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Pi 28.2.15

HARVARD

COLLEGE

MAR 9 1937

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LES PRINCIPALES

VIOLATIONS DU DROIT DES GENS

COMMISES

PAR LES ARMÉES ALLEMANDES PENDANT LA CAMPAGNE DE 1870-1871

INTRODUCTION

En dépit de l'adoucissement des mœurs, la guerre tient encore une large place dans la vie des peuples civilisés. L'usage de la force pour donner la solution des litiges internationaux s'est même perfectionné d'une façon singulière; il a pris, aujourd'hui, plus que jamais, un caractère de science et de méthode.

Or la guerre, dans sa généralité d'emploi, est d'une immoralité absolument évidente', et il y a longtemps déjà que des protestations indignées se sont élevées contre elle. Sa suppression n'apparaît plus, certes, comme un rêve d'utopiste: et c'est sans doute une réalité assez proche de nous que le remplacement normal de ce fléau par l'arbitrage comme

1. La conception absolue d'un Dieu des batailles ou d'un Dieu des armées nous parait aussi absurde qu'odieuse. C'est abuser de l'idée de la Divinité et la rabaisser d'une façon étrange que de l'associer trop étroitement à une foule d'actions humaines. Mais le mysticisme est une force trop puissante pour qu'on n'ait pas été tenté de l'exploiter en vue du succès des armes. C'est ainsi que le prétendu Dieu des armées a paru trop souvent le Dieu de la force inique et brutale. En son nom, on a attenté et on attente injustement à la liberte des peuples; c'est à lui que les conquérants osent adresser des hymnes de gloire au-dessus des ruines et des champs de carnage! La force la souvent invoqué pour primer le droit, et, en 1870-1871, il était déjà possible de lire sur l'uniforme des soldats allemands: « Gott mit uns! Dieu est avec nous!» Représenter Dieu, principe de justice, de raison et de bonté, comme présidant aux guerres mêmes, en déterminant et sanctionnant les résultats, quelle aberration!

moyen de mettre fin aux différends entre nations'. Ce sera là, croyons-nous, une conséquence de l'éducation des peuples, de l'extension de l'idée de solidarité humaine et de l'observation sincère du principe de la souveraineté nationale qui s'impose, chaque jour, davantage aux gouvernements. N'estil pas certain que les classes sociales, qui font principalement les frais des immenses sacrifices de toutes natures que les luttes armées imposent, sont de plus en plus maitresses de leurs destinées ? Or il est évident qu'avec un peu de discernement, elles seront mal disposées à se servir de la violence pour assurer d'une façon fort contestable le succès des revendications nationales. C'est par d'autres procédés plus équitables et plus sûrs que la justice devra triompher. Si la situation politique conseille aux gouvernements une regrettable inertie, l'opinion publique s'élève vigoureusement contre les entreprises de spoliation, bien que ce soient, trop fréquemment encore, de simples vœux platoniques qui encouragent les peuples aux résistances légitimes.

D'une façon générale, la guerre hideuse, le bellum matribus detestatum, est vivement attaquée, en dépit des mystiques qui professent le dogme monstrueux de sa nécessité et de son éternité. N'est-ce pas un odieux paradoxe que de prétendre la

1. L'emploi de la force ne sera légitime que lorsqu'il sera sincèrement au service du droit.

2. Nous ne préconisons pas, de la part de la France et en l'état actuel de l'Europe, une initiative de désarmement qui serait aussi dangereuse qu'isolée. En présence de certains voisinages, il faut évidemment que notre pays se tienne prêt sans cesse pour le combat suprême. Tel est le seul moyen d'assurer, avec son existence, le progrès des idées justes et généreuses dont il a été si souvent le champion.

C'est par de telles considérations que se recommandent surtout les idées de patric et d'état. L'extension qu'on leur donne, loin d'avoir pour seul but le developpement d'abstractions, doit toujours tourner à l'avantage de l'humanité. Ainsi peut se légitimer cette formule: la prospérité d'une patrie doit être pour ses nationaux la suprême loi. Le terme suprême est d'ailleurs excessif; nous devrons faire, en effet, cette grave restriction, que l'application de ce précepte ̧ loin d'être machiavélique, doit être dominée par l'observation dans toute son ampleur, de la morale, grâce à laquelle seront sauvegardés les droits primordiaux des particuliers et des autres nations. Une fois ces principes respectés de tons, on ne sera guère éloigné de la réalisation d'ententes entre nations aussi générales que fécondes, et de l'application régulière entre celles-ci de Farbitrage.

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