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Henri VIII, d'Angleterre, de Catherine d'Arragon.

Louis XII, de France, de la vertueuse Jeanne,

Henri IV, de Marguerite de Valois.

Les officialités en France avaient été supprimées par un décret de 1791, mais une puissance, habituée à se jouer des lois, voulant,

il

y a quelques années, couvrir de formes ecclésiastiques, deux divorces, dont le second est très fameux, ressuscita. inopinément, à Paris, une officialité complaisante, qui jamais n'a publié les motifs de ses jugemens.

Si pour les simples particuliers, les affaires de cette nature avaient été aussi fréquentes que pour les potentats, il aurait fallu constituer les cours ecclésiastiques et les conciles en séance permanente.

Charles IV, duc de Lorraine, ayant épousé la princesse Nicole, se passionne pour une demoiselle de Cantecroix, et veut l'épouser. Un père Cheminot, jésuite, confesseur de la fille et de la mère, fait un écrit pour démontrer que le mariage du prince avec Nicole est invalide, et malgré les réclamations de théologiens plus sensés, Charles IV, en 1637, épouse, à Besançon, la demoiselle Cantecroix. Urbain VIII excommunie le due, et prononce la nullité de ce second mariage; mais il excède ses pouvoirs, en ajoutant la défense à la nou

velle mariée de prendre le titre de duchesse de Lorraine.

L'avocat-général de Lorraine interjette appel, comme d'abus, tant sur le fond que sur cette clause accessoire. Le cardinal de Richelieu, qui, deux fois, avait dépouillé Charles de ses États, ne pouvant plus, dit Calmet, lui faire d'autre mal, engage la duchesse Nicole à poursuivre, à Rome, l'affaire de son mariage, pour en faire prononcer la validité, ce qu'elle obtint, en 1654, par une sentence définitive de la Rote (1).

L'appel, comme d'abus, fut appliqué, avec plus de fondement, en 1703, par la cour souveraine de Lorraine. Voici à quelle occasion.

Le duc Léopold, dont le souvenir est cher à son pays, publie, en 1701, le recueil de ses ordonnances, concernant l'administration de la justice, l'instruction des procès civils et criminels, les réglemens des eaux et forêts, etc. Clément XI, par un bref du 22 septembre 1703, défend à toutes personnes de le lire, de le retenir, de s'en servir, de l'exécuter, à peine d'excommunication, et sans dire quel article est frappé de censure dans ce recueil, qui en contenait plus de douze cents. C'était équivalem

(1) V. Histoire ecclésiastique et civile de Lorraine, par D. Calmet; in-fol. Nancy, 1728; t. 3, liv. 35. p. 418 et 485.

ment suspendre, pour un pays, le cours de la justice, et y provoquer l'anarchie. Le pape déclare seulement que l'ordonnance blesse les immunités ecclésiastiques. Cette accusation ne pouvait tomber, avec quelqu'apparence, que sur la défense, aux étrangers, de prendre possession de bénéfices en Lorraine, sans l'autorisation du Gouvernement, et sur l'attribution aux tribunaux séculiers des causes purement civiles du clergé.

Bourcier, procureur - général de Lorraine, interjette appel, par un réquisitoire détaillé, qui est un chef-d'œuvre de raisonnement et de sagesse (1). Il obtint même, à ce qu'on assure, l'admiration du pape, qui, cependant, ne révoqua pas son bref. Léopold ayant appris que Bissy, évêque de Toul, contrariait sourdement ses vues, et alimentait les brouilleries entre Rome et la Lorraine, pria Louis XIV de nommer ce prélat tracassier à un autre siége, et Bissy fut transféré à Meaux.

Alors, les négociations avec Rome devinrent plus faciles. Dans une nouvelle édition des Ordonnances, on supprima ce qui choquait le pape, mais en statuant que, pour les cas qui ne seraient pas exprimés, on suivrait les décrets

(1) V. Appel interjeté par le procureur général de Lorraine, etc.; in-4°. Nancy, 1703; vingt-sept pages d'impression.

antérieurs; et ces décrets contenaient les articles supprimés. Le pape fut censé n'avoir pas rétracté son bref, et la Lorraine conserva l'intégrité de sa législation. Au moyen de ces ménagemens puérils, qui équivalent à des fourberies diplomatiques, l'affaire fut terminée définitivement en 1710.

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Libertés de l'Église de Liége,

QUOIQUE l'histoire de l'Eglise de Liége se rattache à celle de l'Eglise germanique, elle offre néanmoins certains faits qui lui sont particuliers et qui méritent d'être recueillis.

Dans les 11. et 12°. siècles, quand la dispute sur les investitures troublait l'Europe, et que les papes suscitaient des révoltes contre l'autorité civile, Cambray et Liége s'étaient inviolablement attachés à l'empereur Henri IV, quoique frappé d'excommunication et déposé par quatre papes, Grégoire VII, Victor III, Urbain II et Pascal II.

Ce dernier, irrité sur-tout de la persévérance des Liégeois dans leur fidélité à l'empereur, sollicita Robert, comte de Flandres, de leur faire la guerre. Dans une lettre pressante, Pascal, serviteur des serviteurs de Dieu, déclare à Robert, que l'action la plus méritoire pour obtenir du Ciel le pardon de ses péchés, c'est de diriger toutes ses forces militaires contre Henri, le coryphée des hérétiques, qu'un jugement du Saint-Esprit a rejeté du sein de l'Eglise, et contre le clergé de Liége, qui est excommunié.

Ce clergé, intrépide dans ses résolutions,

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