Page images
PDF
EPUB

dants de l'Académie: «Peut-être provient-elle, dit M. Duméril, d'une confusion qui se serait produite entre le nom de mon père, membre non résidant,et le mien. Je vous prie, en transmettant à votre compagnie l'hommage de mon dévouement reconnaissant, de lui offrir en mon nom une notice biogra phique sur mon père, par M. Hallberg, lui-même membre non résidant. » Le nom de M. Duméril sera rétabli sur la liste des correspondants.

M. Collot présente à l'Académie la dernière feuille publiée de la carte géologique de France (Beaune et ses environs), dont il est l'auteur pour la plus grande partie.

M. Dumay lit la notice suivante, sur le cadran solaire horizontal elliptique construit à Dijon sous la direction de M. Caumont, architecte, en 1827, sur la place hors la porte Guillaume, puis transporté, en 1854, à l'extrémité du bois du Parc, où il se trouve encore aujourd'hui.

Dans le courant de l'année 1827, la ville de Dijon fit établir, hors la porte Guillaume, au pied d'une croix de mission, enlevée depuis, à l'endroit même où s'étend le square de la place Darcy, un cadran solaire de forme singulière et de grande dimension, copié sur celui que l'on voit encore devant l'église de Brou (Ain) et qui est dû, ainsi que cette basilique, à un architecte dijonnais du xvi° siècle, André Colomban.

[ocr errors]

C'est sans doute en souvenir de cet illustre compatriote que l'architecte Caumont eut la pensée de doter la ville de Dijon d'une copie de ce singulier gnomon.

« Le cadran solaire de Dijon ne diffère de celui de Brou que par l'image des signes du zodiaque gravée sur la tablette centrale, à côté des lettres initiales des douze mois de l'année. On a cru devoir faire cette adjonction pour mettre à même celui qui interroge le cadran, de connaitre sur-lechamp le signe dans lequel se trouve alors le soleil. L'idée est excellente. Mais on aurait dù, pour la rendre plus pratique, donner plus de développement à chacun de ces signes.

« Ce cadran est décrit horizontalement, en forme d'ellipse, dont la circonscription se compose de 24 cubes en pierre de taille polie, sur lesquels sont gravés, en chiffres

romains, les vingt-quatre heures du jour et de la nuit, divisées en deux séries de douze heures chacune. Ces chiffres sont espacés inégalement entre eux selon les principes et les calculs relatifs à la projection de l'ombre du style à chaque heure du jour. Le grand diamètre de ce cadran, hors œuvre, est de 12 mètres et le petit de 8 m. 60.

<«< Au centre de l'ellipse, est tracée une ligne méridienne sur une pierre longue de 4 mètres et large de 1 mètre. De chaque côté sont gravées, en deux colonnes, les lettres initiales des douze mois de l'année, dont les distances inégales sont combinées avec le mouvement de la terre autour du soleil.

« Ce qu'il y a d'original, dans ce cadran,c'est qu'on n'y voit pas de style; celui qui veut connaître l'heure doit se placer debout, sur la lettre du mois courant; son corps se convertit alors en une espèce de style dont l'ombre lui montre l'heure qu'il est. Si l'ombre atteint le milieu d'un numéro on a l'heure précise; mais si elle s'en écarte plus ou moins, l'indication n'est plus parfaitement exacte, et l'on n'obtient que par approximation les quarts ou la demie avant ou après l'heure.

« Sans doute ce gnomon ne saurait être employé pour des observations rigoureuses, mais il est curieux par sa forme et plus encore par l'absence de tout style.

<«<Les cadrans solaires ordinaires ont tous un style fixe et immobile; dans celui de Dijon, au contraire, le style change de place suivant le mois où l'on se trouve; il pourrait même en changer chaque jour s'il était possible de donner à l'ellipse une dimension suffisante pour marquer les 365 jours de l'année.

«En se reportant à l'époque de la construction du cadran. modèle, celui de Brou, c'est-à-dire au commencement du XVIe siècle, temps où les montres et les horloges étaient rares, on doit le regarder comme une invention très ingénieuse et très utile. I suppose dans son auteur des connaissances astronomiques déjà très avancées.

<< Lalande, qui le considérait comme une curiosité astronomique, le fit réparer à ses frais. C'est lui qui, le premier,

en a donné la description et l'explication mathématique. Le mémoire qu'il publia à ce sujet sous le titre de Problème de Gnomique, a été inséré dans les Mémoires de l'Académie des sciences, pour l'année 1757; il y ajouta de nouveaux développements dans l'Encyclopédie méthodique. (V. Journal de la Côte-d'Or des 5 et 17 août 1827.)

« Le 12 septembre 1830, la croix de mission fut enlevée de son piedestal et déposée dans la cour du séminaire, puis à la cathédrale.

«En novembre et décembre de la même année la plateforme fut plantée d'une allée circulaire de platanes, avec deux allées latérales pour y arriver; on remblaya l'endroit où était la croix. Le cadran solaire fut déplacé, puis reposé dans l'axe de la nouvelle promenade au mois de juillet 1832, d'après le plan et sous la direction de M. Caumont, d'accord avec M. Détourbet, alors adjoint au maire de Dijon.

Au mois de juin 1840, la fouille de l'aqueduc des fontaines à travers le cadran occasionna la dépose de quatre pierres, trois indiquant les heures et une des grandes pierres où était gravée la méridienne avec la moitié des mois et des signes du Zodiaque; c'est dans cet endroit même, que, le 11 juin, trois terrassiers employés aux fouilles de l'aqueduc ont été ensevelis sous un éboulement de terrain. (V. Journal de la Côte-d'Or, du 12 juin 1840.)

« Après la construction de l'aqueduc des fontaines, Vicfor Dumay, maire de Dijon, qui tenait à la conservation du cadran, avait autorisé M. Caumont à remplacer en pierre de Brochon les quatre dés qui manquaient. En effet, ce curieux monument était souvent visité par les promeneurs et les étrangers, et le cantonnier Chambrette,chargé de l'entretien de la promenade, ne manquait pas d'en faire les honneurs aux curieux qui le récompensaient généreuse

ment.

« Survint la révolution de 1848, qui, en renversant la municipalité, laissa les choses en l'état.

« Le 6 mars 1851, le journal l'Ordre, dans son no 6, se plaignait, non sans raison, du mauvais goût qui présidait

aux soi-disant embellissements de la promenade de la plateforme. Mais il oubliait de signaler la destruction du cadran solaire dont les pierres avaient été enlevées et déposées contre le mur du cimetière; ce qui faisait espérer que l'administration le replacerait ailleurs.

« Il n'en alla pas ainsi la table sur laquelle était gravée la méridienne et les signes du Zodiaque fut brisée et convertie en moellons; quant aux dés en pierre sur lesquels étaient gravées les heures, ils furent employés à la construction d'un escalier destiné à descendre de la promenade appelée le cours Fleury, à un lavoir placé dans le lit de Suzon; ce lavoir, au niveau du lit de ce torrent, avait l'avantage, lorsque Suzon arrivait, d'être recouvert de 30 à 50 centimètres d'eau, tandis qu'il en manquait en été. M. Caumont ne voyait pas cela sans tristesse. Dans une note écrite de sa main, il s'étend longuement sur le vandalisme qui a présidé à la destruction de son œuvre.

« Ce cadran horizontal, dit-il, ne servait pas seulement aux promeneurs et curieux qui désiraient connaître l'heure, mais la méridienne servait aux géomètres-arpenteurs lorsqu'ils voulaient vérifier leurs boussoles et connaître la variation de la déclinaison de l'aimant.

« La ville aurait pu acheter pour vingt francs les dix marches en pierre neuve de chacune 50 centimètres de longueur, qu'elle a fait poser, avec les pierres du cadran, à l'escalier dont il a été parlé, tandis que les pierres où étaient gravées les heures valaient 200 francs; voilà la différence. Qu'on juge de l'économie!

« Si l'invention du célèbre cadran de Brou appartient à un Dijonnais de génie, à André Colomban, la destruction de celui de Dijon fut l'œuvre de mains étrangères, ignorantes ou malveillantes.

Si le conseil municipal eût connu cet état de choses, il n'est pas douteux que plusieurs de ses membres, à l'imitation de Lalande, l'aient fait restaurer à leurs frais. (V. Archives de la Côte d'Or, Bibliothèque, mss. n° 542.)

« Les doléances de M. Caumont furent entendues. En 1854, la ville de Dijon votait une somme de 10,000 francs pour

la construction de deux pavillons, à l'entrée du Pare, l'établissement de grilles, de trottoirs, de candélabres et autres améliorations. M. Caumont, qui dirigeait ces travaux, profita de la circonstance pour faire placer un nouveau cadran, semblable à l'ancien, à l'extrémité du bois du Parc, au bord de l'Ouche, à l'endroit même où il se voit aujourd'hui. L'exécution en fut confiée à M. Bourgeois-Gouverne, marbrier-sculpteur à Dijon. (Arch. munic. de Dijon, dossier du Parc.)

« L'année suivante, le sieur Soulier, entrepreneur, posait une couche de mortier de chaux et de sable, au centre du cadran, pour établir l'aire de niveau et empêcher l'herbe de croître.

« C'est le dernier renseignement que fournissent sur ce monument les archives municipales.

« Sans doute, l'idée de ce cadran était ingénieuse et son utilité incontestable à l'époque où André Colomban construisit celui de Brou.

« Aujourd'hui, grâce aux progrès de l'horlogerie et au bon marché des montres et pendules, le cadran solaire du Parc n'est plus guère utile qu'aux écoliers: il leur permet de confirmer, par l'expérience, les principes de cosmographie qui leur sont enseignés. »

Séance du 10 Mai 1899

PRÉSIDENCE DE M. MOCQUERY, président

M. Félipe Valle fait connaître à la compagnie qu'il vient l'être nommé directeur de l'observatoire astronomique de Tacubaya (Mexique).

L'Académie royale Neerlandaise envoie le programme d'un concours de poésie qui aura lieu à Amsterdam en 1900, el la Société française d'archéologie celui du congrès qui sera tenu à Mâcon du 14 au 21 juin 1899.

M. l'abbé Petel, curé à Saint-Julien, près Troyes, demande à être admis en qualité de membre correspondant.

« PreviousContinue »