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plus encore que dans celui d'une ambition dont on l'accusait dans le Parlement.

Toutes ses mesures prises, arrêtées dans leur ensemble comme dans leurs détails, le Prince attendit de pied ferme.

DEUXIÈME PARTIE.

LIVRE CINQUIÈME.

RÉVOLUTION MILITAIRE

DU 2 DÉCEMBRE.

Illusions de la majorité parlementaire sur sa puissance et sa popularité. — Mes entretiens à ce sujet. — Interpellations du général Riposte du général Saint-Arnaud. Exclamations de Aplatissement du Parlement.

Bedeau.

la Montagne. pouvoir exécutif. alerte.

Triomphe du Urgence du coup d'État. Une fausse

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CHAPITRE XI.

Telle était néanmoins l'illusion de la majorité sur sa puissance et sa popularité, que c'était à qui taxerait d'extravagance toute tentative d'un dix-huit Brumaire. Que de fois, dans mes entretiens avec bon nombre des personnages importants de cette majorité, n'ai-je pas cherché à leur arracher le bandeau qu'ils persis

taient à vouloir conserver pour ne pas voir la vérité de leur situation politique!...

- << Il y a quelque chose de sacré, en France, pour le soldat, me répondit un jour le général ***, l'un des chefs éminents de cette majorité, c'est sa consigne; or, il saura la remplir en nous protégeant, en se faisant même tuer pour nous.

- << Oui, sans doute, mon cher général, le soldat de service vous défendra contre l'attaque d'une émeute, fût-elle même soutenue par la garde nationale; mais ne comptez pas sur lui pour se battre contre des régiments qui marcheront contre l'Assemblée, qui a eu le tort irréparable de blesser profondément l'armée par des paroles grossières jetées du haut de sa tribune; l'armée ne les lui pardonnera jamais !...

« C'est donc encore une bien grande illusion, sinon une imprudence et une faute que la proposition des questeurs, qui n'aura d'autre résultat, à mon avis, que d'avoir jeté insolemment un défi que vous n'êtes point de taille à soutenir jusqu'au bout, parce que, je vous le répète, l'armée ne vous obéira pas. >>

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- « Nous aurons une majorité imposante, me ré · pondit le général ', pour cette proposition; et l'armée alors obéira aux chefs que lui désignera l'Assemblée!...

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« Je parie le contraire, mon cher général, et je

ne vous conseille pas d'en tenter l'expérience.

<«< Vous savez que je connais mieux que personne les sentiments du soldat, et j'affirme qu'ils ne vous sont nullement favorables!...

- « Nous enverrons à Vincennes le président de la république et tous ses adhérents, s'écriait un autre jour devant moi un chef de la Montagne, à la première velléité d'un coup d'Etat partant de l'Elysée !...

<< Prenez garde d'y aller vous-même avant lui, répondis-je ; et vingt jours après il expiait sa présomption à Mazas! >>

Mais pendant que montagnards, légitimistes et orléanistes se drapaient ainsi dans leur importance chimérique, la plupart des chefs de corps faisaient arracher de leurs quartiers respectifs les consignes de de la Constituante concernant les réquisitions directes du président de l'assemblée nationale. Cette initiative énergique, hardie même, de quelques généraux et colonels, faillit provoquer un éclat révolutionnaire dans l'Assemblée, lorsque, à une interpellation du général Bedeau au ministre de la guerre, le général de Saint-Arnaud riposta carrément «< que cette consigne << étant, depuis longtemps tombée en désuétude, il << avait donné l'ordre de l'enlever partout, pour que jamais un doute, une hésitation n'en pût résulter << pour un soldat dans l'accomplissement de son devoir « militaire !....... >>>

A ces paroles retentirent, sur les bancs de la Montagne, de violentes exclamations, des menaces même de mise en accusation immédiate du général SaintArnaud furent proférées; l'Assemblée recula, mais la guerre était déclarée.

Le ministre de la guerre descend de la tribune et

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