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DU

BASSIN DE LA SEINE

PAR

HENRI DROUËT

PRÉAMBULE

Chaque nouveau fait relatif à la distribution géographique d'une espèce connue est aussi important pour la science que la découverte d'une espèce nouvelle.. AGASSIZ.

Quelle est, dans ses grandes lignes, la composition hydrologique du bassin de la Seine? Des nombreuses ramifications de ce vaste réseau, lesquelles ont été le mieux explorées au point de vue malacologique? Quelles sont les principales collections de la région et quels mémoires spéciaux ont été publiés?..... Telles sont les questions que nous voulons examiner sommairement, et auxquelles nous essaierons de répondre. Plusieurs de nos documents remontent à une époque déjà éloignée; les autres ont été recueillis récemment. Nous avons réuni le tout en un faisceau monographique, que nous présentons aux zoologistes comme le résultat de nos investigations personnelles pendant de longues années et des recherches d'un bon nombre de zélés naturalistes, qui ont bien voulu devenir nos coopérateurs, les efforts d'un seul étant insuffisants lors

qu'il s'agit d'un champ d'études étendu. Or chacun sait que le bassin séquanien, d'après les évaluations géodésiques les plus récentes, comprend une superficie de près de 7,800,000 hectares, c'est-à-dire environ la septième partie de la France, non compris les bassins secondaires adjacents.

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Entre les villages de Saint-Germain-Source-Seine et de Poncey-les-Pellerey (Côte-d'Or), à 470 mètres d'altitude et au pied du Tasselot, le touriste aperçoit une source bien minime: c'est la Douix de la Seine. Rien, à la vérité, ne désignerait ce modeste sourcillon à son attention, si la ville de Paris n'avait pris le soin d'y faire édifier un monument représentant une naïade couchée. Sans cette précaution, cette source attirerait d'autant moins le regard qu'elle disparaît presque aussitôt, court souterrainement, pour reparaître un peu plus loin sous la forme d'un ruisseau. Qui donc, à cette vue, songerait au fleuve qui, à Paris, mesure 150 mètres de largeur ?..... A Billy et à Chanceaux, à quelques kilomètres plus loin, le ruisseau s'est régularisé; mais on ne trouve encore, dans son eau limpide, que des hydrobies et des ancyles attachées aux pierres, et quelques pisidies.

Ce n'est donc que vers Aisey-le-Duc, lorsque la Seine a reçu l'eau du Brevon, que l'on peut espérer de rencontrer quelques Unios, et c'est en approchant de Châtillon que les Unionidés commencent à deve

nir abondants en individus et variés en espèces. Mais ce sera surtout après les confluents de la Laignes et de l'Ource que cette abondance se fera sentir d'une façon marquée. On voit que nous sommes loin encore de la basse Seine, d'Elbeuf par exemple, ou de Rouen, où ces invertébrés pullulent et se comptent par milliers.

La Laignes est un des premiers affluents de la rive gauche de quelque importance. Son eau claire, assez rapide, le plus souvent peu profonde, court sur un fond jurassique, herbeux et caillouteux, ce qui n'empêche pas les lamellibranches d'y être abondants. Son lit est alimenté par plusieurs sources, autour desquelles les pierres sont recouvertes d'hydrobies. Nous y avons fait pratiquer de nombreuses pêches, sur le territoire des Riceys, toujours très fructueuses. Cette rivière se jette dans la Seine, à Polisy (Aube), dans le parc même du château, après avoir parcouru 36 kilomètres. Débit moyen: 2,000 litres. - U. elongatulus; A. Rayi, parvula.

L'Ource, sur la rive droite, est déjà un affluent plus important que le précédent. Alimenté par de nombreuses fontaines, il arrose une vallée riche. Explorée sur plusieurs points par M. Beaudouin et par nous, cette jolie rivière nourrit plusieurs Nayades. Elle rejoint la Seine à Merrey (Aube), un peu en amont de Bar, après un parcours de 90 kilomètres. Débit moyen: 3,500 litres. U. lepidulus, pruinosus.

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Le Triffoire (ou la Sautte) n'est, à vrai dire, qu'un ruisseau qui prend naissance au sud du marais de Saint-Germain, qu'il traverse à quelques kilomètres

de Troyes, et qui se jette dans la Seine (canal des Bas-Trévois), à Saint-Julien. Il alimente les canaux des châteaux de Rosières et de Saint-Julien, et, comme les mollusques y jouissent d'une certaine tranquillité, les Unionidés s'y reproduisent abondamment cinq à six espèces d'Unios, trois à quatre Anodontes y vivent côte à côte. Le Triffoire n'a pas plus de huit kilomètres de développement; si nous lui accordons une mention spéciale, malgré ses faibles proportions, c'est parce qu'il a paru, pour les animaux aquatiques, un des réservoirs les plus intéressants de la région.

A Troyes, la Seine, avec ses bras anciens et nouveaux, ses canaux, les nombreux ruisseaux qui tous convergent vers ce point central, constituent un habitat privilégié, présentant des stations aussi variées que possible, et forment un vaste aquarium dans lequel les Unionidés pullulent à l'infini. Tous les bras et les canaux de la Seine, à Troyes même et aux alentours, ainsi que les ruisseaux la Vienne, le Triffoire, la Blaise, la Hurande, le canal d'Argentolles, celui de Notre-Dame-des-Prés, etc., pour ne citer que les principaux, seront explorés avec fruit par les zoologistes.

Nous pouvons également parler de la Barse, affluent de la rive droite, qui tombe à Saint-Parresaux-Tertres (Aube), après un cours de 52 kilomètres et un débit moyen de 1200 litres, dont le lit a été exploré maintes fois, notamment à Vendeuvre, Lusigny et près de son confluent. Les Unionidés y sont en abondance et d'une pèche facile, parce que son lit est en général peu profond.

En aval de ce point, la Seine reçoit l'Aube, la première grande rivière depuis sa source, dont le débit moyen est de 40 mètres cubes. Elle prend naissance près d'Auberive (Haute-Marne), décrit un grand arc de cercle, et, après avoir parcouru 225 kilomètres, rejoint la Seine à Marcilly. Ses eaux, claires et limpides, font partie des rivières aux eaux bleues, avec l'Armançon, la Brenne, la Seine, l'Ource et la Marne. (L'Yonne, la Cure, le Cousin, le Serein, sont classées dans les eaux brunes) (1). Cette rivière est, en général, bien encaissée, mais son lit, qui souvent roule du gravier, n'est pas partout favorable aux Nayades. Cependant il en existe beaucoup sur quelques points et dans les dérivations. - J. redactus, tumidus, lepidulus; Anod. tenella, Baudoniana, parvula; Pseud. albica.

La Voire, son principal affluent, dont le débit moyen est de 2,500 litres, avec un cours tranquille et souvent bourbeux, renferme de beaux Unios, de grande dimension. Il est probable que les autres affluents présenteront aussi des espèces intéres

santes.

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Pendant que nous sommes dans le département de l'Aube, disons qu'il est très riche en étangs; on en signale plus de cent vingt (2). Ce sont, en général, des stations très riches en Anodontes. Citons nommément les étangs de Gérosdot, ceux de Lusigny, de Villemereuil, de Lahorre, etc.

(1) Belgrand, Etudes hydrologiques sur le bassin de la Seine, 4852.

(2) Lescuyer, Géographie de l'Aube, 1884.

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