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CHAPITRE XII

LES CATHOLIQUES EN SUISSE

I. Le clergé. — II. Le « Sonderbund ». — III. Le Kulturkampf suisse. IV. Contradictions du parti catholique.

V. L'antisémitisme suisse.

Ι

LE CLERGÉ

La population de la Suisse est de 3 millions 312.000 habitants en 1900, tandis qu'elle n'était que de 2.917.000 habitants en 1888. C'est à peu près la population du département de la Seine répandue sur 41.000 kilomètres carrés, un peu moins de la dixième partie de la France. Il ne faut jamais oublier ces chiffres quand on parle de la Suisse.

Le recensement de 1850 donnait 1 million 417.700 protestants et 971.800 catholiques; celui de 1888, donnait 1.716.500 protestants et 1 million 183.800 catholiques. La proportion restait la

même; les premiers comptent pour 59 p. 100, et les seconds pour 40 p. 100. Les catholiques ne comptent pas moins de 6.000 prêtres réguliers et séculiers et de 5 évêques. Si Paris en avait proportionnellement le même nombre, il devrait avoir une armée de 12.000 prêtres et de 10 évêques.

Ces prêtres, ayant relativement peu de fidèles et beaucoup de loisirs, emploient les uns et les autres à faire de la politique. Il s'agit pour eux de conquérir la Suisse. Ils ont essayé en 1843.

II

LE <<< SONDERBUND >>>

Dans le canton d'Argovie, les radicaux eurent la majorité en 1840, et revisèrent la Constitution. Les cléricaux, selon leur principe que les lois «< qui blessent leur conscience sont nulles », se révoltèrent. L'émeute vaincue, les radicaux supprimèrent les quatre couvents d'hommes qui se trouvaient dans le canton. Le 7 septembre 1843, les sept cantons catholiques, Lucerne, Uri, Schwytz, Unterwald, Zoug, Fribourg et le Valais, formèrent l'union séparatiste connue sous le nom de Sonderbund (Confédération séparée), et posèrent aux autres cantons le dilemme habituel aux catholiques Ou la soumission ou la guerre. Ils réclamèrent, en février 1844, la réouverture des couvents.

Les jésuites étaient déjà installés dans le Valais,

à Fribourg et à Schwytz. Le canton de Lucerne fonda un collège à leur intention, et déclara la religion catholique religion d'Etat. Le Sonderbund constituait une fédération armée.

Considérant qu'elle était un danger pour la Confédération suisse, des corps francs s'organisèrent en Argovie, et à la fin de 1844 tentèrent de s'emparer de Lucerne.

Ces corps furent dissous; mais le 27 juillet 1847 la diète déclara le Sonderbund contraire au pacte fédéral; le 16 août, elle décida la revision de la Constitution; le 3 septembre, elle invita chaque canton à expulser les jésuites.

Le Sonderbund se croyait très fort parce qu'il avait l'appui des grands pouvoirs, sauf de l'Angleterre. Guizot et Metternich étaient d'accord pour le soutenir.

Les députés des cantons formant le Sonderbund quittèrent la diète le 29 octobre 1847; le 4 novembre, la diète ordonna que ses décisions seraient exécutées par contrainte.

Le Sonderbund avait une armée de trente mille hommes. C'était la guerre civile.

Le colonel Dufour était le chef des troupes fédérales le Sonderbund avait pris pour général un protestant, M. de Salis-Soglio. Le colonel Dufour conduisit les opérations avec rapidité, décision et humanité. En moins de trois semaines, du 11 au 29 novembre 1847, la guerre était finie, quoique Metternich eût envoyé au secours du Sonderbund le général Schwarzenberg avec des munitions et de

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Targent. Quand il s'agit du règlement définitif de

l'affaire, la révolution de 1848

France. Les gouvernements des grandes na
étaient beaucoup trop occupés de leurs
affaires, pour s'occuper de celles de la S

Suisses purent préparer et voter en
quillité la Constitution du 12 septer
tinée à empêcher la renaissance

deux tiers de la population, Adoptée par les trois quarts

des Jésuites dans un artig renforcé dans la Consti L'article 49 déclar

est inviolable; l'a exercice des cult

patibles avec L'article 54

L'ord

ne p

Su

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La déclaration de l'infaillibilité du pape en 1870 provoqua un assez fort mouvement dans certains cantons protestants. Ils obligèrent les curés catholiques à se faire élire par les paroissiens. Sur leur refus, ils appelèrent les vieux-catholiques qui, protestant contre le dogme de l'infaillibilité du pape, s'étaient constitués à Nuremberg sur l'initiative de quelques professeurs et prêtres, dont le plus connu est le chanoine Dollinger, qui fut excommunié. Ils célébraient le culte en langue vulgaire; ils avaient modernisé la liturgie; ils avaient aboli la confession et le célibat des prêtres. Les luttes étaient vives. Le Jura bernois expulsa tous les prêtres catholiques. Cet arrêté fut cassé comme inconstitutionnel. Mais M. Lachat, évêque de Bâle, fut déposé. Le Conseil fédéral expulsa M. Mermillod, qui avait été nommé vicaire apostolique par le pape sans son autorisation. Le nonce reçut ses passeports.

Les catholiques savent gagner du temps. Ils usèrent les vieux-catholiques. M. Mermillod finit par rentrer, en 1888, comme évêque de Lausanne et de Fribourg; mais il souleva de nouveau des difficultés. Il donna sa démission en 1891, et fut nommé cardinal.

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