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Cette alternative indique duplicité ou igno

rance.

La révolution française ayant porté le théâtre de la guerre dans la Belgique, et réuni cette contrée à la France, elle fut en proie à de nou. velles divisions, sur le serment de haine à la royauté, puis sur l'acte pur et simple de soumission aux lois de la république. Les discussions avaient cessé dans l'ancienne France, lorsqu'en Belgique, chaque jour voyait encore pulluler des pamphlets sur cet objet. Le conçordat de 1801r fut une nouvelle occasion de schisme. Les brochures de Stevens, contre cette transaction, augmentèrent l'effervescence et perpétuèrent des disputes, non encore éteintes, mais du moins amorties, et auxquelles ont succédé d'autres disputes en 1815.

L'évêque de Gand croit contraire à la religion, l'article 196, et quelques autres de la constitution des Pays-Bas, qui, garantissant la liberté de tous les cultes, déclarent les emplois civils accessibles à tous les sujets, sans distinction de croyance. « Y adhérer, dit-il, serait " supposer toutes les religions également » bonnes et indifférentes; ce serait coopérer » à faire protéger l'erreur et la vérité. » Peu de temps après, dans le public, s'est répandu un jugement doctrinal des évêques du royaume des Pays-Bas, sur le serment prescrit par la nouvelle constitution, in-8°., sans lieu d'im

pression, et signé par les évêques de Gand, Namur, Tournai, et deux vicaires-généraux l'un de Malines, l'autre de Liége.

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Ces maximes constitueraient en état de damnation, les catholiques anciens et modernes qui ont vécu ou qui vivent fidèlement soumis à gouvernemens idolâtres, musulmans, hérétiques, etc. Cent ouvrages, qu'on pourrait indiquer, ont à l'avance refuté ce jugement prétendu doctrinal. Il suffit de renvoyer à deux bons écrits connus en Belgique, la Réponse aux lettres d'un chanoine pénitencier, qui discute l'édit de tolérance de Joseph II (1), et l'ouvrage sur la tolérance, de Trautmansdorf, réimprimé à Gand, en 1784.

Entre les détails qu'on vient de lire et le sujet de cet ouvrage, il existe une connexité aussi incontestable que facile à saisir.

Entreprendre d'extirper des abus qui alimentent la vanité, la cupidité, c'est irriter les passions, qui les regardent comme leur patrimoine. Quand aux augustes vérités de la religion on identifie des préjugés qui la dénaturent, quand des pasteurs, imbus de ces préjugés, sont le canal qui les transmet au peuple, il est facile d'en faire un instrument aveugle dont on dirige les mouvemens; car, quoique le sentiment religieux soit malheureusement affaibli, il est

(1) V. p. 54 et suiv.

encore le lévier le plus puissant. Des chefs astucieux et pervers s'emparent de cette disposition pour l'employer à leur profit, et le peuple, qui croit défendre la cause de la Divinité, nese bat celle des ambitieux, dont il est la que pour victime. L'histoire atteste que (sauf quelques rares exceptions), l'ineptie et le crime gouvernent le monde, et que les hommes, placés aux postes les plus éminens, sont communément les plus pervers, mais cachant sous des formes gracieuses et attrayantes des vues oppressives et des vices hideux; ils empruntent la livrée de la vertu, et sa vent, au besoin, improviser le simulacre de la dévotion. Un peu réflexion apprendrait au peuple à les apprécier; il verrait que la religion des cours et des grands de ce monde est souvent l'antipode du christianisme. Je ne sais quelle tendance de servilité porte le vulgaire à croire que la supériorité des rangs et de la fortune donne des droits à la confiance. L'erreur, comme la vérité, ont à ses yeux plus de poids dans la bouche des hommes riches ou puissans.

de

Ces observations, vérifiées par les témoignages multipliés de l'histoire, et sur-tout par les guerres de la Ligue, de la Vendée, le sont également par les événemens de la Belgique. Si le clergé de cette contrée eut été plus éclairé, loin de repousser des réformes désirables, il les eut devancées; et si le peuple, égaré par ses

chefs spirituels, eut été mieux instruit, il aurait démêlé leurs motifs, et résisté à des suggestions qui ont fait verser tant de sang, et amené tant de calamités; triste preuve que l'ignorance est un fléau pour les sociétés, et que la religion, bien connue, bien pratiquée, est également nécessaire aux nations et à ceux qui les gouvernent.

CHAPITRE XVII.

Eglise hollandaise.

LES Pays-Bas étaient sous la domination espagnole, quand le despotisme de Philippe II et de ses agens y opéra un déchirement politique. Les sept provinces confédérées avaient ouvert leur sein à toutes les innovations religieuses du 16°. siècle; et l'erreur y fit de tels progrès, que sur une population de dix-huit cent mille ames, environ trois cent mille seulement restèrent fidèles à l'Eglise catholique.

La conservation de leurs droits civils et religieux avait été formellement stipulée dans les premiers pactes des Provinces-Unies, et surtout dans celui d'Utrecht, en 1568. Ces capitulations furent observées comme celle de Limerik, en 1691, qui garantissait aux catholiques d'Irlande la jouissance de tous les droits, c'està-dire, qu'elles furent violées sans pudeur, et qu'aux promesses les plus solennelles, succédèrent des persécutions atroces. Dans les actes des Etats de Hollande et West frise, on trouve une foule de placards, dirigés contre les partisans de l'ancienne religion (1).

(1) V. Histoire abrégée de l'Eglise métropolitaine

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