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ATTAQUE DE LA PORTE DE SCHAERBEEK PAR LES TROUPES HOLLANDAISES (23 septembre 1830).

CHAPITRE III.

RÉVOLUTION DE 1830.

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Depuis que le trône des Bourbons aînés s'était englouti dans l'abîme creusé par l'imprudent Charles X, et qu'une nouvelle dynastie, alors vraiment populaire, était sortie triomphante des barricades de Paris (juillet 1830), une agitation menaçante se manifestait dans les provinces méridionales des Pays-Bas.

Ce fut de Bruxelles que partit le signal d'un mouvement insurrectionnel qui s'étendit bientôt à la Belgique entière. Dans la soirée du 25 août, après une orageuse représentation de la Muette de Portici, le peuple saccagea les demeures des principaux agents de la domination hollandaise. Les désordres continuèrent les deux jours suivants. Le 28, après que les vieilles couleurs de Brabant eurent été arborées, les notables furent convo

TOME III.

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qués à l'hôtel de ville et une pétition adressée au roi pour demander la prompte convocation des états généraux. A ce moment, la majorité des Belges ne

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souhaitait encore que la séparation administrative des deux parties du royaume, avec le maintien de la maison de Nassau.

Guillaume Ier résolut de convoquer les députés à la Haye, mais en même temps il fit partir pour Bruxelles un corps de cinq à six mille hommes. Le

prince d'Orange et son frère Frédéric, qui les commandaient, établirent leur quartier général à Vilvorde. Le premier, confiant en son ancienne popularité,

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ENTRÉE DU PRINCE D'ORANGE A BRUXELLES (1 septembre 1830).

espéra dominer la crise par une démarche chevaleresque. Accompagné de six généraux ou aides de camp, sans autre escorte, il entra, le 1er septembre, dans la capitale par la porte de Laeken. Les rues étaient hérissées de barricades. La garde bourgeoise se montrait respectueuse, mais froide; le peuple avait

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parfois une attitude menaçante. Parvenu dans son palais, le prince eut plusieurs conférences avec les notables les plus influents et quelques membres des états généraux. On ne lui dissimula point que le désir le plus ardent de la Belgique était la séparation complète entre les provinces méridionales et les provinces septentrionales, sans autre point de contact que la dynastie régnante. L'héritier du trône promit de porter à son père l'expression de ce vou, et il quitta la ville, le 3 septembre, après avoir pris sur lui d'éloigner les troupes qui s'y trouvaient encore.

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A cette époque, presque toute la Belgique était insurgée. Toutefois Guillaume Ier paraissait disposé à la résistance. Il consentait, à la vérité, à soumettre aux délibérations des chambres les questions qui étaient déjà résolues de fait à Bruxelles à savoir, si l'expérience avait indiqué la nécessité de modifier les institutions du royaume; et si, dans ce cas, il convenait, dans l'intérêt du bien public, de changer ce qui était établi par des traités et par la loi fondamentale. Mais, en ouvrant à la Haye, le 13 septembre, la session extraordinaire des états généraux, le roi laissa entrevoir son opinion: « Je ne céderai jamais, dit-il, « à l'esprit de parti, et je ne consentirai jamais à des - mesures qui sacrifieraient le bien-être et les intérêts de la patrie aux passions et à la violence.

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Pendant que les représentants de la nation délibéraient à la Haye, le prince Frédéric essaya de reprendre Bruxelles. Repoussées à la porte de Flandre et à la porte de Laeken, les troupes hollandaises pénétrèrent, le 23 septembre, dans le haut de la ville par les portes de Schaerbeek et de Louvain, et, malgré la résistance des patriotes, occupèrent le Parc. Là, elles furent contenues par une poignée d'intrépides citoyens, qui, maitres des hôtels environnants ou embusqués derrière quelques barricades élevées à la hâte, enfermèrent leurs ennemis dans un cercle de feu. Le lendemain, après une nuit pleine d'angoisses pour les habitants, la lutte devint moins inégale : les combattants, qui n'étaient d'abord qu'au nombre de douze à quinze cents, avaient vu se grossir leurs rangs par les volontaires accourus des villes voisines et des campagnes. Vers huit heures du matin, le feu recommença sur toute la ligne et la bataille continua avec acharnement jusque dans la soirée, sans que les Hollanlandais fissent le moindre progrès. Ils ne surent même pas mettre à profit l'incroyable confiance des volontaires, lorsque ceux-ci, harassés, abandonnèrent de nouveau aux surprises possibles de leur ennemi un terrain qu'ils lui avaient si courageusement disputé pendant la journée. Le 25, don Juan Van Halen, ancien officier espagnol, mais Belge d'origine, ayant été investi du commandement en chef, les insurgés montrèrent plus d'ardeur encore et prirent sur certains points l'offensive. La journée du dimanche, 26, fut la plus meurtrière; jusque vers deux heures du matin, on entendit le bruit de la générale, du tocsin,

1 Les jours précédents quelques hommes intrépides étaient néanmoins parvenus à se faire écouter et à organiser la résistance. Citons: M. Pletinckx, créé, le 22 au soir, dans une réunion à l'hôtel de ville, commandant des forces mobiles et fait prisonnier dans la soirée du 25; le baron Fellner, qui resta au nombre des morts; Mellinet, général dans la jeune garde de Napoleon I pendant les cent jours; E. Grégoire, Palmaert, Kessels, Roussel, etc.

de la fusillade et, de temps en temps, le grondement du canon. Mais déjà le prince Frédéric, voyant l'inébranlable attitude de ses adversaires sans cesse accrus

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RETRAITE DES HUSSARDS HOLLANDAIS A LA PORTE DE FLANDRE (23 septembre 1830).

par de nouveaux combattants, préparait sa retraite. Lorsque, vers cinq heures du matin, quelques volontaires pénétrèrent dans le Parc, ils n'y trouvèrent plus personne l'armée royale était partie, se dirigeant en bon ordre vers Malines et Anvers. A sept heures, le bourdon de Sainte-Gudule annonça la déli

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