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vrance de Bruxelles. Six cents Belges avaient succombé pour l'indépendance de leur pays.

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DON JUAN VAN HALEN A L'HOTEL DE VILLE DE BRUXELLES (24 septembre 1830).

Au milieu même de la bataille, et en l'absence de toute autre autorité, un pouvoir révolutionnaire s'était organisé à Bruxelles, dans la matinée du 24 septembre, sous le nom de commission administrative: elle se composait du baron Emmanuel d'Hooghvorst, général de la garde bourgeoise; de Charles

Rogier, commandant de la compagnie de volontaires liégeois, venus au secours de Bruxelles, et de Jolly, ancien officier du génie '. Le 26 septembre, la commis

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sion révolutionnaire, ne doutant plus de la victoire, s'était définitivement constituée sous le nom de gouvernement provisoire, dont firent partie

Dans la soirée du 24. vers onze heures, M. Juan Van Halen reçut le billet suivant: La commission administrative invite

MM. E. d'Hooghvorst, Ch. Rogier, le comte Félix de Mérode, Alexandre Gendebien, Sylvain Van de Weyer, Jolly; J. Vanderlinden, comme trésorier; J. Nicolay et F. de Coppin, comme secrétaires. Le 28, il s'adjoignit M. de Potter, dont la popularité était alors sans égale. Le lendemain, la commission révolutionnaire, qui prit dès lors le titre de gouvernement provisoire de la Belgique, nomma dans son sein un comité central, chargé expressément du pouvoir exécutif. Ce comité fut composé de MM. de Potter, Ch. Rogier et Van de Weyer, auxquels M. Gendebien fut adjoint à son retour de Paris, où il était allé réclamer l'appui du cabinet du PalaisRoyal.

Toutes les provinces et toutes les villes, à l'exception des forteresses d'Anvers, de Maestricht et de Luxembourg, avaient adhéré spontanément à la révolution. Le gouvernement provisoire obéit à cette impulsion patriotique; un de ses premiers actes fut de convoquer un congrès national et de sanctionner hautement le divorce avec la Hollande (4 octobre). "Les provinces belges, disait le comité souverain, violemment détachées de la Hollande, constitueront un Etat indépendant'. "

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CH. ROGIER.

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" le colonel don Juan Van Halen à passer à l'hôtel de ville pour une affaire qui le concerne. Signés : Ch. Rogier et Vanderlinden d'Hooghvorst. Arrivé peu après à l'hôtel de ville, dont les antichambres étaient lugubres et désertes, M. Van Halen fut introduit dans le salon où, autour d'une table éclairée d'une chandelle, se trouvaient assis MM. d'Hooghvorst, Rogier et Jolly. -Nos volontaires ont besoin d'un chef, dit M. Rogier; vous allez vous mettre à leur tête : il faut prendre le Parc.-Messieurs, accordez-moi deux heures pour me décider et vous répondre. Pas même deux minutes, " répondit M. Rogier. M. Van Halen ne fit plus alors qu'une seule observation; elle était relative au sort de sa famille et donna lieu à M. d'Hooghvorst de faire une réponse empreinte de toute la noblesse et de la générosité de son caractère; enfin il accepta... Esquisses historiques de la révolution de la Belgique en 1830 (Bruxelles, 1830), p. 365.

Il faut citer textuellement cet acte, qui est la première assise de la Belgique indépendante :

LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE,

Considérant qu'il importe de fixer l'état futur de la Belgique,

Arrête :

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Art. 1er. Les provinces de la Belgique, violemment détachées de la Hollande, constitueront un État indépendant.

Art. 2. Le comité central s'occupera au plus tôt d'un projet de constitution.

Art. 3. Un congrès national, où seront représentés tous les intérêts des provinces, sera convoqué. Il examinera le projet de constitution belge, le modifiera en ce qu'il jugera convenable, et le rendra, comme constitution définitive, exécutoire dans toute la Belgique.

Bruxelles, le 4 octobre 1830.

Par ordonnance,

Le secrétaire,

J. VANDERLINDEN.

Les membres du comité central,

DE POTTER, CH. ROGIER, SYLVAIN VAN DE WEYER,

COMTE FELIX DE MERODE.

Il consacra ensuite, dans des décrets qui servirent de base à la constitution belge, les principes de l'union naguère conclue entre les catholiques et les libéraux. Tandis que le gouvernement provisoire commençait sa tâche laborieuse, les corps de volontaires, composés de l'élite de la jeunesse, continuaient une lutte héroïque contre les troupes royales. Vainqueurs à Waelhem et à Berchem, impatients de venger le brave Jenneval, l'auteur de la Brabançonne, ainsi que le noble et héroïque Frédéric de Mérode, blessé mortellement au champ d'honneur, ils refoulèrent les ennemis jusque sous les murs d'Anvers. Le 27 octobre, les habitants de cette ville, insurgés depuis la veille, s'étaient rendus maîtres de la porte Rouge et de la porte de Borgerhout; ils les ouvrirent à leurs compatriotes, qui se répandirent dans l'intérieur et obligèrent la garnison à se retirer dans la citadelle, où commandait le général Chassé. Dans la journée même, la métropole commerciale de la Belgique fut bombardée. En

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présence de cet immense désastre, le mouvement insurrectionnel se ralentit. Une expédition dirigée contre la Flandre zélandaise échoua; Maestricht, qu'on aurait dû enlever, et le Brabant septentrional, désireux de s'allier aux catho liques, restèrent sous la domination hollandaise.

Dès le commencement de novembre, une conférence, où siégeaient les représentants de la France, de l'Angleterre, de la Prusse, de l'Autriche et de la Russie, s'était réunie à Londres, à la demande du roi des Pays-Bas. Le 4, un acte fut signé, qui proposait aux deux pays une cessation d'hostilités en assignant à la Hollande, comme ligne de l'armistice, les limites qu'elle avait avant la réunion, c'est-à-dire avant le traité de Paris du 30 mai 1814. Le gouvernement provisoire adhéra, le 10 novembre, à cet armistice.

Le même jour, le congrès national de la Belgique ouvrit ses séances à Bruxelles. Les cloches de toutes les églises annoncèrent cette solennité; la garde civique et les troupes étaient sous les armes ; le peuple, confiant dans l'avenir, laissait éclater sa joie. Deux cents députés, élus directement par leurs conci

TOME III.

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toyens, sans aucune intervention du pouvoir exécutif ou de ses agents, s'étaient réunis au palais de la Nation. Les membres du gouvernement provisoire se rendirent au milieu d'eux. M. de Potter, en sa qualité de doyen d'âge, prononça un discours dans lequel il se plut à constater que la conquête de l'indépendance était le premier fruit, le résultat le plus désiré de la victoire remportée sur la domination étrangère. « Le peuple, " ajoutait-il, « l'a déclaré par notre organe. Interprète de ses vœux, le gouvernement provisoire vous a appelés, messieurs, vous les hommes choisis par la nation, pour constituer cette indépendance et la consolider à jamais.

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Le 18 novembre, l'assemblée proclama, à l'unanimité, l'indépendance du peuple belge '; elle décréta, le 22, que la forme du gouvernement serait la monarchie représentative et héréditaire, et, le 24, elle prononça l'exclusion perpétuelle des membres de la maison d'Orange-Nassau de tout pouvoir en Belgique. "

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Cependant les grandes puissances s'efforçaient d'éteindre le volcan qui s'était ouvert au sein de nos provinces. Par un nouveau protocole du 17 novembre, la suspension d'armes fut prolongée et prit un caractère illimité; seulement il avait été décidé qu'elle serait remplacée postérieurement par un armistice plus régulier. Le gouvernement provisoire et le roi Guillaume ratifièrent cet acte. Le 20 décembre, la conférence prononça la dissolution du royaume des PaysBas; mais elle s'arrogeait en même temps le droit d'intervenir pour régler les conditions définitives du partage. Elle était forcée, d'ailleurs, de reconnaître que l'amalgame parfait et complet que les puissances voulaient opérer entre la Belgique et la Hollande n'avait pas été obtenu; » en conséquence, elle déclarait qu'elle « concerterait les mesures les plus propres à combiner l'indépendance future de la Belgique avec les stipulations des traités, les intérêts et la sécurité des autres puissances, et la conservation de l'équilibre européen. » Le roi de Hollande protesta; le gouvernement belge ne souscrivit que conditionnellement. Faisant usage du droit qu'elle s'était attribué, la conférence arrêta, par les protocoles du 20 et du 27 janvier 1831, des bases de séparation entre les deux pays. La Belgique fut dépossédée du Luxembourg et de la rive gauche de l'Escaut. Alors le congrès, dans sa séance du 1er février, protesta à son tour contre les nouvelles décisions de la conférence, auxquelles Guillaume Ier accédait 2.

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Plus les difficultés se multipliaient au dehors, plus il devenait urgent de s'occuper de l'élection du chef de l'État. Le 31 janvier, la discussion s'était ouverte au congrès sur cette question vitale. Le 3 février, le duc de Nemours, qui avait pour compétiteur le fils du prince Eugène de Beauharnais, fut désigné

1 Cet acte était de la teneur suivante :

AU NOM DU PEUPLE BELGE!

Le congrés national de la Belgique,
Proclame l'indépendance du Peuple belge, sauf les relations du Luxembourg avec la Confédération germanique.
Bruxelles, le 18 novembre 1830.

Les secrétaires, membres du congrès national,

Le président du congrès national,

NOTHOMB. LIEDTS, LE VICOMTE VILAIN XIIII, FORGLUR.

SURLET DE CHOKIER.

Essai historique et politique sur la révolution belge, par Nothomb, chap. iv et v.

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