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IV

LA POLITIQUE DANS L'AMÉRIQUE CATHOLIQUE

L'histoire des Républiques de l'Amérique du Sud justifie cette observation que fait Emile de Laveleye dans son intéressante étude sur l'Avenir des Peuples catholiques, parue en 1873:

<< Les protestants respectent la loi et l'autorité. Les catholiques ne pouvant ni fonder la liberté, ni s'en passer, rendent le despotisme nécessaire et ne se résignent pas à le subir. De là un ferment de rébellion toujours actif. »

Les partis apprennent difficilement à se contenter des solutions pacifiques résultant de la discussion. Chacun veut imposer sa solution par la force: de là la fréquence des guerres civiles, des révolutions et des crimes politiques.

Le catholique est naturellement intolérant : il croit avoir la vérité à lui tout seul. Compelle intrare.

Le catholique a appris à mépriser toute loi «< qui blesse sa conscience » ou à laquelle l'Eglise lui dit de ne pas obéir.

Il n'a aucun scrupule pour accomplir des actes que la législation déclare criminels: il lui suffira d'aller à confesse pour obtenir l'absolution.

Au lieu de raisonner, il agit par impulsions mystiques.

S'il se guérit de l'épilepsie sacrée qui, à certains

moments, le rend irresponsable, c'est grâce à la dose de rationalisme qu'il a absorbée et au libéralisme qui, venant des pays émancipés, l'imprègne plus ou moins, malgré les anathèmes de l'Église.

Le rôle prépondérant des généraux diminuera dans les Républiques de l'Amérique dite latine, au fur et à mesure des progrès de l'instruction.

La Révolution du Brésil, en 1889, fut une révolution militaire, dirigée par le maréchal Fonseca, qui devint le président de la nouvelle République. Son installation fut suivie de rivalités entre les officiers de l'armée et de la marine. Le maréchal Fonseca fut obligé de donner sa démission au bout de deux ans. Il fut remplacé par le général Peixoto. Il y eut révolte de la flotte, blocus de Rio de Janeiro, révolte du Rio Grande do Sul. Depuis 1894, la présidence a passé au docteur Prudente de Moraes, puis à M. Campos Salles. Le gouvernement se démilitarise en même temps que la nation se laïcise.

Les insurrections et les guerres n'ont cependant point encore pris fin partout.

Au Pérou, en octobre 1900, les soldats ont dispersé la foule en tuant une centaine d'hommes ; la guerre civile a déchiré le Venezuela jusqu'en juillet; dans l'Equateur, il y eut une tentative d'assassinat contre le président, le général Alfaro ; dans la République Argentine, en mars, des insurgés s'emparèrent de trois principales villes de l'Entre Rios, mais furent forcés de déposer les

armes quelques jours après; il est question d'une alliance entre le Pérou, la Bolivie et la République Argentine, pour attaquer le Chili; la guerre entre la Colombie et le Venezuela, qui couvait depuis plus d'un an, vient d'éclater (septembre 1901).

En cinq ans, de mai 1872 à avril 1877, quatre présidents de Républiques ont été assassinés: Balta, président du Pérou en 1872; celui de la Bolivie en 1873; Moreno, président de l'Equateur, en août 1875; celui du Pérou en 1877.

En 1900, dans le Guatemala, le chargé d'affaires allemand est attaqué, le 15 septembre, par deux hommes de la police secrète. A Salvador, le ministre de la guerre, Castro, en essayant de faire une insurrection, tue le colonel qui commande les casernes et est fusillé le 3 septembre.

Ce sont là de mauvais procédés : mais le Mexique s'en est guéri depuis 1876. Les autres s'en guériront au fur et à mesure des progrès de l'enseignement et des mœurs politiques.

M. Emile de Laveleye montrait, dans son étude sur l'Avenir des Peuples catholiques, qu'une des causes de la faiblesse des nations catholiques résultait de la nécessité où elles étaient de combattre sans cesse le parti clérical.

« Les forces consacrées à cette lutte sont des forces perdues pour le progrès, car même quand elles l'emportent, la victoire n'a d'autre résultat que de les empêcher de tomber sous le joug des évêques. »

CHAPITRE X

LA POLITIQUE CATHOLIQUE

EN ANGLETERRE

I. Question.-II. L'Irlande. — III. « No popery ». de 1829 et les congrégations.

I

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QUESTION

Les catholiques comptent dans le Royaume-Uni pour 12 p. 100, en Hollande pour 30 p. 100, en Suisse à peu près pour 10 p. 100.

Aux États-Unis, nous avons vu que la protection qu'ils avaient voulu donner aux Chevaliers du travail, avait tué ceux-ci.

Dans les pays scandinaves, ils n'augmentent pas. En Russie et en Pologne, ils sont absorbés. Quel rôle jouent les catholiques dans ces nations où ils sont en minorité?

II

L'IRLANDE

Si la Grande-Bretagne n'était pas liée à l'Irlande, les catholiques ne compteraient pas dans la politique anglaise; mais, grâce à l'Irlande, ils y tiennent une place complètement disproportionnée, comme l'a démontré sir Robert Giffen, avec l'importance de l'Irlande relativement à sa population et aux intérêts qu'elle représente.

Pitt avait cru que le véritable moyen de conciliation entre l'Irlande et l'Angleterre était la reconnaissance de l'égalité religieuse. Il avait pensé que des dispositions efficaces et complètes en faveur du clergé catholique seraient une garantie de fidélité. Pitt attachait une telle importance à cette réforme que, devant l'opposition du roi George III, il donna sa démission, le 8 février 1801.

La réforme de Pitt fut réalisée en 1829 par l'abrogation de l'Act of test, qui obligeait tous les fonctionnaires et les membres du Parlement à prêter serment contre la transsubstantiation, et diverses mesures connues sous le nom d'«< Emancipation des catholiques »; désormais les catholiques pourraient entrer au Parlement et remplir presque tous les postes civils et militaires.

L'Église protestante en Irlande restait largement. dotée. Cette œuvre fut complétée par la loi du

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