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la ronde autour des légitimistes qu'ils avaient laissés sur le carreau dans cette lutte de trois contre un.

Etait-ce là, je le demande, une législature digne de nos respects, de nos hommages, de notre dévoûment?...

Il fallait en finir avec toutes ces farces constitutionnelles et renvoyer à leurs affaires, à leurs intrigues privées, tous ces brouillons politiques si déconsidérés déjà aux yeux du peuple par ces 25 francs qui les préoccupaient plus que les intérêts de ce même peuple, et qu'ils regrettent certes bien plus encore aujourd'hui que l'outrage fait, le 2 décembre, à la vertu de cette constitution dont ils s'étaient proclamés les don Quichotte; mais pour laquelle un seul de ces valeureux chevaliers est mort, tant ils étaient peu convaincus sans doute et peu sous le charme de sa vertu et de son inviolabilité! .

J'entends à ces paroles retentir les anathèmes de tous nos fiers républicains à 25 francs par jour, de tous ceux qui dans quelques mois aspiraient à leur survivance sybaritique.

J'entends les exclamations de ces docteurs d'estaminet qui n'aiment que la liberté qui mène à la licence et à l'anarchie.

J'entends tous ces cancaniers de salon pour qui la politique est un passe-temps, un sujet de petites intrigues, plutôt qu'une préoccupation sérieuse des intérêts publiques.

J'entends, en un mot, tout ce que ma manière un peu cavalière de m'exprimer à l'égard de la milice représentative va provoquer de colère ou de risible, mais peu m'importe, je fais ici de l'histoire et de l'appréciation vraie au profit de mon pays, qui ne pouvait rester soumis plus longtemps à toutes les terribles éventualités que lui ménageaient nos 750 dictateurs.

Je ne connus jamais, Dieu merci, l'hypocrisie politique, et certes si j'eusse été appelé à l'honneur de figurer au nombre des constituants de 1848, je ne me serais jamais laissé arracher de la poitrine un cri, une acclamation contraire à mes convictions, ainsi que le firent, par peur, sur le péristyle du palais Bourbon, la plupart de nos 900 républicains du lendemain, sur l'injonction de quelques centaines de voyous avinés.

Les conséquences de concessions de ce genre ne peuvent inspirer que mépris et nulle considération aux yeux mêmes des masses, chez qui le bon sens sait toujours faire justice des palinodies comme des coquetteries de faux aloi qu'on leur fait.

N'ayant point acclamé la république, encore moins accepté ses faveurs, je me crois quelque droit de rire de la déconfiture de son parlement, comme je m'étais conquis le droit de conspirer contre l'usurpation de Louis-Philippe, que je ne reconnus jamais, et de rire aussi de sa déroute.

Ceci dit à haute et intelligible voix, j'entre dans l'historique de cette révolution militaire du 2 décembre

1851, à mes yeux tout aussi légale et surtout moins dangereuse pour la société que celle de 1830 et celle de 1848, qui fut la conséquence inévitable de la première.

LIVRE DEUXIÈME.

Origine de mes rapports personnels avec le prince Louis-Napoléon.

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Lettre inédite du Prince; son tact et sa portée. - Ma première entrevue à Thoun, le 21 septembre 1836. Son importance historique; capacité, intelligence et sentiments qui s'y déroulent. - Avenir qu'ils présageaient.- Deux systèmes politiques en présence. Franche et loyale discussion. dences et révélations qui s'ensuivent.

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Confi

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Conjuration de Stras

bourg; ses causes, ses moyens et son but.

CHAPITRE VII.

Je crois devoir expliquer l'origine et les principaux épisodes de mes rapports avec le prince Louis-Napoléon. On en appréciera l'importance, aussi bien que les curieux mystères; l'histoire pourrait bien y glaner quelque chose, y découvrir le mot de plus d'une énigme.

Je réclame donc toute l'attention de mes lecteurs sur des faits que, pour la première fois, je révèle au public,

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