

Ah! triple ainsi mon existence;

C'est le miracle du plaisir :

Le souvenir ne vaut pas l'espérance,
Espérer ne vaut pas jouir.

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Ils partent l'Amour inconstant,
Bientôt ennuyé du voyage,

A l'Hymenée, en le quittant,
Adressa ce fatal langage:
« Ce voile me prive du jour ;

» Tiens, que ta tête en soit ornée :
>> Crois-moi, le bandeau de l'Amour
»Ne peut qu'embellir l'Hymenée. »
Hymen trop aisément céda
Aux vœux perfides de son frère.
A ses yeux le jour s'éclipsa,
Et l'Amour revit la lumière :

Dans leurs choix l'on vit désormais
Depuis cette triste journée,

L'Amour ne se tromper jamais.
Mais que d'erreurs fait l'Hymenée !
De l'Amour le funeste don,
D'Hymen a causé la détresse.
On dit pourtant que Cupidon,
Sensible enfin à sa tristesse,
D'un frère qu'il priva du jour
Veut adoucir la destinée;

Et bientôt nous verrons l'Amour

Servir de guide à l'Hymenée.

DEMOLIÈRES.

PARALLELE DES MÉDECINS ET DES BELLES.

VRAIS instrumens de plaisir et de peine,
Partout on voit la belle et le docteur

-Se partager la pauvre espèce humaine.
De nos beaux jours la première a la fleur;
Mais du dernier je crois le lot meilleur.
Si la santé de l'une est le domaine,
La maladie à l'autre nous ramène.

1

Tandis qu'il fait de nous tout ce qu'il veut,
Et que jamais il ne lâche sa proie,
La belle en fait, hélas ! ce qu'elle peut,
Et souvent même au docteur nous renvoie.
Lorsque des ans le froid vient nous glacer,
Et que de nous la belle se sépare,
Le médecin pour toujours s'en enipare.
De celui-ci l'on ne peut se passer,
Dès qu'avec lui l'on s'habitue à vivre;
De celle-là, quand par trop il s'y livre,
L'homme bientôt finit par se lasser.

KÉRIVALANT.

L'AVOCAT EN DÉFAUT.

DEPUIS trente ans j'apprends ma langue, Et des milliers de mots confondent mes esprits : Si bien que souvent je harangue,

Sans trop savoir ce que je dis.

N. LOUET.

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ENIGM E.

Vous qui me recherchez, que l'intérêt sordide,
Qu'un téméraire orgueil ne soit pas votre guide.
Par moi se fait le choc de deux corps opposés :
Je me trouve parmi les mourans, les blessés;
Le peuple que je grève, à jamais me déteste,
Si, par mon poids, je suis onéreux ou funeste.
Dans un sombre cachot, pour les forfaits creusé,
Je descends; on m'entend contre tout accusé.
Mais de moi l'indigent tire quelque avantage;
Dans sa misère, au moins mon fardeau le soulage.
Enfin, sur des vaisseaux, on m'expose aux dangers
Qu'affrontent sur les mers d'intrépides nochers.

H....

LOGO GRIPHE

J'HABITE les palais, les châteaux, les chaumières;
Partout j'y suis fêté, même chez l'ignorant,

Qui, rougissant tout bas de son peu de lumières,
Voudrait sous mon manteau passer pour un savant :
Ce qu'il desire en moi n'est jamais mon esprit ;
S'il daigne m'honorer d'une courte visite,
Il ne s'informe point si j'ai quelque mérite,
Mais si l'or et l'argent brillent sur mon habit.
Il est vrai qu'au boudoir je plais même en chemise ;
Je suis près du beau sexe un adroit séducteur;
Je pénètre aisément dans les replis du cœur ;
Et toujours bon dévot, l'on me voit à l'église.
Si l'on coupe ma tête, alors je déraisonne ;
Incapable d'agir, je n'ai plus de talent;

Je n'ai plus rien d'humain, la raison m'abandonne,
Et je suis, sans mourir, privé de sentiment

Mais veut-on me trouver? qu'on m'arrache le cœur;
Alors on y verra, sans un plus long mystère,
Au moment actuel ce que fait mon lecteur.
Je vois que l'on me tient, il est temps de me taire.

CHARA D E.

J....

LE riche, en mon premier, se loge d'ordinaire;
Le malheureux, souffrant, en mon second espère,
Et mon tout est souvent sa demeure dernière.

Par un Abonné.

Le mot de l'Enigme du dernier numéro est Rose.

Celui du Logogriphe est Alarme, où l'on trouve larme,

arme.

Celui de la Charade est Pré-diction.

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