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Le 12 septembre, à six heures du matin, la Namouna lève l'ancre et s'engage dans le canal Orfanello, entre les lignes de palli qui marquent la route des grands steamers. Venise disparaît dans une lumière rose si claire, bleutée d'un reflet de lagune. Sur le palais dogal et le campanile de Saint-Marc, les ombres prennent des clartés qui se fondent dans la réflexion du soleil levant.

Près de la Maison des fous, des murmures, des incohérences de cris semblent sortir des trois grandes ailes grises qui s'insèrent perpendiculairement sur le bâtiment principal. Dans le lointain, devant nous, apparaissent les phares de la passe de Malamocco; puis, le village situé du côté qui regarde la avec ses maisons rosées et son campanile

lagune

au toit pointu. Nous entrons dans la passe, laissant à gauche le phare bariolé de bleu, à droite, une formidable redoute armée de canons à longue portée, derrière nous, les forts de la lagune, bàtis sur de

minuscules îlots et qui défendent directement l'entrée de la passe.

Lamer est unie comme un parquet, l'air est doux, le vent s'est apaisé. La lagune était gris-azuré ; le goife de Venise, comme l'Adriatique tout entière, prend les tons bleus de la mer de Nice. C'est un

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bleu incomparable qu'on ne peut se lasser de regarder; il a des airs de ciel dans son saphir où par d'étranges incidences de lumière, joue l'indigo, s'irise de reflets bronzés et se moire de rayons onduleux, tourbillonnant autour d'un centre mouvant comme les jantes d'une roue gigantesque.

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