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tonnerre, dans cette anse resserrée, sont vraiment effrayants.

A une heure nous quittons la baie de Pagana, après avoir ramassé encore cinq tortues sur la montagne, qui en est littéralement couverte, et nous allons explorer d'autres trous à pigeons situés sur la côte d'Albanie, qui est littéralement trouée. C'est un voyage de deux heures par une vitesse de dix nœuds.

Un fleuve qui se jette dans la mer par deux bouches donne à celle-ci d'étranges aspects. D'abord ce sont des plaques bleues dans une eau olive; plus loin le ton olive est continu et devient jaune d'ort puis, une nouvelle dégradation de tons dans le même sens; puis enfin, une ligne bleue comme tracée à l'équerre. C'est, de nouveau, la mer pure. Les montagnes violettes forment, heurtées, plusieurs lignes de sommets superposés. Entre les deux bouches du fleuve, amas de mamelons qu'une illusion d'optique fait paraître au-dessous du niveau de la mer. Quelle gamme de tons, depuis l'or de la mer, jusqu'aux montagnes noires, bleues ou violettes!

Nous nous embarquons dans le launch. Deux milles par un gros temps jusqu'aux cavernes. Sur un écueil, une bande de macreuses qui s'envolen; trop tôt pour qu'on puisse les joindre. Puis les cavernes, trois grands souterrains dans le roc abrupt, dans lesquels la mer s'engouffre avec un bruit terrible. Le guide et un matelot s'y engagent sur une petite chaloupe; des milliers d'oiseaux en sortent, mais nous sommes six fusils: c'est trop; on se gêne mutuellement. J'ai la joie de voir tous les pigeons échapper.

Rentrés à Corfou à cinq heures; on va à la poste, où l'on trouve dix jours de lettres. Il faut deux hommes pour porter le courrier dans des sacs. Toute la soirée, à bord, on dépouille des lettres, on lit de vieux journaux; on s'étonne du moindre fait passé pendant l'absence. Il faudrait partir ce soir, mais la mer est démontée.

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25 septembre. Départ à cinq heures, mer violente. A midi, la tempête éclate; rien ne tient plus sur le pont; un vent terrible souffle; des vagues immenses soulèvent la Namouna qui craque de toutes parts; d'énormes lames balayent le pont. L'ancre de fortune est arrachée de la poupe. Je suis si malade que je perds la notion de tout danger, couché sur le pont, ballotté comme un colis par ce roulis qui entraine tout ce qui n'est pas attaché. Les lustres du salon sont brisés et s'écroulent avec un fracas sinistre. Tout est noir, eau et ciel. Mais l'eau blanchit autour de nous par l'écume des vagues. Ce serait un superbe spectacle si le mal de mer n'anéantissait pas toute faculté. Du bruit, du vent, des chocs de vagues, des craquements de la coque; les chiens du bord sont épouvantés et se tapissent dans les coins. Et grâce à une avarie de machine, nous marchons à six noeuds.

Quelle nuit! roulés, inertes, secoués à rendre l'âme dans une obscurité absolue que déchire le cri de la sirène si lugubre.

26 septembre. Mais le jour paraît. Le vent s'apaise, le soleil très pâle, très terne, sort des nuages, la mer redevient bleue. Elle s'argente jusqu'à l'horizon. A midi, le calme renait; nous sommes

si brisés par ces vingt-quatre heures de nausée que personne ne dit mot.

27 septembre. - Temps superbe, mer calme ; l'horizon est violet, la mer d'un bleu d'azur foncé. Voici Venise dans le lointain.

NOTICES BIOGRAPHIQUES

SUR

FRANÇOIS & GUILLAUME DE BEAUJEU

EXTRAITES DE LA

GÉNÉALOGIE DES SIRES DE BEAUJEU-SUR-SAONE

FRANÇOIS DE BEAUJEU,

Chambrier de Saint-Bénigne,
Abbé de Saint-Germain d'Auxerre.

I.-François de Beaujeu, d'abord simple religieux, puis sacristain et chambrier de l'abbaye de SaintBénigne de Dijon, et enfin abbé de Saint-Germain d'Auxerre, était fils de Jehan II de Beaujeu, seigneur de Chazeuil, et de Marguerite de Vaites, sa seconde femme.

Il était encore mineur à la mort de ses parents, et tout en conservant une part dans leur héritage, ce qui était cependant contraire aux règlements monastiques, il fit profession à l'abbaye de Saint-Bénigne de Dijon.

En 1488, il remplissait les fonctions de sacristain, lorsque le chambrier Jean de Gondebaut fut élevé à la dignité abbatiale de Saint-Vincent de Bergues, au pays de Flandres.

Par son titre de sacristain, François de Beaujeu

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