Le service religieux catholique y est assuré par trois églises paroissiales: Sainte-Marguerite, SaintAmbroise et Saint-Joseph; chacune devrait donc recevoir le dimanche 79.000 personnes.

Si toute la population se répartissait entre les douze messes dominicales, il y aurait 6.583 personnes à chaque messe, dans chaque église la moitié serait condamnée à rester dans la rue. Il faudrait construire de nouvelles églises; mais le besoin ne s'en fait pas sentir.

J'ai compté les chaises des trois églises. SaintAmbroise, qui a des bancs, contient environ 1.500 places assises; Saint-Joseph et Sainte-Marguerite, de 800 à 900 chacune, ce qui ferait un total de 3.300. Mais je suppose 4.000. C'est donc une chaise pour 59 personnes. Mais il y a 12 messes le dimanche. 59 12 4,9. En chiffres ronds, les : = églises du XIe arrondissement contiennent donc 1 chaise pour 5 habitants.

Si la proportion des pratiquants du dimanche relativement au nombre des chaises était la même dans le XI' arrondissement que dans le quartier Saint-Vincent-de-Paul, les 4.000 chaises représenteraient exactement 3.000 personnes se rendant aux offices, soit 12 p. 1.000.

Ou autrement, tandis que Delaunay trouvait pour l'ensemble de Paris que 1 personne sur 22 allait à l'église le dimanche, dans le XI arrondissemen!, y en a 1 sur 79.

il

Ou autrement, d'après le calcul de Delaunay, sur 1.000 Parisiens, 966 n'assistent à aucun office;

d'après le même calcul, sur 1.000 habitants du XIe arrondissement, 988 ne vont pas à l'église le dimanche.

Ce chiffre est confirmé par l'observation directe. Le dimanche 25 août je me suis rendu, à l'heure de la grand'messe, dans les trois églises du XI arrondissement.

A Sainte-Marguerite j'ai compté, en chiffres ronds, 300 personnes; à Saint-Ambroise, environ 400; à Saint-Joseph 250. Soit 950 personnes. Faisons un chiffre rond de 1.000 personnes.

Mais on dit que le 25 août est un jour situé dans une mauvaise saison; je ne crois pas qu'il y ait beaucoup d'habitants du XI° arrondissement aux bains de mer et aux eaux; en tout cas, le nombre des absents se répartirait sur le nombre des indifférents comme sur le nombre des pratiquants; et comme il est beaucoup plus nombreux, c'est à lui qu'il faudrait en rapporter la plus grande proportion. Il faudrait faire le même calcul pour ceux qui, en beaucoup plus grand nombre, vont dans la banlieue le dimanche; et, parmi ceux-ci, combien y en a-t-il qui entendent la messe?... Mais je ne chicane pas.

J'ai compté pour les trois églises 950 personnes; doublons pour l'hiver; en chiffres ronds, c'est 2.000. Mettons, si vous voulez, pour les trois églises, le chiffre exagéré de 300 personnes pour chacune des onze messes basses, soit 3.300; nous obtenons donc un total de 5.300 personnes, 5.500 si vous voulez, et nous arrivons à ce résultat : 1 personne sur 43 va

aux offices du dimanche; ou, sur 1.000 personnes, 23 vont à l'église, et 977 n'y vont pas...

Tel est le chiffre de la clientèle catholique du XI arrondissement; et, comme on le verra, ce n'est pas un de ceux qui contiennent le plus grand nombre de libres penseurs résolus.

Mais quelle est la qualité de cette clientèle?

A Sainte-Marguerite, une communauté avait amené 80 petites filles; parmi le reste des assistants, il y avait un tiers d'enfants et on trouvait la même proportion à Saint-Ambroise, à Saint-Joseph.

Quant aux hommes adultes, j'ai compté en dehors des assistants professionnels, 24 hommes à Sainte-Marguerite, 50 hommes à Saint-Ambroise, 15 hommes à Saint-Joseph.

Les hommes ne représentent pas un dixième des pratiquants; et quelle est la valeur intellectuelle, la puissance d'action, l'influence de ces hommes ?

Quant aux enfants, qui sont pour la plupart des petites filles, leur présence à l'église n'est pas volontaire.

Voilà donc ce que représente la clientèle catholique à Paris, dans un arrondissement comptant 24.000 habitants de plus que Lille.

IV

LES ENTERREMENTS CIVILS

L'année 1900 a été célébrée avec enthousiasme par les nationalistes. Ils ont conquis la majorité au

conseil municipal. Cependant, si nous prenons le relevé des services funèbres, il ne prouve pas qu'il y ait un redoublement de ferveur catholique dans la population parisienne.

Sur 54.629 convois, il y en a eu 41.766 avec service religieux, et 12.863 sans cérémonie religieuse. Les cérémonies religieuses se répartissent entre 40.023 catholiques, 1.049 protestantes, 670 israélites et 24 diverses.

Les convois sans cérémonies religieuses comprennent 2.134 transports à l'extérieur, et 1.184 mort-nés. Nous les déduisons. Il reste 9.545 enterrements civils 1.

Sur 100 enterrements religieux, il y a donc 18 enterrements laïques si on en déduit les cultes protestant, israélite et divers, qui se montent à 1.743, il y a, sur 100 enterrements, 81 catholiques et 19 civils en chiffres ronds on peut dire que, sur 5 enterrements, il y a eu 4 catholiques et 1 civil. Voici les arrondissements où cette proportion est dépassée:

On voit que la proportion des enterrements civils s'élève de 20 p. 100, comme dans le III, le IV et le XI arrondissement, jusqu'à 36 p. 100 dans le XX, relativement aux enterrements catholiques. Dans ce dernier arrondissement, les enterrements civils comptent pour plus d'un tiers.

L'année 1900 est-elle exceptionnelle? Non, car voici les chiffres des années précédentes :

Les personnes qui croient que le nombre des enterrements civils diminue sont victimes d'une illusion.

Ily a vingt-cinq ans, quand la politique de l'Ordre. moral voulait supprimer «< les enfouissements civils », on en parlait. Maintenant, ils sont tellement entrés dans nos mœurs qu'on n'y fait plus

attention.

Quand l'abbé Garnier assurait le pape qu'il lui donnerait Paris, il se rendait coupable d'un délit que l'article 405 du Code pénal définit : « Mancuvres pour persuader d'un crédit imaginaire ». Les chiffres que nous venons d'indiquer prouvent la profonde séparation qu'il y a entre l'Eglise et les mœurs des Parisiens. Aucun effort ne peut rétablir l'accord. La messe leur paraît quelquefois suppor