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écrit à ce sujet à Rome, d'où il attendait une réponse, qui, peut-être, n'est pas encore arrivée, car on sait les obstacles qu'y opposent les moines, l'entremise des généraux de leur ordre résidens en Italie.

par

Le mal s'accroît par la disparité de sentimens et par des divisions intestines dans le parti moliniste entre les prêtres séculiers et réguliers, dont un grand nombre sont étrangers; l'extinction probable du monachisme à une époque peu éloignée, commande d'aviser aux moyens de former un clergé national. D'ailleurs, les moines ne sont pas d'institution divine, mais bien, suivant le concile de Trente, les évêques, les prêtres et les diaeres.

Les maux de cette Eglise sont connus, ils dureront tant que le régime épiscopal n'y sera pas universellement rétabli, tant que la division y déchirera la robe sans couture de Jésus-Christ. Plusieurs tentatives ont été faites pour rapprocher les esprits. Leur insuccès doit-il décourager? Il ne s'agit pas ici de faire triompher un parti, mais de les éteindre et d'opérer leur fusion.

Ces divisions dans l'Eglise catholique sont toujours un sujet de douleur pour cette tendre mère, qui, dans le bercail de l'unité, voudrait réunir tous ses enfans. Si elle est attaquée dans un de ses membres, tous les autres souffrent (1). Ces

(1) Cori, 12, 26.

divisions froissent la charité, nourrissent les haines, servent de prétexte aux mauvais chrétiens pour négliger la pratique de leurs devoirs, font triompher les hérétiques, les incrédules, et fortifient leur éloignement de l'Eglise.

L'obligation solidaire qui astreint les diverses portions de la catholicité et les Eglises qui les composent, à s'aider réciproquement, appelle les regards sur l'Eglise de Hollande. Peut-on dire qu'on aime Dieu, quand on est tiède sur les intérêts de sa gloire? Aime-t-on son Eglise, quand on ne travaille pas à lui procurer la paix par des prières, des exhortations, et tous les moyens que la Providence met entre les mains? Fasse le Ciel que les catholiques bataves, tous réunis sous la houlette du successeur de SaintPierre, confondent leurs affections dans la charité de Jésus-Christ.

CHAPITRE XVIII.

Libertés des Eglises catholiques des îles britanniques.

L'HISTOIRE des nations chrétiennes n'offre aucun prince plus pieux que Alfred-le-Grand et saint Edouard, ni plus attachés qu'eux aux libertés ecclésiastiques et politiques de leur patrie. Cette grande charte, qu'ils vénèrent, est l'ou vrage de leurs ancêtres catholiques; les familles qui ont persévéré dans cette religion n'ont cessé de se montrer aussi attachées aux droits du peuple que leurs frères protestans. L'opiniâtreté avec laquelle ceux-ci et sur-tout les évêques refusent de partager à l'égal les avantages sociaux, est une injustice qui ne peut être inspirée que par la haine. Or, peuvent-ils concilier la haine et l'injustice avec leur croyance ?

L'Angleterre catholique, en défendant sa liberté politique, mit le même zèle à défendre ses libertés ecclésiastiques. Elle s'indigna de la lâcheté par laquelle Jean-Sans-Terre avait réduit son royaume à n'être plus qu'un fief du pape, dont lui et tous les Anglais devenaient vassaux. Déjà sous Edouard III on avait décrété le droit de conférer les pape n'avait pas évêchés britanniques, mais cette prohibition

que

le

fut une barrière impuissante, car l'Angleterre se vit inondée d'étrangers, d'Italiens sur-tout, qui, jouissant de riches bénéfices, pompaient le numéraire (1). Au concile de Lyon, en 1215, furent portées sur cet objet, et plusieurs autres, des plaintes amères contre la taxe du denier saint Pierre; les députés britanniques assurèrent que le pape levait annuellement, sur leur pays, plus de soixante mille marcs d'argent (2), et ces plaintes, renouvelées par Robert Grossetête, évêque de Lincoln, lui attirèrent des injures violentes de la part du pape Innocent IV, qui, dans l'im possibilité de les réfuter, traita l'évêque avec le dernier mépris. A ses yeux, Robert n'est qu'un vieillard délirant, surdus et absurdus. Le pape ajoute le roi d'Angleterre est notre vassal, et, pour dire plus, notre esclave, mancipium. Les cardinaux témoins de l'emportement du pape, s'offorcèrent de le calmer, en lui disant que l'évêque de Lincoln était un prélat catholique très-saint, et, ajoutent-ils, plus pieux, plus saint que nous (3). Si l'on en croit

:

(1) Les détails de cet abus, avec une liste de plusieurs autres usurpations romaines en Angleterre, ont été tirés des registres de la Tour de Londres, par le chevalier Cotton. V. son ouvrage, no. 120. C'était sous Edouard III, el cent soixante ans avant la réformation.

- (2) V. Mathai Paris, historia; in-fol. Parisiis, 1644; p. 450 et 451.

(3) Ibid. P. 583. V. aussi à la fin les additamenta, P. 130.

Noël Alexandre, copié par Marchetti, les faits ont été exagérés par Matthieu Paris, qu'ils traitent d'insigne calomniateur(1). Il se peut que l'historien anglais ait exagéré les griefs imputés à la cour romaine, mais pourrait-on en démontrer la fausseté? Walsingham, et les autres historiens du temps, attestent ces faits, et de concert, tous élèvent la voix pour préconiser les vertus et les talens de Robert Grossetête. Il manque à la littérature ecclésiastique une histoire bien faite de cet illustre pontife, qui, jus qu'à son dernier soupir, travailla pour la gloire de la religion et le bonheur de sa patrie. L'article 5 de la grande charte avait statué que l'Eglise d'Angleterre conserverait inviolablement ses libertés. L'évêque Robert, dans sa dernière maladie, et près d'expirer, recom mande encore à son clergé d'employer pour les maintenir même les censures ecclésiastiques (1).

Ge moyen était puissant, quand on en faisait un usage légitime, mais on l'avait énervé par un injuste et ridicule emploi. Sous Henri VII, le pape ayant excommunié quiconque achèterait de l'alun des Florentins, l'affaire fut référée aux douze juges, en plein parlement, qui, alors

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art. 2;

(1) V. Natalis Alexand. in sæcul. 13, cap. 1 et critique de l'histoire de Fleuri, par M. Marchetti; in-8°.· Venise, 1804; t. 1, 1. xI, p. 150 et 151.

(2) Math. Paris, ibid. p. 586.

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