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nité, même avec sympathie, dans la plupart des cours qui s'étaient jusqu'alors tenues sur la réserve.

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Dès le mois de mai 1832, le prince de Metternich avait engagé indirectement, mais dans les termes les plus bienveillants, le gouvernement belge « à refaire ce qui, lors du premier essai, n'avait point été accueilli. » Le 5 août, le comte de Lalaing remit à l'empereur d'Autriche, qui se trouvait alors à Baden, près de Vienne, la lettre de notification du roi des Belges. François Ier se montra très-amical. Il dit à l'ambassadeur qu'il allait répondre à la lettre du roi; que personne plus que lui ne formait des vœux pour le bonheur de ce monarque et de son peuple; et qu'il espérait que le moment n'était pas éloigné où la question belge serait terminée. En faisant allusion à la campagne malheureuse du mois d'août de l'année précédente, l'empereur trouva aussi des paroles flatteuses pour notre pays. Je ne conçois pas, » dit-il, « comment les Belges qui, dans mes armées, ont toujours été regardés comme les troupes les meilleures et les plus braves qu'ait jamais eues l'Autriche, se soient laissé battre par les Hollandais. " Le baron de Loë, accrédité comme ministre plénipotentiaire près la cour de Vienne, remit quelques jours après ses lettres de créance, et n'eut pas autant à se louer du langage de l'empereur et de son principal ministre. Reçu par le prince de Metternich, le 12 août, il insista, pour se conformer à ses instructions, sur l'irrévocable nécessité de l'évacuation complète et préalable du territoire belge avant toute négociation quelconque sur ceux des vingt-quatre articles qui en étaient susceptibles 1. Le prince répondit que cela était impossible, et que la Belgique devait accepter les dernières propositions de la conférence. L'envoyé objecta que le gouvernement, obligé de céder au sentiment national, avait la ferme et inébranlable résolution de ne traiter sur rien qu'après l'évacuation au moins d'Anvers. Le prince fit de nouveaux efforts pour combattre cette prétention. « Au surplus, ajouta-t-il, » la question belge ne nous intéresse que quant à l'influence qu'elle peut avoir sur la paix dont l'Europe jouit encore aujourd'hui, et, en ce qui concerne cette question, l'Autriche se range tout à fait du côté des puissances limitrophes de la Belgique. " Dans l'audience qu'il accorda le 19 au baron de Loë, l'empereur François, faisant encore allusion à une époque où l'Autriche possédait les anciens PaysBas catholiques, dit qu'il avait toujours eu beaucoup à se louer des Belges; que, du reste, il était charmé que ses États ne touchassent plus les frontières de France; que, pour le bonheur de ses sujets, il désirait éviter le contact des opinions de ce pays. Parlant ensuite des dernières propositions de la conférence, il émit l'opinion que le cabinet de Bruxelles devait les accepter.

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Les puissances allemandes étaient vivement contrariées de la résolution prise par ce cabinet de ne point se relâcher de ses prétentions avant l'évacuation du territoire. Elles craignaient aussi que la Belgique ne commençât les hostilités. De grandes préventions régnaient au delà du Rhin contre la révolution de septembre. On y supposait faussement que les Belges, méconnaissant

On a vu ci-dessus que la résolution du gouvernement national à cet égard ne se modifia que vers la fin du mois de septembre.

les bienfaits de l'indépendance nationale, tendaient à se réunir à la France 1. Le langage du roi de Prusse, quoique plus amical que celui de l'empereur François, laissait aussi percer de l'inquiétude et du mécontentement. Le 13 septembre, dans l'audience qu'il accorda, au château de Charlottenbourg, à M. le général de Mercx, envoyé extraordinaire du roi Léopold, Frédéric-Guillaume III dit que les puissances représentées à la conférence de Londres ayant reconnu le royaume de Belgique, celui-ci devait terminer ses différends avec la Hollande; que les deux pays devaient pouvoir subsister; que ce serait tromper l'attente des puissances représentées à Londres que de ne pas en finir de suite à l'amiable; que toute agression, de la part de l'une ou de l'autre partie, ne pourrait avoir lieu sans contrarier la volonté bien établie des puissances pour le maintien de la paix, et que, d'ailleurs, ces hostilités ne pourraient ètre tolérées cette fois-ci pas plus qu'elles ne l'avaient été l'année précédente.

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M. le vicomte Ch. Vilain XIIII avait été chargé de notifier l'avènement du roi Léopold à la Confédération suisse et aux cours d'Italie. Reçu, le 13 septembre, par le président de la Confédération, qui était entouré des députés de Berne, de Zurich, de Schaffhouse et de Lucerne, l'envoyé indiqua, en un langage simple et digne, le nouveau rôle qui venait d'ètre assigné à notre patrie. La Belgique, dit-il, « est aujourd'hui, comme la Suisse, constituée en État indépendant et neutre. Cette neutralité qui aidera à notre sécurité et à notre richesse, au développement de l'industrie et du commerce, aux progrès des sciences, des lettres et des arts, sera défendue par nous avec cette fermeté d'attitude dont la Confédération donne l'exemple et, s'il le fallait, avec ce courage dont les Suisses ont fourni tant de preuves. Quoique éloignés, nous nous unirons pour écarter la guerre des rives du Rhin, de la Meuse et de - l'Escaut, pour conserver le repos à nos foyers, théâtres éternels de toutes les querelles européennes. Et qui pourrait prévoir l'heureuse influence de cette neutralité armée sur les destinées futures de l'Europe? Qui pourra dire ce que la Suisse et la Belgique, ces clefs de l'Italie, de l'Allemagne et de la France, opposeront d'obstacles à l'ambition, à l'esprit de conquête, aux désirs - d'intervention ou de propagande; et si ces deux peuples, déterminés à défendre leurs frontières, n'affermiront pas la paix, cette paix si nécessaire au monde? Le président de la Confédération suisse répondit à cette remarquable partie du discours prononcé par le représentant de la Belgique libre : La Confédération, éclairée par une longue expérience, apprécie pleinement « les bienfaits de sa position neutre; elle y voit le gage de sa liberté et celui des rapports bienveillants qu'elle entretient avec tous les États de l'Europe.

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Ces mêmes principes qui l'ont guidée jusqu'ici, elle les observera avec plaisir envers une nation qui, comme elle, doit sa prospérité à l'industrie et qui

Un des envoyes écrivait de Lucerne, le 13 septembre 1832: - Dans toutes les villes de la Prusse rhénane que j'ai traversees, j'ai cherché à connaître l'esprit de la bourgeoisie à l'égard de la Belgique. Nous y sommes bien peu connus: partout on est convaincu que notre désir intime est d'ètre réunis à la France et que nous tendons à ce but par tous les moyens notre dermère ioi monétaire est un argument qu'ils font valoir à l'appui de leur opinion. "

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