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Les autres corps prolongèrent provisoirement leur séjour en Belgique, à la demande du gouvernement de Léopold. Sans cette mesure, il eût été impossible de réorganiser l'armée nationale et de répondre de la sûreté du pays; car la Hollande, bien loin de désarmer, ordonnait une nouvelle levée de miliciens.

Le 25 septembre, les Français continuèrent leur mouvement rétrograde, et, le 30 du même mois, le territoire belge était entièrement évacué.

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RÉOR

LES VINGT-QUATRE ARTICLES.
ATTITUDE DE LA HOLLANDE. LE ROI GUILLAUME
MISSION INFRUCTUEUSE DU COMTE ORLOFF A LA HAYE.

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GANISATION DE L'ARMÉE NATIONALE.
REFUSE SON ADHÉSION AU TRAITÉ.
RATIFICATION DU TRAITÉ DES VINGT-QUATRE ARTICLES PAR L'AUTRICHE, LA PRUSSE ET LA
RUSSIE. ENLÈVEMENT DU GOUVERNEUR DU LUXEMBOURG BELGE.
DES REPRÉSENTANTS. LE GOUVERNEMENT SUBORDONNE TOUTES NÉGOCIATIONS NOUVELLES A
L'ÉVACUATION COMPLÈTE DU TERRITOIRE. MARIAGE DU ROI LEOPOLD AVEC LA PRINCESSE
LOUISE D'ORLÉANS.

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ADRESSE DE LA CHAMBRE

(8 septembre 1831-9 août 1832.)

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Le 8 septembre avait été fixé pour l'ouverture solennelle de la première session des chambres. En se rendant au palais de la Nation, le roi Léopold fut encore accueilli avec enthousiasme par le peuple, qui se pressait partout sur son passage; les applaudissements qui saluèrent son entrée au milieu des représentants ne furent ni moins sympathiques ni moins vifs.

Le résultat des élections avait été tout à fait rassurant pour l'affermissement de la nationalité belge. Un très-grand nombre d'anciens membres du congrès se retrouvaient dans les chambres législatives, et on distinguait parmi eux les hommes qui avaient tenu le

premier rang dans l'assemblée constituante'. Suivant la remarque du journal officiel, les choix des électeurs offraient la preuve la plus complète de l'attachement du pays au nouvel ordre de choses fondé par la révolution. Les partisans d'une restauration de la maison d'Orange avaient eu le dessous, de même que les partisans de la réunion à la France. La nation s'était inspirée des grandes traditions du congrès pour assurer l'indépendance de la Belgique.

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Le discours du roi respirait aussi un noble patriotisme. « Je suis heureux, disait-il, de me trouver, pour la seconde fois, au milieu des représentants de - la nation. Les preuves d'amour et de dévouement que le peuple belge n'a cessé de me donner, depuis le jour où j'ai mis le pied sur le sol de ma patrie adoptive, ont pénétré mon cœur du sentiment d'une vive reconnaissance. Cet élan spontané de tout un peuple, en m'inspirant un bien légitime orgueil, m'a fait comprendre toute l'étendue des devoirs qui me sont imposés. Je ne me dissimule aucune des nombreuses difficultés de ma position; mais, aidé de . vos lumières et de votre expérience, je saurai les surmonter. Lorsque les principes posés dans la constitution que j'ai juré d'observer auront reçu, par les projets de loi qui seront soumis à vos délibérations, le développement qu'ils attendent encore, le Belge jouira d'une plus grande somme de liberté qu'aucun autre peuple de l'Europe. » Le roi annonçait ensuite que des négociations venaient d'être ouvertes pour amener un arrangement définitif des différends de la Belgique avec la Hollande. « L'honneur, les intérêts du peuple belge y seront, " disait-il, défendus avec persévérance et dignité. Il rappelait que la neutralité de la Belgique, garantie par les cinq puissances, avait fait concevoir la possibilité d'apporter des modifications dans son système défensif; aussi des négociations auraient-elles lieu pour régler l'exécution des mesures qui se rattachaient à la démolition de quelques-unes des forteresses. Un hommage éclatant était rendu au généreux empressement avec lequel la France était intervenue récemment pour repousser une agression imprévue : La Belgique, confiante à l'excès dans les engagements contractés par la Hollande envers les cinq puissances et qu'elle-même avait souscrits, s'est vue tout à coup surprise par une armée dont les forces excédaient de beaucoup celles qu'elle avait à leur opposer... Si le courage individuel, si la bravoure qu'on n'a jamais contestée au soldat belge avaient pu suppléer au défaut d'organisation et d'ensemble qui s'est fait sentir dans notre jeune armée, nul doute (et vous en croirez mon témoignage), nul doute que nous n'eussions victorieusement repoussé une agression déloyale et contraire à tous les principes du droit des gens. La nation n'en sentira que plus vivement l'impérieuse nécessité des réformes déjà commencées et qui se poursuivent avec une activité - dont les résultats ne se feront point attendre."

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La reconstitution de l'armée nationale était devenue le principal objet de la

Sur cent deux representants et cinquante et un sénateurs, nombres fixes par le décret du congrès du 3 mars 1831, vingt et un constituants entrèrent au sénat et soixante-quinze à la chambre des representants. Du gouvernement représentatif en Belgique (1831-1848), par E. Vandenpeereboom (Bruxelles, 1856), t. 1, p. 84.

sollicitude du gouvernement. Un arrêté du 16 août avait confié le département de la guerre à M. Charles de Brouckere, alors aide de camp du roi et colonel d'artillerie. D'autres arrêtés mettaient le général Daine en non-activité, acceptaient la démission du général de Failly et instituaient une commission militaire chargée de procéder aux enquêtes sur la conduite tenue par des militaires de tout grade dans les événements récents 2. Non contente de cette mesure, la chambre des représentants résolut, le 23 septembre, d'ouvrir une enquête générale sur les causes et les auteurs des revers du mois d'août ; mais ce projet n'eut point de résultat 3.

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La veille, avait été promulguée la loi qui autorisait le roi à admettre au service de l'État tel nombre d'officiers étrangers qu'il jugerait utile ou nécessaire pour le bien du pays. Cette autorisation devait cesser à la paix, pour toute nouvelle admission. Le roi pouvait aussi employer des officiers étrangers qui, sans renoncer à leurs grades et prérogatives dans leur patrie, offriraient leurs services pour la durée de la guerre. La loi du 22 septembre était une mesure de salut public; mais quoique nécessaire, elle provoqua des mécontentements en Belgique, en même temps que la jalousie du parti tory en Angleterre ‘.

Le premier roi des Belges avait été solennellement reconnu par la France et l'Angleterre; il importait d'obtenir également la reconnaissance des autres puissances, et notamment de l'Autriche et de la Prusse. Le 21 août, le comte Duval de Beaulieu avait été chargé de notifier l'avénement de Léopold au roi de Prusse, au roi de Saxe et au duc régnant de Saxe-Cobourg-Gotha. Le 25, une mission analogue fut confiée au baron Vanderlinden d'Hooghvorst près des cours

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M. Th. Teichman, inspecteur general des ponts et chaussées, fut charge par interim du ministère de l'interieur. Au mois de novembre, M. de Theux de Meylandt le remplaça.

Le general Daine publia sa justification dans un Mémoire au roi sur les opérations de l'armée de la Meuse, depuis la reprise des hostilites jusqu'à sa dislocation.

3 Voir Du Gouvernement représentatif en Belgique, t. Ier, p. 109.— Il convient néanmoins de citer les énergiques paroles prononcées à la tribune de la chambre des représentants par un des membres de la commission (M. Blargnies) : « ... Pourquoi n'a-t-on pas égale les préparatifs de défense aux moyens d'invasion? La tâche la plus difficile n'a-t elle pas consiste à obtenir que notre armée fût organisée ou disposée de manière à assurer le singulier triomphe dont nous avons été témoins? - Que serait-il arrivé si nous nous étions présentés au combat dans une attitude digne de nous, et que, le succès couronnant nos efforts, nous fussions entrés dans les provinces hollandaises? Eut-il été possible alors d'arrêter la propagande révolutionnaire et d'éviter la guerre générale? Non, assurément non. Croyez-moi, messieurs, ces prévisions n'ont pas échappé à tout le monde. La est le mot de l'enigme de notre défaite : il fallait, à tout prix, éviter la guerre et trouver le moyen de ne pas tenir les promesses qui nous avaient été faites; on a organisé notre déroute, on a imaginé le drame cruel où le roi et nous nous avons figure comme victimes! - Telles sont, messieurs, les causes secretes, mais véritables, de nos desastres; comme membres de la commission que vous avez instituée, nous avons à les constater juridiquement et à rechercher si des Belges y ont donne la main. Cette tâche est grande et pénible...

Dans la séance de la chambre des lords du 29 octobre 1831, lord Londonderry demanda qu'il fut remis à la chambre copie de toutes les communications ayant eu lieu entre les gouvernements anglais, français et belge, relativement à l'emploi d'officiers français dans le dessein avoué d'organiser l'armée belge. - Nul gouvernement, " répondit le secrétaire d'Etat pour les affaires étrangères, n'a le droit d'empêcher un monarque independant de prendre à son service des officiers étrangers. C'est un usage presque universel: il est adopté en Russie et existe même en Hollande; car, certes, le duc de Saxe-Weimar n'est pas Hollandais... Le duc de Wellington soutint alors que la Belgique ne pouvait être Li un Etat indépendant, ni une puissance neutre, si elle avait des officiers français dans son armée. Quelques officiers étrangers ne sont rien, dit-il, dans des armée ‹ nombreuses comme celles de la Russie et de la Prusse; mais le cas est tout different: 400 officiers pour une armee de 20,000 a 30,000 hommes tout au plus comme celle de la Belgique !... D'ailleurs, l'armée belge n'a pas besoin d'officiers étrangers; il s'en trouve d'excellents et en nombre suffisant, qui sont nés dans le pays. En faisant ces observations, je n'ai qu'un but, c'est de faire que le roi Léopold soit quelque chose d'un peu mieux qu'un préfet français Lord Holland repondit que le roi Léopold n'était qu'en armistice avec la Hollande et qu'il avait le droit de chercher en France et partout ailleurs les moyens d'organiser et de discipliner son armée. La France, ajouta-t-il, aurait autant de droit à demander combien il se trouve d'Autrichiens et de Prussiens dans l'armée russe qui est en Pologne.

TOME III.

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d'Autriche, de Bavière et de Wurtemberg, de Hesse-Darmstadt et de Bade. Le comte Duval, arrivé à Berlin le 1er septembre, fut reçu le 3 par M. Ancillon, ministre pour les affaires étrangères. Cet homme d'État développa les raisons qui ne permettaient pas encore à Frédéric-Guillaume III de recevoir les lettres de créance de l'ambassadeur belge. Il y avait sans doute, dit-il en substance, reconnaissance implicite, même explicite du roi des Belges par les puissances réunies en la conférence; mais la réception de son envoyé, l'acte patent ne peut avoir lieu avant que tous les arrangements avec la Hollande soient terminés. Ce doit être le couronnement de l'œuvre de pacification. Il y a lieu de croire que c'est aussi la pensée de l'Autriche et que la Russie n'y mettra pas plus d'empressement. Au reste, par suite de l'existence à Berlin du choléra, la retraite du roi est un motif suffisant, un motif réel qui ne laisse pas même lieu à discussion. Le comte Duval essaya, mais en vain, de faire modifier cette résolution: elle était fermement arrêtée. Le prince de Metternich, premier ministre de l'empereur d'Autriche, ne tint pas un autre langage que celui de M. Ancillon. Il déclara, le 4 septembre, à l'envoyé belge qu'il entrerait en rapport avec lui pour toutes les affaires comme si la réception avait eu lieu; mais que cette formalité ne pourrait être remplie qu'après la paix avec la Hollande. Il savait, ajouta-t-il, que les cours de Berlin et de Saint-Pétersbourg agiraient de même et que cet exemple serait généralement suivi par les États de la Confédération. La reprise des négociations avec la conférence avait précédé la tentative faite auprès des cours de Berlin et de Vienne. Le gouvernement belge, qui s'était d'abord refusé à négocier avant que la Hollande eût formellement adhéré aux dix-huit articles, pensa avec raison que les événements malheureux du mois d'août lui prescrivaient une autre conduite. Il se rattacha fermement aux dixhuit articles et ne cessa den demander l'exécution, parce que, en deçà ou au delà, il n'entrevoyait que des stipulations bien plus onéreuses. Dès le 16 août, alors que les troupes ennemies venaient à peine d'évacuer le territoire belge, le cabinet de Bruxelles exprimait hautement le désir que le ministère anglais s'attachât à obtenir du roi de Hollande et l'évacuation de la citadelle d'Anvers et l'adoption pure et simple des dix-huit articles; il rappelait que c'était à ces conditions que le prince de Saxe-Cobourg avait accepté le trône de la Belgique et que l'Angleterre les avait garanties. Le 22 août, en envoyant à M. Van de Weyer des pleins pouvoirs pour convertir les préliminaires de paix en traité définitif, le ministre des affaires étrangères lui disait encore : « Vos pouvoirs ne vous permettent pas de négocier en dehors des dix-huit articles, entendus dans le sens qui leur a été donné par le congrès belge. »

Mais le roi Guillaume Ier, qui naguère avait déjà hautement refusé son adhé- · sion aux dix-huit articles, était bien moins disposé à l'accorder après une campagne qu'il regardait comme un triomphe. Le combat de Louvain, disaient des relations officielles, avait produit à la Haye des trépignements de joie. Tous les ambassadeurs et ministres étrangers, mème celui d'Angleterre, et le seul ministre de France excepté, avaient été avec empressement se faire inscrire chez la princesse d'Orange. On croyait, d'ailleurs, que l'armée française ne pou

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