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ferme, sage et loyale tenue par le baron de Vincent dans les temps difficiles

- où il a rempli les fonctions de gouverneur général; honorer et protéger votre

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« religion; entourer la noblesse de l'éclat dû à son ancienneté et à son mérite; encourager l'agriculture, le commerce et tous les genres d'industrie : tels sont

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« mes devoirs les plus doux et les soins qui m'occuperont sans cesse. Heureux si, en multipliant mes titres à votre estime, je parviens à préparer et à faci« liter l'union qui doit fixer notre sort et qui me permettra de vous confondre dans un même amour avec ces peuples que la nature elle-même semble avoir "destinés à former avec ceux de la Belgique un État puissant et prospère ! "

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Tandis que le congrès de Vienne jetait les bases du nouveau système politique de l'Europe, Napoléon, que l'on croyait résigné à sa fortune, quitte tout à coup l'île d'Elbe et débarque sur la plage de Cannes, avec quelques-uns de ses vieux compagnons d'armes (1er mars 1815); il avance à marches forcées, au milieu des populations et des soldats qu'il fascine avec le prestige de son nom, du drapeau tricolore et de ses proclamations. Cet événement est un coup de foudre pour la maison de Bourbon, encore mal affermie. Délaissé par l'armée, Louis XVIII quitte Paris pour aller attendre à Gand le dénoûment de la conspiration militaire qui vient de le précipiter du trône. Le soir du 20 mars, Napoléon rentre au palais des Tuileries, sans avoir brûlé une amorce.

Au milieu de la confusion causée par ce retour merveilleux, le prince d'Orange mit la couronne royale sur sa tête. Tous les arrangements relatifs à l'érection et aux limites de son royaume avaient été arrêtés à Vienne à la fin du mois précédent; le prince lui-même en avait donné communication à Bruxelles, et aussitôt le drapeau orange y avait été arboré au faîte de la tour de Saint-Michel.

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Le 16 mars, une proclamation annonça aux habitants des Pays-Bas l'avènement au trône du descendant des stathouders. « C'est lorsque de nouvelles difficultés semblent se présenter dans le lointain, leur disait Guillaume Ier; c'est au moment où renaît pour tant de peuples le triste souvenir d'une domination étrangère, qu'il devient plus urgent de constituer l'État, dont la politique de l'Europe entière a considéré l'existence comme nécessaire à la tranquillité et à la sûreté générales. Animé par les suffrages des plus puissants souverains, nous confiant en cette noble passion pour la liberté civile et l'indépendance, qui de tout temps a caractérisé les Belges; plus fort encore des preuves multipliées d'attachement que nous recevons de toutes parts, nous prenons aujourd'hui le sceptre en main, dans l'unique but de faire servir notre gouvernement au bien-être de tous ceux qui s'y sont soumis, et de leur ← assurer la jouissance tranquille de tous les biens de la concorde et de la paix. Et, comme nous voulons que le nom même du nouvel État offre un premier gage de l'union intime et fraternelle qui doit régner entre tous nos sujets, "nous avons jugé à propos de déclarer, comme nous déclarons par les présentes,

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que tous les pays y appartenant forment dès à présent le royaume des Pays

Bas, pour être ainsi possédés par nous et nos légitimes successeurs, d'après le droit de primogéniture, et que nous prenons pour nous-même, et pour les

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princes qui monteront après nous sur ce trône, la dignité royale et le titre de roi, en ajoutant cependant à ce dernier celui de duc de Luxembourg, à « cause des relations particulières que cette province est destinée à avoir avec l'Allemagne 1."

Pour garantir la sûreté du pays, occupé comme en 1706 par les troupes anglaises et hanovriennes, Guillaume Ier publia, le 20 avril, un arrêté-loi comminant les peines les plus sévères contre ceux qui jetteraient l'alarme dans le public ou qui se signaleraient, soit comme partisans, soit comme instruments d'une puissance étrangère 2. Deux jours après, il nomma la commission chargée de reviser la loi fondamentale des Provinces-Unies afin de l'approprier aux provinces belges.

En apprenant la brusque révolution qui venait de s'opérer en France, le congrès de Vienne avait déclaré Napoléon ennemi des peuples et l'avait mis au ban des nations. Bientôt tous les anciens confédérés eurent repris les armes. Leur dessein était de s'avancer de nouveau sur Paris. Mais ils furent prévenus par une attaque formidable dirigée contre le royaume des Pays-Bas : moins de trois mois, près de deux cent cinquante mille combattants avaient été mis sur pied en France; sur ce nombre, cent dix mille marchèrent vers

L'érection du royaume des Pays-Bas, avec l'adjonction du grand-duché de Luxembourg, fit l'objet du traité signé, le 31 mai, par les ministres des puissances, réunis à Vienne.

2 Quoique la majorité des Belges eût vu avec indifference la chute de Napoléon, la France avait encore à cette époque un certain nombre de partisans dans quelques-unes des provinces qui venaient d'être réunies à la Hollande. Une lettre datée de Liége le 28 mars et inserce au Moniteur français, était conçue en ces termes : La police de cette ville est si sévère qu'on n'ose pas dire un mot, et que chacun tremble d'être arrêté. Les journaux français sont devenus extrêmement rares. On a offert à un voiturier de France deux louis par chaq ie Moniteur qu'il rapporterait. Dans les estaminets, les marchands et le peuple ont un signe qui n'est connu que d'eux pour boire à la santé de l'empereur. Cette communication du Moniteur avait un but qu'il est certainement inutile d'expliquer au lecteur; aussi ne mérite-elle pas qu'on y attache une grande importance. Il nous semble plus intéressant de citer un témoin oculaire, tout en avertissant que lui aussi, quoique Anglais, était un adversaire trèsprononcé de lor 1 Castlereagh et du congrès de Vienne. ...Il y a, » disait-il, certaines parties du monde qui semblent destinées à être toujours le théâtre de la guerre : les querelles de l'Europe civilisée se sont depuis longtemps décidées en Saxe, dans les parties septentrionales de l'Italie ou dans les Pays-Bas. Mais cette connaissance ne fait pas sentir aux Flamands la nécessité, du moins apparente pour le présent, de réclamer cette fatale préference. Ils ont joui pendant plusieurs années de la protection des Français, et, malgré les réquisitions qui ont été faites sur leurs richesses et sur leur population, la fertilité de leurs champs, que l'on regarde comme le jardin de l'Europe, leurs nombreux troupeaux de toute espèce, leurs villages et leurs fermes si rap prochés les uns des autres, sont des témoins certains de l'inviolabilité dont ils se sont fait gloire. L'année dernière, ils ont trèspeu souffert de la retraite ou de l'invasion des armées, et la génération actuelle ne voit qu'avec un sentiment d'horreur les approches d'une querelle qui doit, pour la première fois, à ses yeux, faire de son pays le théâtre de la guerre. L'occupation de la Belgique par la France était regardée comme une suite inévitable et prochaine du retour de Napoléon : le jour de son arrivée à Bruxelles était fixé. On disait aussi que l'armée française et le peuple le demandaient, et que tel était le vœu des Belges eux-mêmes. Les troupes anglaises et hanovriennes, assemblées à la háte sur les frontières, s'attendent tous les jours à voir avancer les Français; et, dans le voyage que j'ai fait il y a quelques jours à Courtrai, à Tournai et à Ath, j'ai trouvé que les préparatifs militaires correspondaient à cette attente: les villes étaient mises en état de résister à un coup de main; les ponts étaient rompus, les écluses prêtes à porter partout l'inondation; un tiers des garnisons était chaque nuit sous les armes, et l'on avait donné des ordres pour faire la retraite sur Audenarde. A Bruxelles, il y a quinze jours que les marchandises anglaises s'achetaient à peine le quart de leur valeur, tant on paraissait certain du comme cement prochain des hostilités et de la soumission de la Belgique. Je crois que nos autorités civiles et militaires s'attendent à une prochaine attaque. — Les Belges voient donc qu'ils sont la première proie pour laquelle on combattra, et je pense qu'ils désirent que ce combat finisse le plus tôt pos sible. Je mets hors de la question tout attachement de leur part à leur bon roi... Lorsqu'un roi est choisi pour et non par la nation, on peut croire que tout sujet de dissension est écarté, puisque, dans ce cas, son indifférence pour sa personne doit être unanime. Cependant, par un édit rendu hier, la milice nationale qui compose une grande partie de la population des Pays-Bas est appelée à combattre pour son roi, c'est-à-dire qu'on exige d'une nation entière le sacrifice de sa vie, de sa fortune, et les derniers efforts d'un patriotisme désespéré pour justifier et réaliser la volonté et le bon plaisir des diplomates de Vienne qui l'ont livrée, sans la consulter, pour agrandir un peuple voisin et odieux, et augmenter la puissance d'un Etat rival et beaucoup plus faible qu'elle. Lettres écrites pendant le dernier règne de Napoléon, par J. Hobhouse, et adressées à lord Byron, t. I. Lettre 1. Bruxelles, 8 avril 1815.

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la Belgique et, le 12 juin, l'empereur, impatient de connaître l'arrêt du destin, partit lui-même pour la frontière.

Le duc de Wellington avait établi son quartier général à Bruxelles : ses forces, qui se composaient de quatre-vingt mille Anglo-Hanovriens et Belges réunis, se trouvaient disséminées autour de Gand, de Genappe, de Grammont et d'Ath. Blücher, qui avait sous son commandement plus de cent mille soldats, se tenait à Namur; ses cantonnements, appuyés à la gauche des Anglais, occupaient les environs de Ham, de Ciney, de Charleroi et de Fleurus, rendez-vous général de ses troupes. Un bataillon détaché à Frasnes par la brigade placée à Genappe formait le seul point de liaison entre les deux armées. Trop faible pour les affronter à la fois, Napoléon résolut de les battre séparément et de les exterminer avant l'arrivée des Autrichiens et des Russes. Le 16 juin, en effet,

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il attaque Blücher à Ligny et lui fait subir un échec sanglant. Il détache aussitôt le maréchal Grouchy avec trente-trois mille hommes à la poursuite des Prussiens, tandis que lui-même, avec environ soixante et quinze mille combattants, se porte au-devant de Wellington. Celui-ci pouvait disposer en ce moment de cinquante-trois mille Anglo-Hanovriens, renforcés par dix-sept mille Hollandais ou Belges. La rencontre eut lieu dans les plaines de Waterloo; là s'engagea le 18 juin, à onze heures du matin, une action plus terrible et aussi décisive que les mémorables batailles de Pharsale et d'Actium. Pendant plusieurs heures, l'issue de la lutte semblait devoir être défavorable aux alliés, lorsque Blücher, après avoir trompé le maréchal Grouchy, amena en ligne trente mille soldats et détermina l'une des plus effroyables déroutes dont aient été témoins les temps modernes. Qui pourrait énumérer exactement les pertes essuyées de part et d'autre dans ces plaines funèbres où venait de succomber le premier empire? Plus de dix mille Anglais avaient donné leur sang pour la liberté de l'Europe et la gloire de leur patrie. Les Belges et les Hollandais

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